Regard sur l’échiquier Syrien : Russie vs Israël
Les USA sont abasourdis. Poutine impose des lignes rouges à Israël
Lors de sa mémorable allocution à l’ONU, le Président Poutine n’a pas mentionné Israël. Toutefois, plus tard, lors de sa conférence de presse, les choses ont pris une tournure inhabituelle. Le Président Poutine y a annoncé une relation de partage de renseignements avec le haut commandement militaire d’Israël, reposant sur ce qu’il a souligné être l’intérêt national d’Israël dans la sécurité de la Syrie.
Il a dit ensuite une chose surprenante. Nous devons encore discuter du problème des attaques aériennes d’Israël (sur la Syrie).
Avec la demande officielle du Président Assad, en conformité avec le droit international, de l’aide militaire de la Russie, la déclaration de Poutine prend une toute autre signification, surtout parce que les Russes vont déployer des défenses aériennes de pointe au-dessus de la Syrie grâce à la supériorité de leurs avions de chasse.
La liberté de mouvement d’Israël, qui attaque continuellement l’armée syrienne pour soutenir les forces de l’ISIS, que l’on sait à présent renforcées par au moins 800 commandos israéliens spécialement formés, pourrait bien être terminée.
La déclaration de Poutine, de s’occuper d’Israël et de ses attaques aériennes hors-la-loi en Syrie, a été passée sous silence par la presse mondiale. Le ton de Poutine, comme une réflexion après coup, était loin d’être bienveillant ou innocent.
L’une des raisons de l’Ouest d’avoir choisi de faire comme si rien de pareil n’avait été prononcé, est simple. Imaginez le président Obama se présentant devant le peuple américain au sujet de la menace russe à Israël :
La Russie menace Israël de représailles pour son soutien hors-la-loi à l’organisation terroriste ISIS et pour son recours à des armes et munitions US afin de l’aider à conquérir le Moyen-Orient. Les USA ne peuvent autoriser pareille ingérence russe et doivent continuer à soutenir non seulement l’État d’Israël, mais aussi les deux organisations terroristes ISIS et al Nusra, au Moyen-Orient et dans le monde, comme nous le faisons depuis des décennies. |
Obama est sous le choc de sa déconvenue récente à propos de l’échec de son projet de formation de « rebelles modérés » dirigé en Turquie par le Pentagone. Comme l’a indiqué la presse mondiale, la deuxième fournée de diplômés s’est jointe aux terroristes avec leurs armes US modernes.
Or, il y a un micmac derrière cela, une affaire que nul n’a abordée.
Selon des initiés du Pentagone, les opérations de l’ISIS et de ses organisations sœurs sont guidées à l’extérieur par le Pentagone lui-même. Voici comment il m’a expliqué ça :
Vous savez que la direction du Pentagone est constituée presque exclusivement de chrétiens sionistes de la « fin des temps ». Le leadership militaire des USA estime qu’il est nécessaire que l’ISIS conquière non seulement la Syrie et l’Irak, mais aussi la Jordanie. C’est seulement quand l’ISIS prendra le contrôle de suffisamment de sites bibliques, comme Palmyre et le Second Temple de Salomon à Tadmoor, que les prophéties sur la Fin des Temps pourront se réaliser. C’est pour ça que les bombardements n’ont pas d’effet, c’est pour ça que les opérations de ravitaillement de l’ISIS sont appuyées par des largages aériens US, c’est pour ça que l’ISIS a le plein accès au renseignement US et c’est pour ça qu’Israël se sert de son armée de l’air et maintient des troupes sur le sol syrien pour aider l’ISIS. |
Les forces aériennes russes opérant en Syrie ne sont pas là pour juste arrêter l’ISIS, mais pour mettre un terme aux opérations des voyous du Pentagone qui soutiennent et ravitaillent l’ISIS, et instaurer une couverture aérienne au-dessus de la région pour empêcher Israël d’utiliser massivement ses forces aériennes sous le drapeau noir de l’État islamique.
Dans les opérations de combat contre la multitude de groupes terroristes implantés en Syrie par l’OTAN lui-même, l’impact réel des forces aériennes russes aidées des forces aériennes syriennes existantes, ne sera pas ébruité. La démarche russe suit bien la politique, car la guerre en Syrie devrait être également contre la Russie ; une répétition des impératifs de la guerre froide de l’Ouest ; une extension de l’agression occidentale contre l’Ukraine.
