De « Vive les crises » à « Vive les attentats »

Vous connaissez notre paradoxe favori , il se formule «  Vive les crises ». Plus les responsables échouent dans la conduite des affaires, plus la Bourse monte. Encore cette semaine, la Bourse a monté fortement parce que Draghi a reconnu que cela allait mal et qu’il fallait augmenter les doses de médicaments.

Eh bien c’est la même chose en matière de cote politique, plus ils sont responsables de catastrophes, plus ils échouent dans leur mission de protéger les Français, plus leur popularité augmente !

L’important pour ce que l’on appelle l’Opinion n’est pas le réel, mais la gestion des évènements par le discours. Et cela est de plus en plus clair au fil du temps. Ce qui est « hard », les faits, comptent de moins en moins, le « soft », la parole prennent de plus en plus d’importance.

Le tout est de se montrer, de trouver les mots justes, les mots et les mimiques qui correspondent à ce que le public attend. Et ce que le public attend, on le sait, les publicitaires connaîsssent cela par cœur, ils font des études en profondeur sur ce sujet , et même des études fondamentales, radicales qui sont inspirées et vivifiées par les neurosciences. La Communication ne consiste pas à exposer une vérité ou des faits, elle consiste à concevoir et faire passer un message qui se définit de la façon suivante : « qu’est ce que je peux bien dire qui corresponde à ce qu’ils ont envie d’entendre et qui leur fera penser ce que je veux qu’ils pensent ».

Pareil phénomène en dit long sur le bon sens de la population, sur son état névrotique, sur ses pertes du sens de réalité ; sur sa conscience politique et encore plus long sur sa capacité à interpréter correctement ce qui se passe. Ce qui disparaît et on n’y prend pas garde, car c’est une conséquence de long terme, c’est la vraie, l’authentique capacité à s’adapter au monde. Et sans capacité d’adaptation, on devient dépendant des autres ou on disparaît. Ainsi s’explique le déclin du pays. Cela en dit long aussi sur l’art des Communicants qui ont le secret de retourner une chose en son contraire, de faire prendre des vessies pour des lanternes et de berner. Les Communicants sont les ennemis de la démocratie authentique car ils empêchent les sanctions de se former. La sélection des élites d’être plus efficace.

Nous l’avons dit il y a peu, le langage politique reprend exactement les ficelles, les canevas, les inversions du langage de la publicité. Métaphores, métonymies, inversions, les parties pour le tout, la négation de la logique des causes et des effets et son remplacement par la juxtaposition. Il s’agit de neutraliser l’intelligence, de favoriser l’émotionnel et bien sur, d’oblitérer le jugement pour faire passer, sous forme d ‘évidence, le message que l’on veut faire passer.

C’est un Système qui marche sur la tête , il finit par être un véritable gaspillage car l’Opinion devient une sorte d ‘auberge espagnole ou on retrouve que ce que l’on y met. Cette forme de démocratie directe au jour le jour que constituent les sondages ne nous sert plus à rien, elle aussi a été détruite.

La contrepartie de ces techniques est qu’elles ne signifient rien, elles donnent des résultats éphémères elles n’entrainent aucune adhésion profonde, utilisable pour gouverner. On ne peut rien construire dessus. C’est du sable, du vent. Mais cela élimine les personnels politiques et les élites attardées qui n’y recourent pas.  Les Michel Debré d’antan, les Chevènement, les Barre, les Asselineau, les Dupont-Aignant, les Cheminade… Les philosophes anars de droite ne comprennent pas pourquoi des gens comme BHL tiennent le haut du pavé alors que eux, sont vilipendés et honnis, c’est tout simplement parce que BHL, lui, a tout compris et eux rien.

Suite et fin : http://brunobertez.com/2015/11/21/de-vive-les-crises-a-vive-les-attentats/