EDF en crise financière : « On prend le risque d’un accident nucléaire très grave »
Les salariés d’EDF sont appelés à la grève ce jeudi, alors que l’entreprise, en grande difficulté financière, doit annoncer la fermeture anticipée de plusieurs centrales au fuel et au charbon. Comment en est-on arrivé là ? Combien cela va coûter à l’État actionnaire ? Quels sont les risques ? Thierry Gadault, auteur de EDF, la bombe à retardement, répond sur RMC.
Si l’on en croit le titre de son livre, c’est tout simplement « une bombe à retardement ». Thierry Gadault, rédacteur en chef du site d’informations Hexagones.fr et auteur de EDF, la bombe à retardement (édition First), était l’invité de Jean-Jacques Bourdin ce jeudi, alors qu’une nouvelle grève est prévue à EDF, la troisième en trois mois, à l’appel des syndicats CGT, CFE-CGC, CFDT et FO. Les syndicats appellent les salariés à se mobiliser pour la « pérennité » d’EDF, « du service public et des emplois », alors que l’entreprise doit annoncer ce jeudi lors du Comité centrale d’entreprise la fermeture anticipée de plusieurs centrales au fuel et au charbon.
« Le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy l’a dit lui-même en présentant les résultats de l’entreprise : la situation d’EDF est critique ». Si le chiffre d’affaires a progressé de 2,2 %, les bénéfices ont été divisés par trois, passant de 3,7 milliards en 2014 à 1,2 milliard.
« Pour comprendre pourquoi la situation est si compliquée aujourd’hui, il faut remonter aux années 2000 quand EDF a acheté des entreprises partout dans le monde, ils ont perdu un fric monstrueux, se sont surendettés, et aujourd’hui EDF n’a plus d’argent », explique Thierry Gadault.
« L’État s’assoit sur 1,8 milliard de dividendes »
A tel point que l’État, actionnaire principal de l’entreprise, doit renflouer les caisses à hauteur de 5 milliards d’euros, selon certaines sources, et se passer des dividendes qui lui sont dus. « Et pourtant l’État a besoin de beaucoup d’argent en ce moment, ses caisses sont vides, et ne pas toucher 1,8 milliard de dividendes qu’EDF devait lui verser, ça montre à quel point la situation est grave ».
Conséquence, EDF n’a plus les moyens d’investir, « alors que le groupe doit dépenser 51 milliards d’euros pour moderniser et augmenter la durée de vie de ses centrales nucléaires en France ». C’est pour cela que Thierry Gadault parle de « bombe à retardement ». « On prend le risque d’un accident très grave en prolongeant la durée de vie des centrales de 20 ans. Les centrales ont été construites pour durer 40 ans, et EDF veut les pousser jusqu’à leurs 60 ans ».
« On sait qu’il y a au moins une quinzaine de réacteurs nucléaires sur les 58 en France qui sont dans un très sale état : des fissures, des enceintes qui ne sont plus étanches… Un certain nombre de cas sont extrêmement inquiétants ».
« Les Français ne paient pas l’électricité à son juste prix »
Face à cette situation critique, EDF demande une nouvelle augmentation des tarifs. Une demande légitime, selon le journaliste d’Hexagones.fr. « Ça fait 30 ans que les Français ne paient pas l’électricité à son juste prix, rappelle-t-il. L’État a menti depuis 30 ans pour ne pas donner d’arguments aux anti-nucléaire et a refusé d’augmenter les prix de l’électricité pour nous faire croire que l’électricité nucléaire était à bas coût. Le fait de dire que grâce au nucléaire nous avons l’électricité la moins chère du monde, c’est un mensonge ».
Par Philippe Gril avec JJ. Bourdin
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