La folie de l’Ouest est bien sûr double : tentative de s’emparer de la base navale russe en Crimée, grâce à une « révolution colorée » de voyous néo-nazis rémunérés par la CIA ; tentative de prendre la seule autre base régionale russe, à Tartous en Syrie, en créant et un groupe terroriste bidon, l’ISIS, et en lui conférant les pleins pouvoirs. Bien qu’initialement financé et fondé par les Américains, ce groupe est formé par les Israéliens, soutenus par les Turcs et financé par l’Arabie. L’ISIS pourrait bien dépasser ses maîtres et apporter aux USA et en Europe occidentale un règne de terreur bien plus authentique que les attentats d’initiés mis en scène en 2001.
Au moment où les opérations russes ont commencé à l’intérieur de la Syrie, des opérations de propagande du Pentagone étaient en cours depuis des semaines, ce qui en fait d’étranges prophéties auto-réalisatrices. Les manigances des zèbres de la fin des temps dans l’armée US, et leur rêve d’anéantissement nucléaire, se heurteront à une chose inattendue : Une force capable de les réprimer.
Les USA n’aiment pas quand quelqu’un les fait reculer, en particulier quand c’est Israël, une nation qui s’est désormais rendue inexcusable et se trouve complètement seule à cause de la décennie de maladresses de Netanyahu.
La Russie pourrait bien considérer Israël comme le « ventre mou » de l’empire mondial US, bien que de nombreux experts bien informés se demandent qui est serviteur et qui est maître dans ce tandem.
Revenons donc à notre hypothèse de départ, avec la Russie plaçant ses défenses aériennes de pointe et sa supériorité aérienne, non seulement sur la frontière d’Israël, mais couvrant bien visiblement l’État sioniste, contrecarrant son soutien à l’ISIS, déjouant les opérations conjointes de l’ISIS et d’Israël, pointées comme un couteau sur Damas.
Ce qui suit a été reconnu tacitement :
– Israël fournit un appui aérien rapproché aux opérations terroristes à l’intérieur de la Syrie.
– Les forces terrestres israéliennes opèrent en Syrie et en Irak depuis le début, même bien avant 2011 avec la base israélienne établie depuis longtemps pour les opérations à Mossoul, facilement transformée pour servir leurs partenaires de l’ISIS.
– Les unités israéliennes jouent à faire coucou dans le Golan et en dehors, et transitant par le sud de la Jordanie depuis la Galilée, sont désormais bien retranchées sur le sol syrien, où elles reçoivent ouvertement soutien et ravitaillement aériens sous couvert d’un black-out médiatique.
Le joker sera naturellement Erdogan. Dirigeant la Turquie à la manière d’un tyran depuis juin 2015, la guerre génocide d’Erdogan contre les Kurdes renvoie aux campagnes turques contre les Arméniens, un siècle plus tôt.
La guerre au point mort d’Erdogan contre l’ISIS, 13.000 sorties effectuées contre les Kurdes, beaucoup en Turquie même et « zéro » contre l’ISIS depuis le 1er octobre 2015, ne sont pas passées inaperçues en dépit du musellement des médias par Erdogan.
Ses appels à l’OTAN, pour qu’elle l’aide à maintenir sa dictature, ajoutent une tonalité d’incrédulité à la cacophonie de l’embrouillement et de l’intox.
Pendant que nous écrivions ces lignes, Moshe Yalon, ministre de la Guerre israélien, a dit à la Russie qu’il projette de poursuivre ses opérations aériennes en Syrie pour le compte de l’ISIS, et pour aider les troupes israéliennes sur le sol syrien.
Depuis ces dernières années, la Syrie collectionne des prisonniers vivants, venant d’Israël, de Saoudie et d’autre part, capturés par les forces spéciales (Spetznaz) syriennes. La complicité israélienne dans les attaques au gaz Sarin est étayée par des preuves considérables, aussi bien que ses opérations de ravitaillement et d’évacuation médicale, non seulement en Syrie, mais aussi en Irak. Des tentatives d’évacuation médicales israéliennes ont été signalées jusqu’à Kirkouk.
Nous en venons donc à ce fait accablant : La volonté israélienne d’affronter la Russie repose sur l’hypothèse que les voyous extrémistes du Pentagone sont prêts à organiser une confrontation nucléaire avec la Russie, grâce à ce qu’ils admettent être un moyen illégal et traître de contrôle, consistant à détourner le potentiel nucléaire US.
Est-ce le pari d’un individu sain d’esprit en Israël ? Devrons-nous attendre et voir pour le savoir ?
NEO, Gordon Duff, 13 octobre 2015
Original : journal-neo.org/2015/10/13/america-reels-as-putin-redline-s-israel/
Traduction Petrus Lombard
(A SAVOIR : NEO est un blog basé à Moscou. Il exprime donc une vision russe du conflit. En cela il est intéressant face à celles, europé-americano-otanesque dont nous sommes gavés et nous permet de nuancer notre opinion. Cependant il y a certaines allégations dont nous aurions aimé avoir les sources. )
Signalé par Christophe