Impact sanitaire des sodas : la France relativement protégée du fléau

Le taux de mortalité dû à  des boissons sucrée est sans appel ! Les sodas tuent !

Santé publique, conflits d’intérêts, le scandale habituel, quoi !  Alors, votre sirop de menthe faites le au fructose, ou au sucre complet de canne .  Buvez des jus de fruit naturels non sucrés , ainsi que le thé glacé que vous pouvez agrémenter avec des feuilles de menthe ou des rondelles de citron. Adoucissez votre café glacé avec du soja à la vanille bio, et surtout, surtout, n’habituez pas vos jeunes enfants au système sucre/récompense ! Le sucre blanc est un véritable poison pour l’organisme ! (1)

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Boston, Etats-Unis – Le résultat n’a rien d’une surprise, mais le chiffre n’en reste pas moins impressionnant : entre 161 000 et 208 000 décès seraient attribuables chaque année dans le monde à la consommation de boissons sucrées.

Publiée dans Circulation, l’étude a été menée par les experts de la Global Burden of Diseases Nutrition and Chronic Diseases Expert Group (NutriCoDE), qui ont modélisé l’accroissement d’incidence des maladies cardio-vasculaires liées à l’obésité, du diabète et des cancers par sexe et tranche d’âge en fonction de la consommation de boissons sucrées en 2010.

Les données sur la consommation de boissons sucrées ont été obtenues à partir d’enquêtes alimentaires menées à l’échelon national dans 51 pays. On note que les boissons prises en considération comportaient les sodas, les boissons fruitées, les cocktails énergétiques, ainsi que les thés glacés, mais que les jus de fruit sans sucres ajoutés étaient exclus.

Quant aux effets de ces boissons sur l’IMC et les maladies CV, le diabète et les cancers, ils ont été obtenus à partir des études prospectives, en fait nombreuses, menées sur la question. Enfin, les données de morbi-mortalité par pathologie sont issues de la Global Burden of Diseases, Injuries, and Risk Factors 2010 Study.

Les mesures de santé publique en France
Comme pour les cigarettes, les boissons « light » mises en avant par les fabricants, ne sont évidemment pas une solution. L’étude française E3N a même montré qu’elles pouvaient être plus diabétogène que les sodas classiques.

En France, une taxe est entrée en vigueur en 2012 sur les canettes et bouteilles de boissons sucrées ou light ou réputées énergisantes. Son montant en 2015 était de 7,50 euros par hectolitre pour les boissons sucrées, et 102,61 euros par hectolitre pour les boissons dites énergisantes. Les chiffres publiés dans Circulation ont été calculés pour 2010. Il serait naturellement intéressant d’avoir une évaluation de l’impact de cette taxe.

On note qu’en 2013, une étude médico-économique britannique avait montré qu’une simple augmentation des taxes de 20% sur les boissons comportant des sucres ajoutés, se solderait par une réduction de 1,3% de la prévalence de l’obésité au Royaume-Uni, soit quelques 500 000 cas de moins.

Résultat : à l’échelle mondiale, l’estimation abouti à la valeur moyenne de 184 000 décès attribuables aux boissons sucrées (IC 95% [161 000 – 208 000]). Dans ce chiffre, la part la plus importante revient au diabète, avec 133 000 [126 000 – 139 000] décès, suivi par les maladies CV, avec 45 000 [26 000 – 61 000] décès, et enfin les cancers avec 6450 [4300 – 8600] décès.

La répartition de ces décès est très inégale selon la zone géographique et le niveau économique. Ainsi, 5% seulement de ces décès surviennent dans les pays à faible revenus, 24,1% dans les pays à haut revenus, et 70,9% dans les pays à revenus intermédiaires.

Aux deux extrémités de la distribution, on trouve les japonais de plus de 65 ans, groupe dans lequel la fraction de mortalité imputable aux boissons sucrées est de 0,2%, et les mexicains de moins de 45 ans, parmi lesquels la mortalité imputable à ces boissons culminerait à 33,6%…

En considérant les 20 pays les plus peuplés au monde, c’est encore au Mexique que l’impact des boissons sucrées est le plus important, que ce soit en valeur absolue (405 décès par million de personnes) ou relative (12,1 % des décès). Maigre consolation sur le Rio Grande : les Etats-Unis sont le second pays le plus touché par le fléau.

La France, elle, se situe dans une moyenne basse (voir le commentaire du Dr Boris Hansel), avec 380 décès par MCV, 756 liés au diabète et 65 par cancer attribuables aux sodas en 2010. Par million d’habitant, on compte donc respectivement 9, 17 et 4 décès attribuables aux sodas. Enfin, les proportions de décès imputables aux sodas sont de 0,4% pour les MCV, 3,1% pour le diabète, et 0,2% pour le cancer, soit un total de 0,7% des décès.

On note que la consommation moyenne de sodas et boissons sucrées est de 0,3 par personne et par jour en France, contre 0,2 au Japon et 2,6 au Mexique, les IMC moyens étant, eux, de 26, 23 et 28 kg/m² au Mexique.

Enfin, comme avant le décès, il y a la maladie, les auteurs ont également estimé l’impact des boissons sucrées en DALYs (Disability-Adjusted Life Years), qui représente la somme des années de vie perdues du fait d’un décès prématuré, et des années productives perdues du fait du handicap : le chiffre est de 8,5 millions d’années ([2,8-19,2]), soit 4,5% de ce que l’humanité perd du fait du diabète en général.

Rappelant que « les boissons sucrées sont une composante alimentaire unique et modifiable », les auteurs concluent en soulignant « le besoin urgent de programmes de prévention vigoureux, à l’échelle planétaire ».

Le Dr Mozaffarian rapporte des remboursements de voyages et/ou des honoraires pour des présentations ou des revues scientifiques sur les régimes alimentaire et les maladies cardiométaboliques de Bunge and Haas Avocado Board, des rémunérations de consultant de Nutrition Impact, Amarin, AstraZeneca, Boston Heart Diagnostics, GOED, et Life Sciences Research Organization, ainsi qu’une participation au comité scientifique d’Unilever North America.
Les autres auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt en rapport avec le sujet.

 

REFERENCE:

  1. Singh GM, Micha R, Khatibzadehs et coll. Estimated Global, Regional, and National Disease Burdens Related to Sugar-Sweetened Beverage Consumption in 2010. Circulation 2015 ; doi: 10.1161/CIRCULATIONAHA.114.010636