Vincent Bolloré contre Bastamag : Multinationale contre alternatif
Communiqué d’Attac en soutient au site d’info alternative Bastamag envoyé devant la justice pour avoir mis en lumière les affaires et les malversations financières du groupe de Vincent Bolloré.(Canal+ entre autres)
Il ne fait pas bon s’attaquer aux multinationales ! Pourtant l’enquête incriminée se base sur des documents officiels. Il va être très intéressant de voir la réaction des juges dans le contexte actuel.
Si nous étions déjà sous le régime du TAFTA, dans un cas similaire, n’importe quelle multinationale américaine pourrait porter plainte auprès d’un tribunal privé arguant que cette enquête étant diffamatoire elle est une atteinte aux droits de commercer librement…. Et obtiendrait probablement la condamnation de Bastamag – après l’avoir ruiné en procédures…
Ce jeudi 11 février s’est ouvert le procès en diffamation contre le site d’info indépendant Bastamag sur plainte de Vincent Bolloré. Après avoir normalisé Canal +, M. Bolloré veut étouffer le scandale… Bolloré en faisant taire Basta !, un site d’info qui dérange. Il devrait plutôt se méfier de la publicité : la société Socfin, épinglée par Basta ! au vu des enquêtes de terrain menées par plusieurs ONG sur l’accaparement de terres en Afrique, est aussi lourdement impliquée dans deux paradis fiscaux particulièrement nocifs, Liechtenstein et Luxembourg.
Sans lanceurs d’alerte, pas de progrès contre l’évasion fiscale. Les scandales HSBC, Crédit Suisse, UBS, LuxLeaks, Cahuzac n’ont été possibles que par la prise de risques d’individus courageux ou de médias indépendants comme Mediapart. Leurs révélations, tout comme les actions des faucheurs de chaises contre BNP Paribas et ses 171 filiales dans les paradis fiscaux, sont nécessaires pour forcer les pouvoirs publics à sortir de la passivité et des faux-semblants.
C’est pourquoi le procès en diffamation intenté par Vincent Bolloré à Basta ! est particulièrement odieux. L’article incriminé s’appuyait sur des rapports des Nations unies et d’organisations internationales pour éclairer le rôle des grandes entreprises françaises impliquées dans l’accaparement de terres en Afrique, en Amérique latine et en Asie. Il citait donc la Socfin, une holding luxembourgeoise dont Vincent Bolloré est actionnaire et qui gère des plantations d’hévéas et d’huile de palme en Afrique et en Asie.
Il se trouve justement que la Socfin est exemplaire des montages fiscaux tarabiscotés qui permettent aux grands groupes d’éviter le fisc. Outre de nombreuses filiales tropicales, Socfin possède 12 « filiales opérationnelles » européennes, toutes situées dans des paradis fiscaux (Luxembourg, Suisse, Belgique). Outre le groupe Bolloré lui-même (38 %), ses actionnaires principaux, opérant tous dans la galaxie Bolloré, sont immatriculés au Luxembourg (Afico) et au Liechtenstein (Geselfina et Towsun Finance).
Le milliardaire Vincent Bolloré cherche à étrangler un jeune site indépendant alors même que ses entreprises africaines sont accusées par les ONG de violer les droits humains et que son groupe possède de nombreuses connexions avec les paradis fiscaux. Attac apporte tout son soutien à Basta ! et demande sa relaxe ainsi que l’ouverture immédiate d’enquêtes officielles sur les agissements du groupe Bolloré en Afrique et dans les paradis fiscaux.