Conte moderne : Une histoire de corruption aux Vanuatu
Tandis que la plupart des médias regardent ailleurs, voici l’histoire ubuesque d’un épisode de corruption aux Vanuatu. Cette histoire folle est le symbole de nos société occidentales et des usines à gaz juridiques qui ont été mises en place un peu partout pour protéger les puissants et leurs collabos…
« Vanuatu, iles, bronzette, noix de coco, républiques bananières, c’est comme les africains, sont un peu « primitifs » ces gens-là, c’est normal » pensez-vous peut-être, victime d’une brusque attaque de poncifs néo-colonialistes déchaînés.
Première question : cette situation aurait-elle été possible si leur organisation sociale et politique traditionnelle avait survécu à l’emprise de la « civilisation » ? Seul un anthropologue spécialiste peut nous répondre… Par contre, pour l’interrogation suivante, nous avons un début de réponse …
CHEZ NOUS, SOURCE DU FAMEUX MODÈLE OCCIDENTAL, EST-CE DIFFÉRENT ?
Vous voulez des noms d’hommes politiques condamnés gravement par la justice et toujours aux commandes chez nous ??? Je crains que la liste de prenne plusieurs pages…
PETITS EXEMPLE TOUT FRAIS
à la Une d’aujourd’hui de Mediapart. (articles abonnés, mais le chapeau suffit)
Le fisc estime la fortune des Balkany à 16,5 millions d’euros
Alors que Patrick Balkany a été mis en examen pour « fraude fiscale » jeudi 15 octobre, Mediapart dévoile une première estimation du patrimoine amassé par le couple. D’après le fisc, il atteignait 16,5 millions d’euros d’actifs taxables en 2013. Les élus vont devoir s’acquitter de l’ISF, dont ils s’étaient dispensés, au moins pour les années 2008 à 2013.
DSK visé par une enquête après la faillite d’un fonds
Dominique Strauss-Kahn est visé par une enquête préliminaire pour escroquerie et abus de biens sociaux ouverte cet été par le parquet de Paris en liaison avec la faillite de la société d’investissement luxembourgeoise LSK (Leyne Strauss-Kahn Partners), rapporte vendredi 16 octobre France Inter.
Et combien d’autres que le silence a enterré ?
C’est beau la mondialisation…. 🙁
Galadriel
Aux Vanuatu, de l’art de se gracier pendant que le président est parti à l’étranger
Ce fut une fin de semaine particulièrement agitée dans les îles Vanuatu. Le 9 octobre, 14 hommes politiques, dont le vice-président, Moana Carcasses, le président du Parlement, Pipite Marcellino, et plusieurs députés, ont été reconnus coupables de corruption par la justice. Accusés d’avoir voulu renverser le gouvernement, ils risquaient jusqu’à dix ans de prison.
Le coup de théâtre a eu lieu pendant le week-end. Le président Baldwin Lonsdale étant parti en voyage à l’étranger, c’est le président du Parlement mis en cause pour corruption qui a assuré l’intérim, comme le veut la Constitution vanuatuane. C’est donc tout naturellement que Pipite Marcellino, qui a hérité de l’ensemble des pouvoirs présidentiels, décide de gracier l’ensemble des condamnés, y compris lui-même.
« En cet instant, c’est très, très compliqué »
La décision inattendue peut paraître grossière, mais M. Marcellino l’assume. Il affirme qu’avec ce geste, il œuvrait pour le « maintien de la paix et de l’unité dans le pays », arguant que si la justice allait à son terme, le gouvernement tomberait et le pays serait plongé dans le chaos.
Une explication qui n’a pas convaincu le président Lonsdale, revenu précipitamment dans l’archipel.
« La crédibilité des Vanuatu a été ternie aux yeux du monde entier, et en tant que président, j’en suis profondément désolé (…). En tant que pays, nous devons mettre un terme à ces comportements malhonnêtes. »
Dans un message adressé au pays, il a promis de « nettoyer la saleté de mon jardin » et appelé à un amendement constitutionnel pour que le président du Parlement ne puisse plus devenir président par intérim. Pour ce qui est des nouveaux graciés, les options, juridiquement parlant, sont un peu confuses. « En cet instant, c’est très, très compliqué », a-t-il dit.
Using a local expression President Lonsdale said « I will clean the dirt from my back yard ».
— Liam Fox (@liamfoxabc) 12 Octobre 2015
Les réactions de la société civile, pourtant malheureusement habituée à vivre avec la corruption politique, ont été cinglantes. Jenny Ligo, de l’association des Femmes de Vanuatu contre le crime et la corruption, a balayé les justifications de Pipite Marcellino, assurant qu’il n’y avait eu ni émeutes, ni même la moindre tension après la condamnation des hommes politiques. Elle a promis d’organiser des manifestations cette semaine, mais n’a pas encore reçu les autorisations.
Autre responsable à s’être élevé contre la grâce, le médiateur du gouvernement, Kalkot Mataskelekele, qui a été suspendu, au cours du week-end, par le président-du-Parlement-condamné-mais-toujours-président-par-intérim, M. Marcellino. Les quatorze hommes politiques devaient connaître leurs peines cette semaines, mais il semble que cela n’arrivera pas si on suit la Constitution au pied de la lettre. Car comme le souligne Cheryl Saunders, professeure de droit à l’université de Melbourne, il n’y a rien de techniquement illégal dans cette histoire, « aussi surprenant que cela puisse paraître ».
Source de l’article : http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/10/14/aux-vanuatu-de-lart-de-se-gracier-pendant-que-le-president-est-parti-a-letranger/
Signalé par Jean-Michel