1336 jours de combats pour… la VICTOIRE !

Avec « 1336 » et « Scop TI », les Fralib se lancent à nouveau dans le thé et les infusions.

 Près de 4 ans après l’annonce de la fermeture de l’usine de production de thés Lipton et infusions Eléphant dans l’usine de Gémenos près de Marseille, les salariés regroupés en Scop ont annoncé mardi le lancement de leurs nouvelles marques « Scop TI » et « 1336 ».

Une journée placée sous le signe de l’émotion. Un an après la signature du protocole d’accord de fin de conflit avec le groupe Unilever. Près de 4 ans après l’annonce de la fermeture de l’usine de production de thés Lipton et infusions Eléphant entraînant la suppression de 182 postes. Les « Fralib », le surnom de ces employés en lutte pour maintenir l’activité sur le site de Gémenos près de Marseille, ont présenté mardi le lancement de leurs propres marques.

Une lutte de 4 ans

Réunis dans l’une des ailes de l’usine où fleurent bon, de nouveau, des odeurs de tilleul, les salariés et leurs proches ont visionné un petit film retraçant leur combat. En retrait, Yves ne peut retenir ses larmes. « C’est 4 ans de lutte qui défile là sous nos yeux, on a tellement morflé », lâche-t-il en sanglots en s’excusant de ne pouvoir continuer à parler à cause de l’émotion.

Une petite tape sur l’épaule, Henri, l’un de ses collègues tente de le réconforter tout en mesurant le parcours mené depuis 2011. « Vous savez, on en a tous bavé. Certaines familles ont été brisées, car les compagnes ou compagnons des salariés n’en pouvaient plus. C’est quelque chose d’unique qui se déroule là, mais c’est difficile d’oublier ce qui s’est passé », glisse-t-il le visage caché derrière sa longue barbe grise et blanche.

A 54 ans, Henri se dit « plus motivé que jamais » pour continuer. Quitte à se réorienter. De 182 salariés en 2011, la Scop n’en compte plus que 57 aujourd’hui. Pas le choix mais avec entrain, Amar a quitté son poste à l’empaquetage des sachets pour travailler au service qualité en laboratoire. « Mon père m’avait toujours dit, va là où tu peux gagner ton pain. Il serait fier aujourd’hui de voir ce que nous avons réussi », souligne-t-il.

Des boîtes de thés au nom symbolique




Une réussite et un combat médiatiquement portés par les deux représentants du personnel Olivier Leberquier et Gérard Cazorla. « C’est ensemble et collectivement que nous y sommes arrivés », corrige ce dernier tourné désormais vers l’avenir. Et les carnets de commandes avant tout. « On a déjà prévu de mettre cette année en sachet 250 tonnes de plantes », explique-t-il. Près de 150 seront dédiés à la grande distribution. Les 100 autres seront répartis entre les deux nouvelles et propres marques : « Scop TI », comme leur identité juridique et « 1336 », comme le nombre de jours de lutte.

L’une sera mise en rayon sur les marchés et les magasins alternatifs, l’autre dans les supermarchés dès septembre prochain. « Les grandes enseignes n’ont pas été frileuses de nous voir arriver car ils misent sur le savoir-faire local qui nous caractérise et qui plaît au public », assure Gérard Cazorla. Reste que ses petites boîtes de thés au nom hautement symbolique seront mises en rayon à côté de celles de son ancien employeur, Unilever. « Si on peut faire un pied de nez à l’éléphant, ça sera un bonus ! », glisse-t-il malicieusement.

Le choix des fournisseurs en dit long sur la rupture opérée avec ce qui se pratiquait antérieurement. Des accords ont été passés avec le syndicat du tilleul des Baronnies (Drôme) et Herbier du Diois, un groupement régional de producteurs. « Nous essayons de nous fournir en local dès que cela est possible, explique Gérard Cazorla, malheureusement la verveine, par exemple, a disparue de France. » Pour les thés, SCOP-TI a choisi de développer une démarche de coopération avec des producteurs qu’ils connaissent comme en témoigne le récent voyage d’Olivier Leberquier, ancien délégué syndical CGT, au Vietnam.

Mais pour payer ces salaires, quel chiffre d’affaires et quelles marges peut-on espérer ? Les coopérateurs ne cachent pas que des négociations sont en cours pour réaliser du travail à façon pour des marques de distributeurs (MDD). A côté de cela, l’entreprise s’est associée à quatre commerciaux indépendants pour lancer les deux gammes de la coopérative afin de lui apporter son indépendance à long terme. Thomas Blanchard, 10 ans de présence chez Nestlé et une bonne expérience de vente en GSA (Grande surface alimentaire) ne cache pas les raisons qui l’ont amené à travailler avec SCOP-TI : « Je travaille dans un esprit de patriotisme économique. Je refuse que l’on accepte la fatalité de la désindustrialisation. Nous avons des outils de production en état de marche qui doivent servir. » Il nous indique que des pourparlers sont en cours avec de grandes enseignes de la distribution pour la gamme 1336. « Notre objectif est de réaliser 200 tonnes en 2016 avec un part de marché de 3 %. » Objectif ambitieux mais à la hauteur de ce que réclament désormais les consommateurs : des produits de qualité avec une transparence totale sur les filières d’approvisionnement. N’est-ce pas ce que met aujourd’hui en pratique SCOP-TI ?

source : http://www.metronews.fr; http://www.e-marketing.fr, www.autogestion.asso.fr

 

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