Progrès ? Un nouveau pas vers la pilule pour les hommes

La recherche médicale emprunte parfois des voies imprévues. Ainsi, l’étude d’une équipe japonaise de l’université d’Osaka, publiée dans Science le 1er octobre, est-elle partie d’un travail sur les traitements immunosuppresseurs – donnés à des patients afin d’éviter le rejet de l’organe qu’on leur a greffé – pour aboutir à l’expérimentation d’un contraceptif masculin chez les souris… Le cheminement peut sembler improbable ou tortueux mais il est intéressant à suivre car il illustre bien la manière dont, en science, on peut rebondir d’un domaine à l’autre.

Cet article prend donc racine dans des travaux sur deux médicaments immunosuppresseurs, la ciclosporine et le tacrolimus. Pour empêcher que le système immunitaire s’en prenne aux greffons, ces deux molécules inhibent la calcineurine, une protéine qui active les lymphocytes T, ces globules blancs qui, en temps normal, attaquent les cellules étrangères. Pour schématiser, si la calcineurine est neutralisée, les lymphocytes T le sont aussi. Cependant, on s’est aperçu, en testant les immunosuppresseurs sur des animaux, que ces traitements n’étaient pas sans conséquences sur la fabrication et la maturation des spermatozoïdes. D’autres expériences, in vitro celles-ci, ont montré que les gamètes masculins perdaient de leur motilité en présence de ciclosporine et de tacrolimus. Visiblement, quelque chose dans les spermatozoïdes était sensible à ces molécules. Mais quoi ?

Dans l’étude publiée par Science, les chercheurs japonais émettent l’hypothèse que, tout comme l’inhibition de  la calcineurine dans les lymphocytes T les met hors service, l’inhibition de cette protéine présente dans les spermatozoïdes les empêcherait de fonctionner correctement. Pour le démontrer, ils ont élaboré toute une série d’expériences. La première a consisté à supprimer purement et simplement la présence de calcineurine chez des souris génétiquement modifiées en ce sens. Les individus mâles continuaient de produire des gamètes mais, lorsqu’ils s’accouplaient, aucune descendance n’en résultait. Les auteurs de l’étude sont donc allés « sur le terrain », c’est-à-dire dans l’appareil reproducteur des femelles pour voir ce qui s’y passait. Ils ont rendu les spermatozoïdes fluorescents pour mieux les suivre. Le résultat de l’observation fut mitigé : certes les spermatozoïdes étaient moins nombreux que d’ordinaire mais cela ne pouvait expliquer la totale infertilité à laquelle on assistait.

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