Mondialisation : « ils » sont contents, mais contents !
ÉDIFIANT : Voilà pourquoi nous ne verrons aucun changement de cap dans la politique de notre gouvernement. A qui cela profite-t-il ? A nous ? Non, bien entendu. Je vous recommande le dernier paragraphe et ce que la journaliste au chaud dans son fauteuil appelle cyniquement « quelques points noirs »…
En une page, vous aurez tout compris. Tour de vis après tours de vis, la France devient attrayante pour les requins de la mondialisation. Les « sans-dents » n’ont pas fini d’en baver…
La France séduit à nouveau les investisseurs étrangers
Le nombre de projets d’implantations à capitaux étrangers a atteint un record l’an dernier. Mais les investisseurs pointent encore certaines faiblesses françaises.
Depuis quelques mois, les investisseurs internationaux sont repartis à la chasse sur le territoire français. Et pas seulement pour faire leurs emplettes. Certes, l’immobilier de prestige continue d’attirer les capitaux du monde entier, comme en témoigne la cession à 1,2 milliard d’euros de 80.000 mètres carrés du triangle d’or parisien aux fonds Olayan Group et Chelsfield Partners.
Certes, la part du CAC 40 aux mains des étrangers est passée de 42 % en 2010 à près de 47 %.
Certes, 474 entreprises françaises ont été avalées par des groupes lointains en 2014, 32 % de plus que l’an dernier. Mais cet appétit inextinguible pour les bijoux de famille français s’accompagne, enfin, d’une autre « envie de France », plus vertueuse : l’investissement physique.
Et c’est là que réside la surprise révélée le 27 mai par EY dans son baromètre sur l’attractivité de la France. Jamais elle n’avait attiré autant de projets d’implantations à capitaux étrangers : 608 projets, c’est 18 % de plus qu’en 2013. Pour Marc Lhermitte, qui a coordonné l’étude, « cela confirme le redressement de la France, qui profite du rebond européen général ». Ce qui réjouit fort Muriel Pénicaud, la directrice générale de Business France, en charge de la promotion nationale à Bercy : « Notre action quotidienne – rencontrer et persuader les dirigeants étrangers d’investir sur notre territoire – porte ses fruits. Et ces bons résultats nous encouragent à intensifier encore notre action. »
Le président de la chambre de commerce franco-allemande, Guy Maugis, patron de Bosch en France, s’en étonne presque : « Je ne m’attendais pas à voir le retournement dès 2014 ! » Avec 50 autres dirigeants de filiales en France de groupes étrangers, il avait tiré la sonnette d’alarme fin 2013 dans un manifeste accusateur : « Nous avons de plus en plus de mal à convaincre nos maisons mères d’investir et de créer des emplois en France. » Un mois après , le 14 janvier 2014, François Hollande faisait son premier discours « probusiness ». Et aujourd’hui, Bosch investit 53 millions d’euros sur ses 24 sites de production français. -Hexcel lâche 200 millions pour une nouvelle usine de fabrication de fibre de carbone. Et Merck crée un fonds de dotation de 75 millions pour lancer des partenariats dans la recherche pharmaceutique.
Une avalanche de bonnes nouvelles
Cette avalanche de bonnes nouvelles ne doit pourtant pas cacher quelques points noirs, encore tenaces.
D’abord, la chute du nombre d’emplois créés par les étrangers en France : 11 % de moins que l’année dernière. Et ce malgré l’application en année pleine du crédit impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Même en matière d’implantation industrielle, où la France demeure malgré tout la première destination en Europe, chaque projet ne crée que 25 emplois, contre 70 au Royaume-Uni et 40 en Allemagne. Marc Lhermitte décrypte : « La perception de la France par les dirigeants étrangers a bien gagné 6 points, mais ils considèrent encore trop justes les efforts de compétitivité. »
Autre sujet d’inquiétude : notre absence du radar des investisseurs chinois. Seuls 17 d’entre eux ont dit oui à la France l’an dernier, contre 79 au Royaume-Uni et 40 à l’Allemagne. Or, pour la première fois de l’histoire, comme l’indique le rapport de la Cnuced sur les investissements des pays émergents, l’Asie est passée au premier rang des investisseurs mondiaux avec 440 milliards de dollars, devant l’Amérique du Nord (390 milliards) et l’Europe (290 milliards).
Dernier clignotant au rouge : les implantations de sièges sociaux. Le baromètre EY est sans appel : « En deux ans, la France a totalement décroché. C’est London superstar qui a remporté le concours haut la main. » La capitale britannique a siphonné le marché en gagnant l’an dernier 57 nouveaux sièges, contre 11 seulement en France.
Or le fait d’avoir un QG hors du territoire n’est pas bon pour l’emploi. Comme le reconnaît honnêtement Guy Maugis, « il est plus facile de licencier des gens qui sont loin de soi que le contraire. C’est peut-être un peu cynique de dire cela, mais c’est la triste vérité ».
Baisser les bras sur ce terrain comporte un autre risque : c’est faire une croix sur les « investissements de suite », qui assurent l’attractivité de la France… à venir.