- Le gouvernement Tsipras a annoncé vendredi soir son intention d’organiser un référendum, le 5 juillet, sur le plan d’aide à la Grèce.
- Cette annonce a déclenché la rupture des négociations entre Athènes et ses créanciers, lors d’un Eurogroupe houleux samedi.
- Alexis Tsipras a annoncé dimanche soir la fermeture des banques et l’instauration d’un contrôle des capitaux pour enrayer la fuite des dépôts, pour éviter tout « bank run », fuite massive des capitaux et panique bancaire.
Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a annoncé dimanche 28 juin à la télévision, la fermeture temporaire des banques grecques, mais aussi l’instauration d’un contrôle des capitaux. Dans le détail, les établissements bancaires grecs resteront fermés jusqu’au 6 juillet – soit le lendemain du référendum initié par le gouvernement grec – et les retraits aux guichets automatiques seront limités durant cette période à 60 euros par jour.
Intitulé « Vacance bancaire de courte durée », l’arrêté publié au journal officiel grec liste les mesures valables du 28 juin au 6 juillet pour les établissements financiers. Le texte, signé par le président de la République Prokopis Pavlopoulos et le premier ministre Alexis Tsipras, souligne « le caractère d’extrême urgence et de la nécessité imprévue de protéger le système financier grec et l’économie grecque en raison du manque de liquidité entraîné par la décision de l’Eurogroupe du 27 juin de refuser l’extension de l’accord de prêt à la Grèce ».
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A la suite de ces annonces, les Bourses européennes étaient attendues en baisse à l’ouverture lundi, tandis que les marchés asiatiques se repliaient, plombés par les craintes de voir Athènes sortir de la zone euro. A la mi-journée, Tokyo perdait 1,78 %, Sydney cédait 1,81 %, Séoul 1,45 %, Taipei 1,90 % et Hong Kong 1,76 %.
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Distributeurs pris d’assaut
La décision de fermer les banques et d’instaurer un contrôle des capitaux n’est pas une surprise. Depuis 2010, plus de 80 milliards d’euros ont quitté le pays, et le mouvement s’est encore accéléré après l’annonce d’un référendum vendredi par Alexis Tspiras, appelant les Grecs à se prononcer pour ou contre la poursuite du plan d’aide européen et des réformes.
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Dans les rues d’Athènes, les distributeurs automatiques de billets étaient pris d’assaut dimanche soir par les Grecs, comme a pu le constater les journalistes du Monde sur place.
Rassurer les touristes
Alexis Tsipras a assuré, lors de son allocution, que « les dépôts des citoyens dans les banques grecques sont totalement garantis », tout comme le sont « le versement des salaires et des retraites ». Le gouvernement a ensuite annoncé, dans un communiqué destiné à rassurer les touristes, au plus fort de la saison, que ces derniers pourront payer et retirer de l’argent avec la carte bancaire de leur pays.
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Le premier ministre grec a également appelé la population à « affronter la situation avec sang-froid et détermination », mettant de nouveau en cause, à travers les décisions de l’Eurogroupe et de la BCE, une tentative de « chantage de la volonté du peuple grec ».
Alexis Tsipras a annoncé avoir redemandé à l’UE et à la BCE une prolongation du programme d’aide à son pays. Il a indiqué avoir formulé cette demande « auprès du président du Conseil européen et des 18 dirigeants des Etats membres de la zone euro, ainsi qu’au président de la BCE, de la Commission et du Parlement européen. »
« Ce sont les seuls qui peuvent le plus rapidement possible, et même ce soir, renverser la décision de l’Eurogroupe et donner la possibilité à la BCE de rétablir le flux des liquidités des banques. (…) J’attends leur réponse immédiate à cette requête démocratique de base »
Le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a à l’unisson dimanche qu’il appartenait maintenant « aux institutions (UE, FMI et BCE) de montrer leur bonne volonté » tout en se disant ouvert à de nouvelles négociations pour parvenir à un compromis in extremis.
Lundi matin, de nombreuses voix européennes se sont élevées pour dire qu’il y avait encore « du temps pour conclure un accord sur la Grèce ». Le commissaire européen chargé des affaires économiques, Pierre Moscovici, a ainsi estimé qu’il existait « des marges pour la négociation », Athènes étant à « quelques centimètres » d’un accord avec ses créanciers. Selon lui, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, « fera des propositions ce midi » pour tenter d’éviter la sortie de la Grèce de la zone euro.