Mission accomplie pour l’Allemagne : en un peu plus de dix
ans, le nombre de caisses est passé de 485 à 160, sous la férule des réductions
de budget imposées par les pouvoirs publics à l’assurance-maladie. Résultat : après un train de réformes qui, depuis 2007, a aussi convié les assurés à mettre la main à la poche, la sécu allemande dispose d’un matelas plus que confortable : ses réserves financières atteignent quelque 30 milliards d’euros, selon les derniers chiffres du gouvernement fédéral.

Une manne nécessaire, car l’Allemagne dépense plus que nombre de ses voisins pour son système de santé : 300 milliards en 2012, soit 11,3 % de
son PIB. Seuls les Pays-Bas et la France dépensent encore plus. C’est le
premier constat du cabinet d’audit Kpmg, qui a réalisé un comparatif de 24 pays
européens sur l’efficacité de leur système respectif de santé.

Malheureusement, l’efficacité n’est pas forcément au rendez-vous.

C’est ce que constatent les experts de l’Ocde, rapportait en août dernier le quotidien Die Welt. En particulier pour les soins hospitaliers.

Ainsi,  un plus grand nombre de femmes souffrant du cancer du sein décèdent outre-Rhin : 30 sur 100 000, contre 21 en Espagne.

Le constat est semblable pour le cancer de l’utérus. Ou encore pour
l’infarctus : 9 % de décès en Allemagne un mois après traitement, moitié moins
en Norvège ou en Suède et 3 % seulement en Estonie.

Beaucoup d’hôpitaux ne parviennent pas à sortir de l’ornière : ils sont endettés et ne parviennent plus à fidéliser leurs équipes de soignants.

En sursis

Le décalage de l’Allemagne par rapport à ses voisins n’est toutefois pas lié à un manque de lits d’hôpital, puisque l’Allemagne dispose d’un quota supérieur au reste de l’Europe, avec 8 lits pour 1 000 habitants, poursuit Die Welt. Il n’est pas lié non plus à la qualité des médecins et chirurgiens, ni à celle des infrastructures. Comparativement aux pays nordiques, l’Allemagne présente surtout un ratio insatisfaisant entre le coût et la qualité des soins.

Des experts convoqués au chevet de l’assurance-maladie reprochent à celle-ci son organisation lourde, déclinée en de multiples institutions qui nuisent à la transparence. Il est malaisé de déterminer si tel ou tel soin relève de la branche assurance-maladie,
accident ou soins à domicile.

Demain, avertit Finanzen.net, l’assurance-maladie pourrait à nouveau être en danger, notamment à cause du déséquilibre croissant entre les jeunes actifs qui financent et les seniors qui vivent plus longtemps.

http://www.courrierinternational.com/article/2014/04/17/en-allemagne-un-systeme-riche-et-gourmand