Parole de femme : La beauté au kilo
Ce billet est sans concession, mais vous n’y trompez pas. Les maigres comme les grosses sont dans le viseur si elles sont esclaves des marchands qui jouent avec leur image… Une réflexion saine, qui ne manque pas d’humour, même si les mots pour le dire manquent un peu… de rondeur, Mais il n’est pas mauvais de temps en temps de se faire secouer…
Le matraquage des médias et leurs injonctions à la beauté unique que ce soit en faveur de la maigreur ou de la grosseur ne sont là que pour nous faire consommer avec une proposition de rêve biaisé, bâti pour remplir les poches des multinationales.
Soyons libres, respectons-nous et fichons Biba Elle, Marie Claire et autres journaux plus chargés de publicités que d’articles à la poubelle... De toutes façons, nous sommes beaux dans les yeux de ceux qui nous aiment !
Galadriel
La beauté au kilo
C’est l’été. Le sable chauffe sous les pieds de l’employé enfin relâché du bureau, le soleil luit dans les yeux élargis du collégien sans bahut, la mer clapote autour des baigneurs déchaînés, mais le corps de la femme libérée demeure dans les mains des marchands. Après avoir tant vanté la silhouette de l’anorexique amaigrie par photoshop, conduisant une ribambelle d’ado en mal d’elles-même au paradis éternel des belles qui ne vieilliront jamais, nos médias qui se font un devoir de nous expliquer comment il faut paraître pour exister un peu en ce monde, glorifient maintenant les obèses.
Big is beautiful, ma chère : tes bourrelets sont si sexy, jette à la poubelle le régime minceur que nous t’avons vendu hier. Articles sur la mode en grandes tailles, photos de frangines évidemment nues étalant, épanouies, leur opulence sur un lit de pétales de roses, témoignages de copines aussi radieuses qu’en surpoids : pour être heureuse tu dois t’accepter comme tu es, nous expliquent les bienveillantes dames patronnesses du catéchisme commercial.
Or, oui… tu es grosse. Si ton miroir te crie tous les matins que tu t’alourdis, tire-lui la langue ! Qu’importe si tu t’essouffles dès que tu grimpes trois marches, on n’a pas inventé pour rien escalators et ascenseurs. Qu’importe si tes genoux souffrent et si tu ne peux plus te balader qu’en voiture : elles sont là pour ça, les bagnoles et avec un grand coffre pour y ranger les courses : car où se promener ailleurs qu’au supermarché ?
Remplis ton caddie sans complexe, magnifique plantureuse, tous ces plats pleins d’huile et de sel ont été soigneusement élaborés pour toi, ma gourmande. Tu sais profiter des bonnes choses de la vie et ce bikini rose taille 58 te va si bien ! Prends-en deux paquets, profite de la promo, fais des réserves jusqu’à demain, achète, achète : le cancer est offert et le diabète en cadeau.
Madame, rappelle-toi que tu ne jouis de ton corps qu’en usufruit. Il est la propriété exclusive des industriels, qui le façonnent à leur guise selon ce qu’ils ont à te vendre, pour faire leur choux gras de ta graisse. D’abord, ils te déforment puis te persuade d’aimer la difformité produite par leur malbouffe. Mais à la rentrée, il te faudra quand même écouler le stock de produits allégés et t’inscrire au fitness club. Aujourd’hui, ressers-toi, c’est les vacances.
Ta beauté se mesure-t-elle au nombre de tes kilos?