Terrorisme et barbarie : Réflexion de deux humaines en colère
Ça y est ! ce magnifique pays qu’est le Yemen va sans doute être réduit en champs de ruines et ses populations tuées, déplacées, dépouillées. La grande excuse est sortie : Terrorisme.
Vous serez obligés de le reconnaître, le prix payé n’est pas le même pour les pays de « l’Axe du Mal » bushien ou l’Afrique ou d’autres encore, que pour l’Occident. Nous sommes victimes, certes, mais depuis l’Afghanistan, la répression du terrorisme par l’Occident et ses alliés a généré, plus d’un million de morts directes (1)
Cette répression n’est ni démocratique ni désintéressée contrairement à ce qu’essayent de nous faire croire nos médias et quelques guignols comme BHL.
Les populations civiles, décimées, réfugiées, malade de ces merdes dont on les asperge sont les premières victimes abstraitement baptisées « dommages collatéraux » de ces guerres « propres ». Mais ces morts-là, ces souffrances-là, manifestement, on s’en fout !
Analyse d’un très bon article paru après le 11/1 dernier :
Ces morts que nous n’allons pas pleurer
…/… On a le droit de penser que la guerre contre le terrorisme islamiste est une guerre légitime. Mais il importe d’être conscient d’une réalité statistique. En trente ans, le terrorisme islamiste a fait environ 3500 victimes occidentales, soit, en moyenne, un peu moins de 120 chaque année. Ces 120 morts annuels sont 120 catastrophes personnelles et familiales qui méritent reconnaissance. Ce nombre est toutefois bien inférieur à au moins deux autres : 9 855 (le nombre de morts par arme à feux aux États-Unis en 2012) et 148 (le nombre de femmes tuées par leur conjoint en France en 2012). Cette nécro-économie (E. Weizman) est certainement trop froide. Elle nous enseigne cependant que nos attitudes politiques sont embuées par notre sensibilité différenciée par rapport à la violence. En effet, personne n’aurait l’idée d’envoyer des bombes de 250 kg sur les maisons des auteurs d’homicide aux États-Unis. De même, aucun chef de gouvernement ne penserait à décréter l’Etat d’exception après avoir pris connaissance du nombre de meurtre sexiste et intra-familial en France. Pourquoi cet unanimisme, dans la presse de ce matin, au sujet de la nécessité de ne pas baisser les pouces dans le cadre de la guerre (militaire et non métaphorique) au terrorisme islamiste ?
Cette économie sélective de la compassion produit un deuxième type d’effet en ce qui concerne la perception de la violence d’État occidental. Les discours communautaristes ou racistes ont ceci de particulier qu’ils mettent bruyamment en scène la violence qu’ils déploient. À l’inverse, le discours moderne et humaniste est aveugle par rapport à sa propre violence. Qui a une idée, même approximative, du nombre de morts générés par la guerre américaine en Afghanistan en 2001, par celle des États-Unis et du Royaume-Uni en Irak en 2003 ou encore par l’intervention de la France au Mali en 2013 ? L’une ou l’autre de ces guerres était peut-être légitime. Mais le fait que personne ne soit capable de donner une estimation du nombre de morts qu’elles ont généré doit nous interroger. Dans ces moments où nous sommes submergés par les émotions, il peut être intéressant de penser à tous ces précédents et à ces morts, à venir, que nous n’allons pas pleurer.(1)
Comme vous l’aurez sûrement remarqué, ce million de morts et toute cette horreur n’ont strictement servis à rien qu’à permettre à certains de s’enrichir avec l’armement, et à d’autres de contrôler des sources d’énergie. Ces opérations militaires n’ont nullement fait baisser les chiffres de ces mouvements, au contraires ils sont plus florissants que jamais. Pourquoi ? Qu’est-ce qui entretien cette réserve d’hommes kamikazes ?
COMMENT ET POURQUOI PEUT-ON DEVENIR TERRORISTE ?
Pour la plupart d’entre nous, c’est une énigme et la seule réponse facile que l’on trouve est de se dire : « Ce sont des fous, des tarés.. » Ayant résolu le problème en une phrase et rassuré de n’en faire pas partie, chacun peut retourner à ces petites affaires.
Première remarque, la novlangue pour nous donner bonne conscience mélange terrorisme et résistance légitime d’un pays agressé. Tout est mis dans le même sac, ainsi les questions éthiques (qui n’ont à vrai dire jamais beaucoup embarrassé les militaires), sont mises de côté. Un terroriste est celui qui répand la terreur. Dans une guerre c’est forcément celui d’en face. On ne fait pas la guerre avec des plumeaux et des bombes glacées. L’époque où l’on saluait l’armée d’en face d’une révérence avant de commencer la bataille à armes égales est révolue.
