Médias : Une brève remise à l’heure de nos pendules et autre question
Vous avez peut-être regardé le « On est pas couché » de Ruquier avec comme invité, Michel Onfray face à des chiens de gardes haineux et déchaînés. (1)
Une affirmation de Yann Moix, une particulièrement, au milieu d’un flot ininterrompu de contre-vérités assenées avec la plus grande mauvaise foi, m’a interpellée car elle justifie à elle seule tout ce qui se passe en Syrie et qu’elle a été entendue par les un million et demi de spectateurs qui ont regardé l’émission ce soir là :
« 80% des victimes en Syrie sont le fait du régime de Bachar Al Assad« ,
Il est clair qu’éthiquement, un salopard qui élimine à tour de bras si j’ose dire, sa propre population (et qui envoie de surcroit les survivants chez nous) est à chasser coûte que coûte du pouvoir. Une guerre présentée comme une lutte contre un génocidaire ne peut-être donc n’être qu’un acte de civilisation, un acte pur, moralement justifié. CQFD
Mais après des heures passées sur des années, hélas ! à lire des articles sur la situation complexe de la Syrie, (bémol : avec les moyens intellectuels qui sont les miens et une volonté toujours présente d’honnêteté), ce n’est pas tout à fait l’idée que j’ai de Bachar al Assad, que par ailleurs, je ne considère pas comme un grand démocrate.
Ici, j’ouvre une parenthèse :
Une interrogation à la fois philosophique et politique se pose à moi que vous partagez peut-être : Comment se fait-il qu’une ouverture à la laïcité, et la multi-confessionnalité si chère à nos dirigeants, n’a jamais été – plus ou moins – pratiquée au Proche Orient que par des dictatures ? (Ben Ali, Kadhafi, Bachar, Sadam, Bouteflika …)
La question est épineuse : Il y aurait-il incompatibilité entre laïcité et démocratie ? On peut en tirer le sophisme suivant : un régime religieux est une voie pour la démocratie et c’est sans doute pour cela que l’Occident et ses alliés financent Al Qaeda.
Vous voyez comment, sur cette base on peut distordre les analyses, installer des régimes islamistes et marquer nos inconscients ? Pensez-y…
Galadriel
Il se trouve que je ne suis pas la seule à avoir bondi. Je vous livre donc l’article publié hier qui donne la source de ce fameux chiffre afin que vous ne vous laissiez pas manipuler par cette déclaration choc :
[Désinformation] Yann Moix : « 80% des morts en Syrie sont le fait du régime de Bachar el-Assad »
« On a la preuve que 80% des Syriens morts sont le fait du régime et que les gens qui fuient la Syrie ne fuient pas Daech mais Bachar el-Assad ».
ENORME. Ou comment tenter de justifier l’injustifiable (l’agression militaire d’un pays qui ne nous a pas agressés, causant des milliers de victimes innocentes) en avançant des chiffres totalement fantaisistes. Sa « preuve », Yann Moix est apparemment allé la chercher dans Le Monde, qui rapporte dans son édition du 8 septembre :
« Aussi imparfaites soient-elles, toutes les sources qui recensent les victimes du conflit montrent que, quoique très meurtrier, l’EI en a fait beaucoup moins que les forces fidèles au régime.
Le Réseau syrien des droits de l’homme (RSDH) estime ainsi qu’entre août 2014 et août 2015, 80 % des victimes ont été tuées par les forces gouvernementales (armée régulière, milices locales et milices chiites étrangères alliées du régime), et 10 % par l’EI. La proportion reste assez similaire que l’on considère les civils ou les militaires tués ».
Le jeune âge de l’auteur de ces lignes, un certain Maxime Vaudano (qui se dit passionné de fact-checking !), ne peut excuser la coupable légèreté de son travail d’enquêteur. En effet, une simple recherche sur Internet permet d’apprendre que ledit Réseau syrien des droits de l’homme (RSDH) est tout sauf une source crédible.
Ainsi, sur le site Investig’Action de Michel Collon (Qui se cache derrière le « Réseau Syrien des Droits de l’Homme »?), on apprend par exemple que ce « réseau syrien » est financé non seulement par des gouvernements étrangers (anti-Assad, est-il besoin de le préciser), mais également par des organisations comme la Fondation Ford et l’Open Society de George Soros –dont les objectifs et les méthodes sont bien connus… OD