Attentats : 1ères réflexions sur les causes et conséquences
L’ancien chef du service de la DGSE :« Nous sommes alliés avec ceux qui sponsorisent depuis trente ans le phénomène djihadiste »
Pour Alain Chouet, ancien chef du service de renseignements de sécurité à la DGSE, la « guerre de civilisation » et celle contre le « terrorisme » brandies par le gouvernement comme par l’opposition de droite constituent une imposture qui en masque une autre, celle de l’alliance militaire entre les pays occidentaux et les parrains financiers du djihad.
HD. Comment analysez-vous le profil de Yassin Salhi ? Correspondil à celui du « loup solitaire » ou à celui d’un terroriste agissant pour le compte d’une organisation structurée ?
ALAIN CHOUET. Il ne s’agit pas d’un loup solitaire mais plutôt d’un crétin solitaire! Les réactions médiatiques sont dans l’ensemble pathétiques. La presse a soutenu pendant trois jours que c’était un dangereux terroriste et j’ai refusé toute interview à ce sujet parce qu’il semblait bien qu’il s’agissait d’un acte personnel sans lien avec la mouvance terroriste. Ce type pète les plombs, tue son patron avant de tenter de rationaliser son acte comme le font tous les psychopathes et les sociopathes. Alors il hurle « Allahou Akbar », et il envoie une photo au seul copain qu’il connaît qui se trouve en Syrie, peut-être dans l’espoir que l ’« État islamique » revendique son acte.
HD. Est-il possible d’établir un lien entre la tuerie de Sousse et l’attentat commis au Koweït contre la minorité chiite ?
A. C. On a affaire à deux choses différentes. En Tunisie, on assiste à la poursuite de ce que je dénonce depuis un an et depuis la chute du parti islamiste Ennahdha: avant de quitter le pouvoir, ils ont organisé une réforme fiscale qui ruine la classe moyenne laïcisée, laquelle constitue le pire ennemi des Frères musulmans. Depuis, de nombreux attentats ont ensanglanté la Tunisie visant à tuer son économie, ruiner le secteur touristique, les syndicats, les associations, de façon à revenir au pouvoir. C’est la stratégie systématique des Frères musulmans. Au Koweït, l’attentat s’inscrit davantage dans le contexte de la guerre menée par l’Arabie saoudite contre les minorités chiites.
HD. Dans ce cadre, est-il sérieux, comme l’a fait le premier ministre, d’évoquer une « guerre de civilisation » ?
A. C. Non, on est en train de redécouvrir l’eau tiède de George W. Bush et se lancer dans une guerre contre la terreur. On a vu les résultats désastreux de cette politique aux États-Unis.HD. D’autres responsables politiques se sont appuyés sur le drame de l’Isère pour évoquer l’urgence d’adopter la loi sur le renseignement.
A. C. D’abord, cette loi constitue un peu une liste à la Prévert. Il y a des choses qui me paraissent utiles d’un point de vue professionnel, en particulier la légalisation des infiltrations. Concernant les écoutes électroniques, j’ai déjà dit ce que j’en pensais. Le « dragage massif » des données n’a jamais produit de résultat probant.« TOUT CELA EST UNE VASTE PLAISANTERIE: ON NE FAIT PAS LA GUERRE À LA TERREUR MAIS À DES CRIMINELS. »
HD. Personne n’évoque le lien entre l’idéologie de ces organisations terroristes et celles diffusées par l’Arabie saoudite et le Qatar …
A. C. Effectivement, pourtant ce n’est pas faute de le répéter: ce que nous appelons « salafisme », en arabe, cela s’appelle « wahhabisme». Et là nous sommes à contre-emploi de manière systématique et dans toutes les situations d’affrontement militaire, puisqu’au Moyen-Orient, au Sahel, en Somalie, au Nigeria, etc., nous sommes alliés avec ceux qui sponsorisent depuis trente ans le phénomène terroriste.HD. Depuis le 11 septembre 2001, des sommes colossales ont été investies dans la lutte contre le terrorisme, des lois liberticides ne cessent d’être votées, et jamais pourtant la « menace » terroriste n’a paru aussi présente …
A. C. On s’épuise à s’attaquer aux exécutants, c’est-à-dire aux effets du salafisme, mais pas à ses causes. Sur 1,5 milliard de musulmans, si 1 sur 1 million pète les plombs, cela fait déjà un réservoir de 1 500 terroristes. Cela, on ne pourra jamais l’empêcher à moins de mettre un flic derrière chaque citoyen. Tout cela est une vaste plaisanterie: on ne fait pas la guerre à la terreur mais à des criminels. Cela relève des techniques de police et de justice.
Quand certaines choses sont enfin dites à la télé : Le juge Trevidic
Nos morts sont insupportables, nous n’aurions pas dû supporter vos guerres !
Inquiétant ? Rassurant ?
Je lie volontairement cette information à l’article ci-dessus . Mauvais esprit ? C’est tout de même un peu l’histoire du pompier pyromane, non ?
Le FBI enquêtera sur les attentats à Paris
Enfin, pour réfléchir encore : Bruno Berthez et l’exigence de vérité
http://brunobertez.com/2015/11/14/appeler-un-chat-un-chat-nous-sommes-en-guerre/
Bachar al Assad : « Il s’agit de terrorisme lorsque ce dernier les frappe, mais c’est une révolution, une liberté, une démocratie et une lutte pour les droits de l’homme lorsqu’il nous atteint. »
SAVOIR DE QUOI ON PARLE : LA GUERRE
Comme vous le constaterez, nous ne sommes pas en guerre. La guerre traditionnelle a des règles définies que les États respectent à peu près. Nous sommes dans un contexte de guerrilla terroriste. Faites attention à ce que l’on va essayer de vous faire passer comme message et les conclusions graves que l’on peut vouloir vous faire accepter. Ne gobez pas n’importe quoi sous le prétexte de nous protéger ! C’est triste à dire, mais vous le savez, sur de nombreux plans de notre vie quotidienne, notre protection n’est pas le souci principal du pouvoir. Seuls comptent à leurs yeux leur pérennité et le profit.
La guerre se définit comme un état de conflit armé entre plusieurs groupes politiques constitués, comme des États, désignés alors comme ennemis ou belligérants.
Une guerre peut aussi être un conflit armé entre deux factions de populations opposées à l’intérieur d’un même État, on parle alors de guerre civile, de guerre inter-ethnique, de guerre révolutionnaire ou encore de guerre de sécession, par opposition aux guerres étrangères ou internationales.
Les États font la guerre aux autres États, pas aux individus ni aux familles qui les composent.
Les guerres et leurs moyens sont soumises à des règles d’honneur anciennes et tacitement admises, les lois de la guerre, devenues le fondement du droit international public. Elles définissent les conditions de légitimité, le déroulement, et les moyens licites des guerres. Une guerre est précédée d’une revendication (casus belli), d’un ultimatum, puis d’une déclaration de guerre; Elle peut être suspendue par des trèves, un armistice; elle se termine par la reddition d’une armée, la capitulation d’un gouvernement, puis la signature d’un traité accordant ou refusant les revendications initiales, le paiement de compensations, et le retour à l’état de paix.
La science de la conduite d’une guerre s’appelle la stratégie, celle de gagner les batailles la tactique, celle des causes et des conséquences des conflits, la polémologie.