L’accusation de folie est facile. Ce n’est pas aussi simple que ça et cela vaut le coup d’y réfléchir, en examinant uniquement, et parmi d’autres mécanismes complexes, le plan humain de ce fait si important dans nos vies actuelles.
La haine monte dans les populations du Proche-Orient et d’un peu partout dans le monde contre l’Occident, et particulièrement les US (cf carte ci-dessous) parallèlement à l’attrait de l’extrémisme pour des gens qui ont tout perdu et considèrent qu’ils n’ont plus rien d’autre à perdre que leur vie. (Cette réflexion n’inclut pas les engagés du Jihad venus de nos pays dont les motivations sont plus complexes encore).
Peut-on, sans excuser, prendre simplement conscience d’ un mécanisme mortel et voir si nous, en tant qu’occidentaux, n’y avons aucune part ? Il faut pour cela examiner le processus avec un peu d’empathie et de bon sens.
Ces gens, ces terroristes, ne sont pas les entités abstraites d’un thriller géo-politique en bande dessinées. Les conflits ne sont pas un jeu vidéo et le sang versé n’est pas une image codée en 2.0.
Contrairement à ce qui vous est débité à longueur de médias, avec images et discours choisis pour vous faire peur, ces terroristes sont des êtres humains de chair et de sang. Ils ne sortent pas d’une éprouvette, n’ont pas été sélectionnés à la naissance pour devenir mauvais. Ils ont été des bébés, bercés par leurs mères ont eu une famille, de l’amour, peut-être – ou peut-être pas. Comme nous. Ce qui nous différencie c’est que beaucoup d’entre eux maintenant sont nés et ont grandi avec ces guerres et leurs atrocités. – très particulières parce qu’asymétriques de par leur ingérence et les moyens mis en oeuvre.
Dans quel état psychologique seriez vous, vous qui nous lisez, dans de pareilles conditions alors qu’en Europe, une simple fessée à un enfant est interdite pour cause de maltraitance ?? Réfléchissez à ce que génère en vous une humiliation publique, sondez le désespoir de la perte d’un proche aimé !
Alors , imaginez-vous dans un village en ruine, vos misérables biens soufflés par un bombardement, votre famille décimée, certains diminués à vie par des blessures bricolées vite fait par des plateaux techniques pauvres en équipement.
Nul n’est épargné : NI vieux, ni pères, ni mères, ni frères, ni femmes , ni bébés, ni amis ni enfants, amis, cousins, voisins voire tout ceux-là ensemble…
Posez-vous honnêtement la question : N’auriez vous pas en vous haine et soif de vengeance vous aussi ? N’écouteriez-vous pas le premier prêcheur venu qui vous assure qu’il va faire cesser cet enfer, ou encore qui vous promet vengeance, gloire, honneur et le paradis (avec l’aide d’une poignée de dollars ?)
Quoi de plus fertile comme terrain de manipulation par n’importe qui que le chagrin et la misère ?
Peut-être êtes-vous certains que non. D’accord, pas vous. mais votre voisin, celui qui vous engueule uniquement parce que votre chat pisse sur ses plate-bandes
Ainsi, nous interrogeons-nous sur notre droit à pointer ces gens du doigt comme des suppos du démon dépourvus de toute humanité. Ils sont très humains au contraire. C’est une barbarie contre une autre barbarie lâchement habillée du nom d’une démocratie que nous sommes incapable de défendre chez nous et part en lambeaux..
De quel droit demanderions-nous à ces peuples martyrisés de montrer une sagesse que nous sommes très loin de posséder nous-mêmes en Occident ?
Oui, le terrorisme est une horreur. Mais il ne vit pas sur n’importe quel terreau, et vous pouvez tourner les choses comme vous voulez, ces terroristes trouvent des adhérents, dans la révolte, l’humiliation et la désespérance dans lesquelles nous devons accepter loyalement notre part de responsabilité.
Quelles magnifiques opportunités que ces haines pour alimenter en combattants sacrifiés d’avance, non seulement les luttes de pouvoir internes mais une géo-politique nauséabonde ! Car nous le savons et c’est maintenant démontré et reconnu par ceux-là mêmes qui en sont les promoteurs, ils existe une instrumentalisation et un financement via des jeux d’alliances par ceux d’Occident que ces conflits arrangent.
