Hiver : Réaliser un enduit isolant en torchis

Réaliser un enduit isolant en torchis terre/paille

Le torchis terre/paille est un enduit économique et très isolant sur un mur en pierres, en terre… mais aussi, étonnament, sur des matéraiux modernes. A réaliser à la bétonnière ou au malaxeur, pour une facilité accrue !

Le mur terminé
Le mur terminé
©DR

Le torchis est une technique ancestrale, utilisée dans la construction d’un très grand nombre de pays. Habituellement préconisée pour restaurer les maisons en terre (torchis, pisé, adobes de terre crue…) mais aussi en pierre, cette technique, à nouveau à l’ordre du jour, trouve aussi sa place sur les matériaux modernes telle la brique cuite, traditionnelle ou monomur, voire le parpaing.

Sa mise en oeuvre équivalente à un enduit traditionnel à la chaux (voir la fiche du pas à pas de ce type d’enduit) ne requiert que  très peu de matériaux : de la terre argileuse, du sable et de la paille. Hier foulée au pied pour intégrer à la terre les longs brins de paille, elle peut, aujourd’hui, se réaliser à l’aide de matériels tels la bétonnière ou le malaxeur… pour notre plus grand plaisir.

Le résultat de ce mélange est un matériau économique, écologique et particularité inestimable, très isolant (voir la fiche : bibliothèque des matériaux ).

Voici les deux applications possibles :

  • A gauche, le torchis est posé en corps d’enduit, prêt à recevoir un enduit de finition terre, ou terre/chaux ou chaux seule comme sur un enduit traditionnel à la chaux.
  • A droite, comme l’enduit avec paillettes de lin ( voir la fiche à ce sujet) , il est appliqué en monocouche dont la finition très lissée à la liane est peaufinée à l’éponge.

    Et voici, environ 1 mois plus tard, le résultat :

  • le corps d’enduit de gauche a reçu un enduit de finition terre chaux paillettes de lin,
  • le corps d’enduit de droite a pris sa teinte définitive.

Matériel et matériaux :

  • du sable gris, jaune ou ocre en 0/4
  • de la terre argileuse à 30% (voir la fiche mesurer un taux d’argile)
  • de la paille en bottes à broyer à 10 cm de longueur
  • de la chaux CL 90
  • un ou des tamis de 4
  • une bétonnière ou un malaxeur
  • des grands récipients de type poubelle noire de 100 L
  • des gants solides
  • des lunettes
  • des truelles et langues de chat
  • des lisseuses larges
  • des lianes japonaises (toute petite lisseuse)

Préparation:

L’utilisation de la terre nécessite quelques préparatifs :

  • d’abord, mesurer son taux d’argile pour décider de la formulation du mortier à venir.
  • Ensuite pour les corps d’enduit ou de fintion, la filtrer, pour éliminer les cailloux. Pour ce faire, il est possible soit de procéder à sec, à travers un tamis, soit, comme choisi ici, grâce à de l’apport d’eau, dont la quantité dépend du projet d’utilisation.

Utilisations possibles :

Pour le gobetis

Sur les murs en pierre hourdés à la terre, un gobetis est toujours le bienvenu pour maintenir les pierres en place, combler les joints et créer une accroche de qualité en lien avec le support. Il est alors composé de sable (1vol de 0/4) et de chaux (3/4 de vol) et l’eau du mortier peut être issue d’une eau de terre.

ajouter terre non tamisée à l'eau
Le principe consiste à ajouter de la terre non tamisée à de l’eau …
mortier liquide… puis à se servir de l’eau terreuse à la place de l’eau claire habituelle pour obtenir un mortier de chaux assez liquide qui permet de recouvrir le support.

Evidemment, la proportion de chaux rend le gobetis très clair mais la présence de terre favorise l’accroche sur les joints terre entre les pierres.

arroser les murs
Les murs, bien sûr, sont toujours largement arrosés la veille ainsi qu’une heure avant les travaux .

Pour le corps d’enduit et l’enduit de fintion

Le filtrage de la terre :

Le filtrage de la terre est inutile si la terre est exempte de cailloux, mais essentielle s’ils sont présents :

Dans une bétonnière pour particuliers, mettez 5 seaux de terre pour 3 d’eau et laissez tourner.

