Billet : Et pendant ce temps, le Codex alimentarius avance

Commentaire :
Cet article en est un d’opinion. Et bien qu’il contienne certains préjugés mainstream concernant l’alimentation, il décrit bien le sentiment général qu’on instille en nous : rien de naturel n’est bon pour la santé. En réalité, c’est le Codex Alimentarius qui va bon train.

Par Jean-Simon Gagné, journal Le Soleil
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Nous vivons une époque formidable, mais un brin angoissée, au cours de laquelle la question la plus redoutée n’est pas: «Croyez-vous à la vie après la vie?» Encore moins: «Avez-vous assassiné le colonel Moutarde, dans la salle à dîner, avec le gros chandelier en métal mou?»

Non, vraiment. De nos jours, la question qui tue se résume à quelques mots : «Qu’est-ce qu’on peut encore manger ce soir?»

Oubliez la charcuterie, que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de classer parmi les produits «cancérogènes». Oubliez le lait, parfois accusé d’augmenter le risque de cancer de la prostate. Oubliez aussi la friture, avec les acides gras saturés qui bouchent les artères.

Vous voulez finir la journée en ambulance, ou quoi?

Sale temps pour les carnivores, je vous dis. Le boeuf contient souvent des traces d’hormones. Le poulet et le porc reçoivent de petites doses d’antibiotiques, qui favorisent peut-être l’apparition de super bactéries.

Un peu de poisson? Pas si vite, malheureux que vous êtes! Vous devez éviter le thon et l’espadon, qui peuvent contenir du mercure.

À la blague, on raconte que le saumon d’élevage norvégien contient tellement de métaux lourds qu’on se demande comment la pauvre bête réussit à flotter.

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Je vois des végétariens qui sourient. Ils ont tort.

Les plantes aussi nous rendent paranos.

De quoi donner raison à l’écrivain Whitney Brown lorsqu’il disait : «Je ne suis pas végétarien parce que j’aime les animaux. Je suis végétarien parce que je déteste les plantes.»

Ai-je entendu quelqu’un proposer une salade?

Vous voulez rire? La salade est souvent citée parmi les fruits et les légumes qui contiennent le plus de pesticides, aux côtés des épinards, des poivrons, des fraises et des céleris.

C’est pas ma faute si, pour chaque étude rassurante, vous en trouvez 100 qui font peur. En France, l’étude la plus récente dénonce l’omniprésence des pesticides dans les pommes. Aux États-Unis, des chercheurs s’intéressent au lien possible entre le jus de citron et le cancer de la peau. Et même les produits bio ne sont pas toujours aussi bio que ça.

D’accord. Mais il faut bien grignoter quelque chose. Du brocoli, peut-être, pour faire plaisir à maman?

Hélas, le brocoli lui-même n’est plus au-dessus de tout soupçon. Ne dites rien. Je devine votre indignation. Aussi navrant que d’apercevoir Batman voler les économies d’une pauvre mémé, avant de la jeter dans les orties.

Après cela, on s’ennuie presque des légumes du bon vieux temps, même si on avait tendance à les faire bouillir si longtemps qu’ils pouvaient être mastiqués par des invités ayant oublié leur dentier.

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Si la tendance se maintient, nous serons bientôt contents qu’une mouche vienne se noyer dans notre potage de légumes. Au milieu des contaminants, cette petite touche santé sera forcément la bienvenue.

J’exagère un peu. Mais cela ne doit pas vous empêcher de dire adieu aux aliments transformés, qui renferment trop de sel, ce qui augmente les risques d’hypertension, de maladie cardiaque et d’une autre calamité que j’oublie, parce que je ne me sens plus très bien, tout à coup.

Ah oui, tant qu’à y être, renoncez aussi aux biscuits sucrés, à la margarine et à la crème glacée, qui contiennent de l’huile de palme. Pour cultiver cette huile maudite, on brûle des forêts, en Indonésie et en Malaisie. On détruit des écosystèmes.

Bande de sans-coeur, vous voulez vraiment avoir la disparition des orangs-outans sur la conscience?

Peu importe. Quand il s’agit de bouffe, tout le monde se transforme instantanément en spécialiste.

Quoi? Tu veux un bonbon? Misérable, que fais-tu des colorants artificiels?

Un verre de vin? C’est plein de sulfites!

Du yogourt grec? Jamais de la vie! La production génère d’importantes quantités de lactosérum, un résidu nocif pour l’environnement.

Et de grâce, ne te ronge pas les ongles, malgré la nervosité. Les ongles sont dangereux. Ils peuvent introduire des milliers de virus dans ta bouche. Tu veux te ruiner la santé, ou quoi?

La recette est pourtant simple, comme le résume la Française Anne Roumanoff. «Si on arrête de manger, […] on est certain de mourir en bonne santé

(Source : La Presse – Merci à Clara)

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