Austérité ? Comparez votre salaire avec ceux des traders et des dirigeants de banque

Un petit rappel pour commencer :

La France comptait cinq millions de pauvres en 2012 selon l’Insee [1] si l’on utilise le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de viemédian et 8,6 millions si l’on utilise le seuil à 60 % du niveau de vie médian [2]. Dans le premier cas, le taux de pauvreté est de 8,2 %, dans le second de 14,0 %. En 2012, le seuil de pauvreté situé à 60 % du revenu médian, pour une personne seule, est de 993 euros mensuels, celui à 50 % de 828 euros.

 

Maintenant que vous avez cela en tête, vous pouvez lire ce qui suit. Si vous êtes en difficulté, viré, exploité, mal payé, vous allez apprécier l’égalité et la fraternité française.

8300 hauts cadres de la finance ont perçu, en France, 2,4 milliards d’euros. C’était il y trois ans. Mais cette véritable captation de richesses, prélevée par les opérateurs de marché et leurs hiérarchies grâce à la spéculation financière, se poursuit. Dans l’économie réelle, les salaires ne progressent quasiment pas, mais dans les salles de marchés, les bonus n’ont pas été sérieusement encadrés. Avec cette animation interactive, Basta ! vous propose de prendre la mesure des rémunérations stratosphériques dont bénéficient plusieurs milliers de traders et dirigeants au sein des cinq principales banques françaises. Pour chaque euro de salaire mensuel inscrit sur votre fiche de paie, combien gagnent-ils ?

Environ 2300 euros bruts (soit autour de 1730 euros nets), c’est le salaire médian en France pour un emploi à temps plein [1] : 50% des salariés perçoivent une rémunération inférieure, l’autre moitié touche un salaire supérieur. 2300 euros bruts, c’est également ce que percevra, en moyenne, l’un des 353 traders de la BNP Paribas pour à peine une demi-journée de travail. Si vous gagnez un salaire médian, vous devrez travailler pendant presque trois ans pour percevoir un montant équivalent à son salaire mensuel : 80 712 euros en moyenne, dont 70% en bonus.

L’ampleur de ce fossé et de ce que certains qualifient de « hold-up », c’est ce que montre l’animation interactive que nous avons réalisée en partenariat avec les infographistes québécois de FFunction, basé à Montréal et spécialisé dans la visualisation de données. En comparant votre salaire à celui des dirigeants et des « opérateurs de marché » – les fameux traders – des grandes banques françaises, elle vous permet de prendre la mesure de ces revenus stratosphériques.

Les données sont issues des informations réglementées fournies par les banques, en vertu d’une directive européenne (dite « CRD3 »), entrée en vigueur en France fin 2010. Cette directive oblige les banques à encadrer et publier les rémunérations fixes et variables (bonus) de leurs personnels « dont les activités professionnelles ont une incidence significative sur le profil risque ». Traduction : les cadres des étages du sommet de la pyramide dont les choix et les actions pourraient mettre en péril la banque, voire le système financier dans son ensemble. Les hauts dirigeants donc, ainsi que les traders les plus importants et leurs collègues mathématiciens qui conçoivent des produits financiers à risque. Les employés classiques de la banque n’entrent donc pas dans ce périmètre. D’ailleurs, ils gagnent beaucoup moins. Les 43 000 salariés français de BNP Paribas perçoivent en moyenne 5054 euros bruts mensuels.

Cette directive fait suite au G20 de Pittsburgh, en 2009, où les chefs d’État des pays les plus riches ont commencé à prendre conscience des risques que fait peser la spéculation sur les marchés financiers. A la Défense, la City ou Wall Street, les affaires de traders prenant des risques inconsidérés se multiplient (découvrez à ce propos le casier judiciaire de votre banque). Une course à la spéculation effrénée et aux profits faciles motivée par les généreux bonus dont bénéficient ces traders et leur hiérarchie.

Suite avec animation sur :

http://www.bastamag.net/Comparez-votre-salaire-avec-celui-des-traders-et-des-dirigeants-des-grandes