Prévoyez une ou plusieurs poubelles de 100L et un tamis de 4 que vous placez sous la bétonnière.

Versez

produit du malaxage

Le produit du malaxage est d’abord liquide puis plus épais.

filtrer la terre

Aidez au filtrage, sans gants… et sans souci ! Vous pouvez récuperer les cailloux (pour une dalle par exemple…).La terre ainsi obtenue peut être stockée  recouverte d’un filet d’eau et utilisée pour les corps d’enduit ou les enduits de finition.

et la paille :

La paille est passée au broyeur (à louer) ou sous la tondeuse pour la réduire à 10 cm de longueur :

Fabrication du corps d’enduit :

Sa formulation est variable. Le principe répond aux 5/3 du corps d’enduit, la répartition des matériaux devant l’observer. Deux exemples ici :

  •  2,5 vol de sable
  •  2,5 vol de paille
  •  1,5 vol de chaux
  •  1,5 vol de terre
   ou
  • 1 vol de sable
  • 4 vol de paille
  • 3 vol de terre

A savoir :

  • la teinte du sable prend toute son importance dans le cas ou le corps d’enduit se passe d’enduit de finition. Il colore l’enduit. Pensez-y.
  • L’épaisseur de l’enduit est importante quand il s’agit d’isoler. Avec un fibrage de ce type qui autorise de grosses épaisseurs dans souci de fissurations, on peut obtenir 10 cm d’enduit et même plus en accumulant les couches. Le seul souci sera celui d’un séchage très long qui humidifie considérablement la pièce et très longtemps. A réserver aux lieux qu’on n’habite pas encore…

Par ailleurs :

  • L’apport de chaux permet de stabiliser la terre (c’est à dire, essentiellement, d’évacuer les possibles bactéries que la terre contient) et n’est pas indispensable.
  • De même, une plus grande proportion de sable donne du corps à l’enduit, facilitant ainsi sa mise en oeuvre.
  • Mais l’ajout de l’une, comme de l’autre, affaiblit les qualités isolantes de l’enduit, puisque l’une comme l’autre, n’ont pas de vraies qualités thermiques.

Vous avez le choix entre l’utilisation de la bétonnière ou du malaxeur : le principe est toujours de débuter par le sable, puis le liant, l’eau et ensuite la fibre. Très souvent, il faut rajouter un peu plus d’eau après introduction de la paille pour obtenir la consistance nécessaire.

 à la bétonnière

  au malaxeur

La consistance doit être souple et collante et une grosse boule tenue dans la main, sans serrer, ne doit ni se déliter, ni tomber.

Autre test : projeter violemment une boule d’enduit contre le mur. Si elle accroche et colle au support sans tomber, c’est très bon signe !

 

Application du corps d’enduit :

appliquer le mortier

Appliquez le mortier à partir du bas du mur, à la main, sur  2 à 3 cm d’épaisseur en suivant les courbes des pierres et en l’enfonçant dans les joints. Progressez sur 1 ou 2 m² puis revenez sur votre travail en passant une seconde couche de 3 à 4 cm.

Il faut impérativement bien tasser pour que la densité de l’enduit soit très forte. Utilisez la taloche pour l’écraser. Elle permet, qui plus est, de contribuer à dresser un enduit plan.

lissage à la liane japonaise

Le lissage à la liane japonaise peaufine l’écrasement et la planéité de l’enduit.

Dans le cas où le but est de laisser l’enduit tel quel, dans les heures qui suivent ou dès le lendemain, il est lissé à l’éponge légèrement humidifiée.

Le travail s’arrête là pour le gros oeuvre, mais il peut recevoir, dans les jours qui suivent, un lait de chaux (voir la fiche peintures naturelles ) pour le mettre en couleur. Sinon, la teinte de la terre définira l’aspect final.

Dans le cas où ce corps d’enduit doit recevoir un enduit de finition, il est strié à la langue de chat, tenue à 45°, afin de créer une accroche suffisante.

Comptez 3 semaines de séchage avant d’envisager la finition.

Tous nos remerciements à l’entreprise Vishwan Terre artisan terre crue.

Monique Cerro

Du même blog : http://www.maison.com/brico-travaux/revetements/enduit-terre-copeaux-bois-4737/

Et d’autres articles encore à fouiller !