RSA contre bénévolat : Une vraie fausse bonne idée ?
Haut-Rhin : les élus conditionnent le versement du RSA à des heures de bénévolat
Discussion :
D’accord, ces 7 heures par semaines accordées à la communauté par le bénéficiaire du RSA sont à priori justifiables. Les arguments sont connus et largement exposés. J’entends d’ici les parents qui ont à la maison des enfants sans travail penchés à longueur de journée sur l’ordi et la manette de jeux…. Mais si l’on soulève la couverture, l’on se rend compte que les choses ne sont pas forcément ce qu’elles ont l’air d’être :
- Oser parler de « bénévolat » est une contre-vérité orwellienne : bene volare= le bon vouloir. Or il s’agit ni plus ni moins qu’un travail obligatoire et non bénévole puisque l’accord est obtenu par chantage !!
- Imposer un travail non rémunéré et non bénévole, est illégal, point. C’est la définition de l’esclavage.
- Deuxièmement, ce que feront ces gens, c’est autant qui ne sera pas à faire pour un salarié. Cela pourrait peut-être permettre aux mairies de se défaire d’un employé : Il suffit de 6 RSA faisant chacun sept heures par semaine.
- C’est pour l’État ou les organismes qui les emploieront le moyen de ne pas payer de charges sociales ?
- Qui assumera les déplacements et les repas ? Seront-ils à la charge des personnes alors qu’ils crèvent déjà de faim ?
- C’est implanter dans nos esprits déjà bien formatés par l’individualisme ambiant, pour ne pas dire égoïsme, que la solidarité n’est pas gratuite, qu’elle nécessite un retour. Messieurs Estrosi et Waukiez n’ont jamais de leur vie vécu avec 500€ par mois, sinon, ce sont des heures rémunérées qu’ils proposeraient ! L’enfer de la pauvreté ne fait pas partie des schémas enregistrés par leur cerveaux d’élite.
- Il y a des marginaux volontaires, des « profiteurs » comme dit Mme Michu, mais ils ne représentent qu’une frange des bénéficiaires du RSA. Les contrôles pas toujours légaux (1) se multiplient. La majorité est constituée le plus souvent par des expulsés du système, rejetés, amers, et plein de rancœur. Je crains que l’idée de créer du lien social par ce biais ne soit qu’une douce illusion… Ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’on est idiot ! Peut-on agir sainement au sein d’un groupe si on se sent exploité ?
Ce ne sera pas mis en place tout de suite, la gôche libérale est contre pour le moment (élections obligent). Par contre, si la droite reprend les manettes….
Défendu par des personnalités de droite comme Laurent Wauquiez il y a quelques années, le conditionnement du versement du RSA à des heures de bénévolat a été voté ce vendredi par le conseil départemental du Haut-Rhin.
Les 33 élus de la majorité (sur les 34 conseillers départementaux) ont voté à l’unanimité cette mesure, présentée comme une première en France. Pour toucher le Revenu de solidarité active, les bénéficiaires devront réaliser sept heures de bénévolat par semaine.
Ils «devront présenter tous les trois mois une attestation prouvant qu’ils auront bien effectué ces heures, sinon on suspendra le versement de leurs allocations»,
a expliqué Eric Straumann, député LR et président du département. «Il ne s’agit surtout pas de stigmatiser les bénéficiaires. On espère plutôt mettre le pied à l’étrier aux gens, pour qu’ils se resocialisent et sortent de l’isolement.»
Une plate-forme numérique sera créée pour mettre en relation les profils des allocataires avec les besoins des associations, maisons de retraite ou autres établissements publics. «Sept heures par semaine, ce n’est pas énorme, a commenté Eric Straumann. Je suis sûr qu’on ne me manquera pas d’activités, il y a plein d’associations qui manquent de bras.»
D’autres départements également tentés
Les conseils départementaux, a souligné l’élu, ont en charge le versement du RSA mais n’en fixent ni le montant, ni les modalités d’attribution. «Pour nous, le RSA, c’est 20 000 personnes et 100 millions d’euros en 2016, compensés à 50% seulement par l’Etat».
Interrogé sur la légalité de la mesure votée vendredi, Eric Straumann a souligné que «si le préfet attaque cette décision devant le tribunal administratif, on verra bien. Mais je déposerai une QPC» pour demander si le dispositif actuel du RSA n’est pas en contradiction avec l’article 72 de la Constitution, «qui stipule la libre administration des collectivités locales».
En outre, a relevé le président de la collectivité, «on va peut-être détecter un certain nombre de bénéficiaires qui seront en incapacité d’effectuer une activité bénévole. Dans ce cas, ils relèvent de l’invalidité, qui est prise en charge par la Sécu, et pas du RSA. Cela pourrait être des pistes d’économies immédiates» pour le département.
Selon Eric Straumann, «plusieurs collègues» de droite, présidents d’autres départements, lui ont fait part de leur intérêt pour son initiative. C’est le cas notamment dans la Drôme, où le député et président du conseil départemental Patrick Labaune avait présenté un dispositif comparable en septembre dernier.
(1) http://forum.doctissimo.fr/viepratique/administration/concubinage-union-libre-sujet_23757_1.htm