Submersion : les côtes françaises de plus en plus concernées
Le niveau des mers pourrait augmenter de 40 à 100 cm d’ici la fin du siècle. Conséquence : « les submersions seront plus intenses et plus fréquentes »
Un hausse plus forte ses vingt dernières années
Ce phénomène mondial, disparate sur le globe, est indépendant de l’évolution des tempêtes. Il serait une conséquence direct du réchauffement climatique:
L’océan plus chaud se dilate et les glaciers des montagnes et les calottes polaires fondent. Par ailleurs, l’eau abondamment pompée dans les aquifères se retrouve finalement dans la mer.
Résultat : le niveau des océans a monté de presque 20 centimètres au XXe siècle, avec une hausse plus forte ces vingt dernières années (1,7 mm/an et 3,2 mm/an depuis les années 90).
« La mer ne monte pas de manière uniforme sur le globe » mais « les côtes de l’Hexagone se situent dans la moyenne mondiale », a indiqué Anny Cazenave, spécialiste des océans et l’un des auteurs du rapport. Le Pacifique Ouest, en revanche, a enregistré une hausse beaucoup plus forte que la moyenne mondiale.
Le phénomène va se poursuivre
Dans les prochaines décennies, cette montée des océans va se poursuivre expliquent les scientifiques :
« Même si on stoppe les émissions de gaz à effet de serre aujourd’hui, du fait de leur durée de vie dans l’atmosphère, l’effet de serre va perdurer »
Selon Anny Cazenave, la hausse sera plus marquée en Arctique, dans les tropiques et sur la côte Est des Etats-Unis. « Pour l’Europe occidentale, on peut s’attendre à une hausse de l’ordre de la moyenne globale, mais un peu plus marquée en mer du Nord », ajoute-t-elle. Reprenant les prévisions du Giec, la chercheuse prévient :
Pour la France, « cela veut dire au mieux 40 centimètres de plus en 2100 par rapport à aujourd’hui et plus de 60 cm dans le scénario où rien de plus n’est fait » pour limiter l’effet de serre.
Une hausse qui va coûter cher
Ces risques de submersion doivent d’ores et déjà être pris en compte par les décideurs, en matière d’urbanisme comme de conception et d’adaptation des ouvrages côtiers et portuaires. « Pour un niveau marin relevé d’un mètre, il faut rehausser de 1,5 à 2 mètres des ouvrages comme les digues », précise l’ingénieur au BRGM Gonéri Le Cozannet.
« Le recul de la côte sableuse d’Aquitaine s’effectue à un rythme de 1 à 3 mètres par an »
« 40% des plages françaises subissent déjà aujourd’hui des phénomènes d’érosion, rappelle Le Parisien (article payant). Interrogés par le quotidien, les climatologues estiment que « le recul de la côte sableuse d’Aquitaine s’effectue à un rythme de 1 à 3 mètres par an en moyenne, mais a atteint 20m sur de nombreux sites après la succession de tempêtes de l’hiver 2013-2014. »
La Basse-Normandie, avec ses 470 km de côtes, est également concernée par la montée des eaux et par une érosion naturelle de son littoral et en particulier de ses falaises. « Pendant des années, le Conseil régional a financé des ouvrages de protection qui coûtent très cher », raconte Muriel Jozeau-Marigné, conseillère régionale chargée de la politique du littoral :
« Depuis 2007, nous avons basculé dans une autre logique: le littoral est considéré comme un milieu dynamique, le trait de côte (limite terre-mer) est mouvant et il y a des zones où il faut laisser faire la mer »
Cela peut vouloir dire abandonner à terme des habitations, des bâtiments, des campings, etc. Quant aux futurs aménagements, « la solution, c’est ne rien faire en bord de littoral ». Des options difficiles tant pour les élus que pour les citoyens. « Ce n’est pas toujours évident », confie la conseillère régionale mais, assure-t-elle, face à la prise de conscience du risque, « les mentalités changent ».
(*) le rapport, « changement climatique et niveau de la mer: de la planète aux côtes françaises »; prend en compte les derniers résultats du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et les dernières études d’impact.
SOURCE
ET AUSSI :