Tout ceci est inhumain, écœurant., révoltant.
Il faut vite et tous ensemble briser ce cercle infernal de violence, Il faut vraiment que toute cette barbarie planétaire psychologique et matérielle s’apaise avant que la Terre entière ne s’enflamme. Avec la mondialisation, nous avons changé d’échelle ces 50 dernières années et c’est ce qui nous pend tous au nez.
Il sera alors trop tard pour regretter de ne pas avoir su nous lever pour dire NON à temps.
Galadriel et Capucine
DRONES ET POPULATIONS CIVILES…
Au Pakistan, au Yémen et en Somalie, le gouvernement d’Obama a attaqué 390 fois avec des drones en 5 ans, depuis la première attaque où Fahim Qureshi fut blessé, huit fois plus que le total des opérations lancées pendant le gouvernement de Bush. Les attaques de drones du gouvernement Obama ont tué presque 6 fois plus de personnes que le gouvernement de Bush, et ça continue.
Autres données relevées par le Bureau du Journalisme Investigateur :
1- Civils assassinés par des drones : on estime que les attaques de drones au Pakistan, Yémen et Somalie ont causé la mort de 4000 personnes dont 954 étaient des civils, et 225 des enfants.
2- Qui ordonne les attaques de drones ? : Le directeur de la CIA, John Brennan présente la liste des cibles au Président Obama, qui approuve chacune des attaques de drones.
3- Israël et les drones : Après les Etats- Unis, Israël occupe la 2e place dans la fabrication et la possession de drones. L’Utilisation de drones contre la Syrie remonte à 1982. Les Israéliens ont aussi attaqué le Liban avec de drones. A Gaza, les attaques israéliennes avec des drones ont tué 29 civils dont 8 enfants. A Beyrouth, un drone a tué 6 civils et en a blessé 16.
4- Les drones et le droit international : Les Nations Unies ont affirmé que les attaques avec des drones des Etats- Unis au Pakistan sont illégales et représentent une menace pour les droits de l’homme au regard du nombre important de morts et parce que le Gouvernement du Pakistan s’oppose à ces attaques.
Au sujet du droit international et la mort de civils
Le gouvernement des Etats- Unis justifie les attaques de drones par son droit à se défendre d’Al Qaeda et des autres groupes djihadistes. Les Nations Unies de même qu’Amnistie International et d’autres organismes internationaux des Droits de l’homme, ont dénoncé l’illégalité des attaques de drones, mettant l’accent sur le pourcentage élevé de morts de civils et la faiblesse légale du droit à l’autodéfense invoqué par les Etats- Unis.
Comme le souligne Mary Ellen O’Connell, dans l’article ’La loi internationale sur les drones’, selon les lois internationales, le droit à l’autodéfense est conçu comme réponse à une attaque armée, il ne peut justifier une mesure préventive face à la possibilité d’une attaque dans le futur. L’autodéfense n’inclut pas non plus le droit d’initier une action militaire contre une personne ou un groupe, spécialement quand le pays où se trouvent ces personnes n’est pas responsable de leurs actions [3]. C’est exactement le cas du Pakistan. Le gouvernement de ce pays a dénoncé l’illégalité des attaques de drones des Etats- Unis. (Malgré que certains pakistanais, selon plusieurs plaintes enregistrées par Amnesty International, soient complices de la CIA, en fournissant des informations au sujet de supposés djihadistes, mais en termes légaux, seul le gouvernement d’un pays est autorisé à l’utilisation de la force).
La campagne militaire avec des drones mise en œuvre par la CIA sous le commandement direct du Président des Etats- Unis, est maintenue totalement secrète. Certains législateurs américains ont commencé à exprimer un désaccord face au silence du gouvernement qui se refuse à donner les chiffres des victimes civiles.(3)
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Sondage Gallup : Quel est le pays le plus
dangereux pour la paix dans le monde :
(NB : Les pays en blanc n’ont pas été sondés)
http://www.islametinfo.fr/2015/03/27/quel-pays-menace-le-plus-la-paix-dans-le-monde-sondage/
SOURCES
(1) Par Mathias Delori, Chercheur CNRS au Centre Emile Durkheim de Sciences Po Bordeaux
http://blogs.mediapart.fr/blog/mathiasdelori/080115/ces-morts-que-nous-n-allons-pas-pleurer
(3) http://www.legrandsoir.info/la-scandaleuse-impunite-de-l-assassinat-par-drones.html