Économie : 30 banques « too big to fail » dans le collimateur
Faire sauter le système… On en rêve. Malheureusement, comme nous l’a enseigné le passé, le système ne meurt pas. Perfusé par nos économies il renaît plus avide et aveugle à chaque fois… A moins… que cette fois-ci nous ayons vraiment compris et que nous ne nous fassions plus avoir comme les fois précédentes ? On peut toujours rêver…
Ces 30 banques géantes qui peuvent faire «sauter» le système
LE SCAN ÉCO / CLASSEMENT – La planète finance est extrêmement nerveuse, et la crainte d’un krach bancaire se répand. L’occasion de rappeler quelles sont les 30 banques du monde jugées «systémiques», dont huit sont américaines, quatre sont britanniques et quatre sont françaises.
Le traumatisme post-crise de 2008 reste pregnant. À chaque grosse secousse sur Bourses mondiales, la peur de revivre un ouragan financier du type subprimes remonte à la surface. Or, depuis le début de l’année 2016, les marchés financiers sont extrêmement nerveux. «Surréaction», disent certains, «attention au krach» disent d’autres. Quoiqu’il en soit, plusieurs signaux économiques et financiers alarmants font monter la pression sur les risques.
Perspectives économiques mondiales moins bonnes que prévu, marché du pétrole devenu incontrôlable, secteur bancaire italien massacré sur fond de créances douteuses massives… À ce cocktail explosif, s’ajoute la souffrance des grandes banques, face à une situation inédite dans l’histoire économique et financière: l’extrême faiblesse -et chronique- des taux (ils sont parfois même négatifs!), qui pèse sur leur rentabilité, alors qu’en parallèle la réglementation bancaire se durcit. Exemple édifiant de la tourmente actuelle du secteur bancaire: le mastodonte allemand, Deutsche Bank, dont l’action a chuté de manière vertigineuse ces derniers jours, ne vaut plus que 14 euros (soit autant qu’en 1984), et a désormais 20% de probabilité de faire faillite dans les cinq ans.
» LE SCAN ÉCO – Pourquoi la planète finance craint une nouvelle crise
Les 30 «too big to fail»
La déroute de Deutsche Bank soulève une problématique essentielle, car le géant allemand fait partie de ces banques du monde qui sont «too big to fail». Car elles sont, par leur taille ou la nature de leurs activités, susceptibles de déstabiliser le monde: si l’une fait faillite, c’est tout le système financier qui «saute». Parmi elles… la Deutsche Bank donc, mais aussi, par exemple la banque italienne Unicredit, qui a perdu… 45% de sa valeur depuis le début de l’année!
Des banques «systémiques», il y en a 30 dans le monde. C’est le Financial Stability Board (né en 2009 lors du G20 de Londres post-crise financière de 2008) qui, tous les ans, actualise une liste de ces banques, regroupées sous l’acronyme «SIFI’s» pour «Systemically Important Financial Institutions». Huit sont américaines, quatre sont britanniques, quatre françaises, quatre chinoise, trois japonaises, deux suisses, une allemande, une italienne, une suédoise, une espagnole, une néerlandaise. Les voici.
Liste établie par le Financial Stability Board en novembre 2015
Banque | Niveau | Pays |
---|---|---|
HSBC | 4 | Royaume-Uni |
JP Morgan Chase | 4 | États-Unis |
Barclays | 3 | Royaume-Uni |
BNP Paribas | 3 | France |
Citigroup | 3 | États-Unis |
Deutsche Bank | 3 | Allemagne |
Bank of America | 2 | États-Unis |
Credit Suisse | 2 | Suisse |
Goldman Sachs | 2 | États-Unis |
Mitsubishi UFJ FG | 2 | Japon |
Morgan Stanley | 2 | États-Unis |
Agricultural Bank of China | 1 | Chine |
Bank of China | 1 | Chine |
Bank of New York Mellon | 1 | États-Unis |
China Construction Bank | 1 | Chine |
Groupe BPCE | 1 | France |
Groupe Crédit Agricole | 1 | France |
ICBC | 1 | Chine |
ING Bank | 1 | Pays-Bas |
Mizuho FG | 1 | Japon |
Nordea | 1 | Suède |
RBS | 1 | Royaume-Uni |
Santander | 1 | Espagne |
Société Générale | 1 | France |
Standard Chartered | 1 | Royaume-Uni |
State Street | 1 | États-Unis |
Sumitomo Mitsui FG | 1 | Japon |
UBS | 1 | Suisse |
Unicredit Group | 1 | Italie |
Wells Fargo | 1 | États-Unis |
Dans ce classement, plus le «niveau» (de 1 à 4) est élevé, plus le risque est important, et plus les contraintes de solvabilité exigées le sont aussi. NB: il existe un niveau 5, mais aucune banque n’y figure.
Le FSB publie depuis 2011 cette liste d’établissements financiers les plus gros et les plus complexes, précisément pour que les régulateurs les surveillent plus et mieux. Pour ces banques, le point positif de figurer parmi cette short list est qu’elles ont une sorte de garantie d’être sauvées, par les États ou par les Banques centrales par exemple, en cas de problème. Le point négatif, toujours pour elles, c’est qu’elles doivent être plus prudentes que celles qui n’en font pas partie: elles doivent par exemple présenter un ratio de fonds propres plus élevé que les autres. Or, dans le secteur bancaire comme dans tous les autres secteurs, être «prudent» signifie faire moins d’argent.
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