Santé – Intestins fragiles attention au gluten !
Seignalet avait raison : le gluten augmente la perméabilité intestinale chez tout le monde
Le gluten favorise la porosité intestinale chez tout le monde, et pas seulement ceux qui souffrent de la maladie céliaque ou qui sont sensibles au gluten. Une confirmation des principes du régime Seignalet.
NB : Il ne s’agit pas, là encore, d’affoler les populations, mais de prendre conscience à quel point les intestins sont un organe central de notre santé. Réduire en général le gluten de notre alimentation et protéger et enrichir notre microbiote sont des préoccupations saines, préventives de nombreux troubles. Nous ne sommes pas tous faits à l’identique et certains sont plus sensibles que d’autres. Le pain était historiquement à la base de l’alimentation des couches populaires pourrait-on faire remarquer. Ceci n’est pas un argument. Il ne faut pas oublier la pauvre espérance de vie qui n’atteignait que 45 ans en 1900, et qui a doublé depuis sans cesser d’augmenter malgré les deux guerres mondiales. De plus, absorber du gluten ne tue pas, il perturbe notre équilibre via l’intestin, y compris émotionnel. Un sujet important sur lequel nous reviendrons.
Faut-il éviter le gluten pour être en bonne santé, et surtout faut-il l’éliminer dans les maladies auto-immunes ? D’après un article paru dans Nutrients, la gliadine du gluten augmente la perméabilité intestinale chez tous les individus, qu’ils soient intolérants au gluten ou pas. La perméabilité intestinale est un facteur-clé dans le déclenchement des réactions inflammatoires et des maladies auto-immunes, car elle favorise le passage anormal dans l’organisme, depuis le tube digestif, de fragments de protéines ou antigènes qui pourront déclencher une réponse du système immunitaire.
Le gluten se trouve dans le blé, l’orge, le seigle. La gliadine est une protéine immunogénique du gluten. Certaines personnes sont intolérantes au gluten (maladie céliaque) et doivent l’éviter. D’autres sont sensibles au gluten et présentent des symptômes qui peuvent ressembler à ceux d’une intolérance. Le régime sans gluten permet la disparition de ces symptômes.
Lire : Sensibilité au gluten : disparition de certains anticorps avec un régime sans gluten
Dans cette étude, des chercheurs américains ont étudié l’effet de la gliadine sur la perméabilité intestinale de patients intolérants ou sensibles au gluten, ainsi que chez des témoins. Contrairement aux personnes souffrant de la maladie céliaque, les personnes sensibles au gluten n’ont pas d’augmentation d’auto-anticorps contre la transglutaminase (un test permettant le diagnostic de la maladie céliaque). La réponse immunitaire chez les patients sensibles au gluten diffère donc de celle des intolérants au gluten, d’où l’idée que les similarités entre patients sensibles et intolérants proviennent d’un problème intestinal commun.
Les chercheurs ont étudié les réponses des systèmes digestif et immunitaire chez 4 groupes de personnes : des patients céliaques « actifs » (qui mangeaient du gluten depuis au moins deux mois), des patients céliaques en rémission (avec un régime sans gluten depuis au moins un an), des patients sensibles au gluten mangeant du gluten depuis au moins deux mois et des témoins avec un régime contenant du gluten. Les chercheurs ont réalisé des endoscopies et récupéré des échantillons de biopsies. Ils ont mesuré l’augmentation d’une protéine anti-inflammatoire (l’interleukine-10), une molécule qui calme la réponse immunitaire dans l’intestin.
Résultats : suite à une exposition à la gliadine, la perméabilité intestinale a augmenté chez tous les sujets, même ceux qui ne semblaient pas sensibles au gluten. Les patients qui étaient soit intolérants soit sensibles au gluten avaient tous une augmentation plus importante de la perméabilité intestinale que des patients intolérants en rémission. En même temps, les échantillons des céliaques qui suivaient un régime sans gluten avaient le moins de changement dans la perméabilité intestinale. Ceci signifie qu’un tissu intestinal qui est régulièrement exposé au gluten réagit plus fortement qu’un tissu intestinal qui n’a pas été exposé au gluten pendant un certain temps.
La barrière intestinale fait partie du système de surveillance immunitaire : dans un épithélium intestinal sain, la barrière intestinale est censée être imperméable aux macromolécules comme la gliadine, grâce aux jonctions serrées qui existent entre les cellules. Une mauvaise barrière intestinale pourrait jouer un rôle dans des maladies immunitaires.
Lire : Les additifs favorisent la perméabilité intestinale et l’auto-immunité
Par ailleurs, les niveaux de la protéine anti-inflammatoire IL-10 étaient plus élevés chez les témoins que chez les personnes sensibles au gluten ou intolérantes, ce qui suggère que leur système immunitaire a plus de ressources pour combattre l’inflammation liée au gluten.
Les résultats de l’étude suggèrent que l’exposition au gluten conduit à une altération de la fonction de barrière intestinale aussi bien chez les patients céliaques que ceux sensibles au gluten.
Lire : La sensibilité au gluten n’est pas un mythe, elle existe bel et bien
L’avis de LaNutrition.fr. Le Pr Jean Seignalet avait conçu son régime hypotoxique sans gluten ni laitages sur le principe que le gluten augmente la perméabilité intestinale et peut donc favoriser le passage de fragments protéiques qui déclenchent chez certains inflammation et auto-immunité. Parmi ces pourvoyeurs d’antigènes figurent en bonne place les protéines laitières. Raillé par les médecins, le régime Seignalet a pourtant permis à des dizaines de milliers de patients de trouver un soulagement. Cette étude confirme le bien-fondé des travaux du Dr Seignalet. Elle est un encouragement pour les personnes souffrant d’auto-immunité ou de maladies inflammatoires chroniques, à faire l’essai d’un tel régime pendant quelques semaines.
Marie-Céline Jacquier
La Nutrition.fr
EN COMPLÉMENT
http://sante-az.aufeminin.com/nutrition/album994476/aliments-sans-gluten-0.html
http://www.schaer.com/fr/vivre-sans-gluten/regime-sans-gluten
A propos du microbiote intestinal :
Les recherches menées depuis quelques années sur le microbiote intestinal bouleversent totalement notre vision de l’écosystème digestif humain. En effet, de « simples digesteurs » de nourriture, ces bactéries sont devenues des acteurs majeurs dans la compréhension de certaines maladies telles que l’obésité, le diabète de type 2, la maladie de Crohn… Des liens directs importants ont également été démontrés entre ces bactéries et le système immunitaire, ainsi qu’avec le cerveau. Il est estimé que 100 000 milliards de bactéries peuplent l’intestin de chaque individu (soit 10 à 100 fois plus que le nombre de cellules dont est constitué le corps humain) et leur diversité est très importante, puisque environ un millier d’espèces bactériennes différentes ont pu être distinguées au sein de l’ensemble des métagénomes humains analysés. Or, seulement 15% de ces bactéries étant connues (génomes séquencés), l’ensemble des gènes qu’il restait à décrypter était donc immense.