Management : Il a osé, il a tenu bon et ça marche !

Les bons chiffres du patron instigateur du salaire minimum à 70.000 dollars/an

Le patron de la start-up Gravity Payments avait annoncé en avril baisser son salaire et augmenter celui de ses salariés. Il vante aujourd’hui la hausse de productivité de ses équipes et l’explosion de sa clientèle.

L’annonce avait provoqué un raz-de-marée médiatique. C’était en avril dernier. Devant les caméras de NBC News et duNew York Times, le jeune patron de la start-up Gravity Payments, spécialisée dans les moyens de paiement, venait alors d’annoncer l’instauration d’un salaire minimum annuel de 70.000 dollars dans son entreprise. Le financement est assez simple: Dan Price a divisé son salaire par quatorze, a puisé dans les bénéfices obtenus par la société en 2014 – un peu plus de 2 millions de dollars – et a augmenté les revenus de ses 120 salariés. Dans un entretien donné cette semaine à la revue américaine Inc., spécialisée autour des nouvelles entreprises et dont il fait la couverture, Dan Price revient sur ce choix:

«J’ai décidé de placer le socle à 70.000 dollars. Je me fiche de devoir arrêter de me payer ou de devoir travailler vingt heures par jour. Je vais le faire.»

Après les premières hésitations qui ont déclenché quelques vagues de critiques, la situation semblent s’être calmée. Les bénéfices de la société ont presque doublé, la productivité des salariés a enregistré une hausse significative et le nombre de clients a explosé passant de trente mensuels à près de 4000. La faute à une publicité massive sur la politique salariale de Dan Price mais aussi à des doutes qui commencent progressivement à se dissiper. En août dernier, le New York Timesavait mis en lumière les nombreux départs au sein de l’entreprise en signe d’opposition à la nouvelle stratégie du groupe. Certains employés ont bien quitté la société car «ils estimaient injuste le fait de doubler le salaire des nouvelles recrues (passant de 35.000 dollars à 70.000 dollars, ndlr) et que les nouveaux arrivés soient payés autant que les anciens.» Pour autant, Gravity Payments a réussi à recruter et notamment Tammi Kroll, l’ancienne vice-présidente des opérations de production de Yahoo!, qui a rejoint la start-up en septembre.

Dans l’entretien à Inc., Dan Price révèle également les démarches mises en oeuvre pour tenir sa promesse sur le salaire minimum. Ce dernier explique avoir vendu l’ensemble des actions qu’il possédait, vidé ses comptes de retraite et a hypothéqué ses deux propriétés pour placer trois nouveaux millions de dollars dans sa société. Il affirme vouloir faire des efforts pour réduire les inégalités salariales, entre un patron et ses employés, et «vivre confortablement.» La revalorisation des 120 salariés de l’entreprise va se faire progressivement. Sur trois ans, la démarche devrait coûter à la société 1,8 million de dollars. Pour rappel, Dan Price avait déjà relevé les salaires de 20% en 2012.

«Je ne veux pas que les gens nous voient comme des leaders financiers, pas à travers l’argent, je souhaite qu’ils nous regardent à travers nos idées», détaille Price.

Si l’on ne sait pas combien de temps l’initiative peut durer, les premiers résultats sont encourageants selon le dirigeant qui avoue «avoir eu peur lors des premiers mois après l’annonce.» Aujourd’hui, le seul problème pour Dan Price est juridique et non stratégique. Et il vient de son frère, Lucas, également co-fondateur de Gravity News. Après avoir quitté la société, Lucas souhaite récupérer une partie de la réussite de son frère et l’a attaqué en justice. Le procès est prévu pour mai prochain et pourrait coûter cher à Dan Price.

Étonnant : quels quotidiens relaient ou ont relayé cette expérience ? On pourrait penser qu’il s’agit des médias de gauche. Et bien non ! Les résultats sur le net sont clairs, ceux qui en ont parlé sont essentiellement des médias qui s’affichent comme libéraux (Le Figaro, L’express, Yahoo économie,  Huffington, Slate, NY Times, Fortune, Entrepreneurs) Comme quoi…

 ARTICLE SOURCE + VIDEO (anglais) :

http://www.lefigaro.fr/societes/2015/10/24/20005-20151024ARTFIG00011-les-bons-chiffres-du-patron-instigateur-du-salaire-minimum-a-70000-dollars.php