Ubuntu, je suis parce que nous sommes

Un anthropologue a proposé un jeu aux enfants d’une tribu africaine.

Il a mis un panier de fruits près d’un arbre et a dit aux enfants que le premier arrivé gagnait tous les fruits. Au signal, tous les enfants se sont élancés en même temps …… en se donnant la main !! Puis ils se sont assis ensemble pour profiter de leur récompense

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Lorsque l’anthropologue leur a demandé pourquoi ils avaient agi ainsi alors que l’un d’entre eux aurait pu avoir tous les fruits, ils ont répondu : « Comment l’un d’entre nous peut-il être heureux si tous les autres sont tristes ? »

Ubuntu est une philosophie humaniste africaine fondée sur une éthique du solidarisme reposant sur la relation à l’autre. C’est la militante libérienne Leymah, Gbowee, prix Nobel de la paix, qui en a donné une définition à méditer : « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous », opposant ainsi le solidarisme à l’individualisme.
Nelson Mandela, l’ex-Président sud-africain, après ses 27 ans en prison pour défendre la liberté des Noirs avant la sienne propre, met l’accent sur deux points de l’Ubuntu que sont l’hospitalité du peuple noir mais aussi le problème de l’enrichissement personnel. Au lieu d’une définition, il préfère raconter la petite histoire que voici : « Un voyageur à travers un pays s’arrêterait à un village et il n’a pas eu à demander de la nourriture ou l’eau. Une fois qu’il s’arrête, les gens lui donnent à manger, le divertissent ». C’est un aspect d’Ubuntu, mais il y a un autre aspect important. « Ubuntu ne veut pas dire que les gens ne devraient pas s’enrichir. La question est donc : qu’allez-vous faire afin de permettre à la communauté autour de vous d’être en mesure de progresser ? ». Chacun pourra y réfléchir car il s’agit bien de donner un sens à la vie, mais aussi un sens au rôle dans la communauté.
Un autre prix Nobel de la paix, l’archevêque Desmond Tutu, évoque Ubuntu en s’appuyant sur un dicton local : « L’Ubuntu est l’essence de l’être humain. Ubuntu signifie que vous ne pouvez exister en tant qu’être humain en isolation. Ubuntu rappelle notre interdépendance. Vous ne pouvez pas être un humain rien que vous seul ; et quand l’on vous reconnaît la qualité d’Ubuntu, vous êtes reconnu et réputé pour votre générosité. Nous nous pensons beaucoup trop souvent juste comme des individus, séparés des uns des autres, alors que nous sommes connectés et ce que nous faisons affecte le monde entier. Lorsque nous faisons bien, cela rayonne et profite à l’ensemble de l’humanité ».
Voici quelques concepts qui font d’Ubuntu un excellent outil de justice et de résolution de conflit. Ubuntu
– est à opposer à la vengeance ;
– est inextricablement lié aux valeurs qui accordent une grande importance à la dignité, la compassion, l’humanité et le respect pour l’humanité de l’autre;
– impose un changement qui consiste à passer de la confrontation à la médiation et à la conciliation, plutôt que l’hostilité et l’intransigeance, voire l’éloignement des parties lors d’un différend ;
– prescrit d’avoir des attitudes positives et de partager en commun les appréhensions ;
– favorise le rétablissement de l’harmonie dans la relation entre les parties et afin que l’harmonie restaure la dignité de l’un sans pour autant ruiner les intérêts de l’autre ;
– favorise la justice réparatrice, celle qui restaure plutôt que la justice distributive, celle qui enlève ;
– favorise la compréhension mutuelle plutôt que la punition ;
– propose les rencontres en tête à tête des parties en conflit en vue de permettre de réduire les différences et de parvenir à une solution concertée plutôt que de promouvoir le conflit et la victoire pour le plus puissant ou celui qui a raison parmi les protagonistes ;
– favorise la civilité et le dialogue courtois sans hypocrisie fondée sur la tolérance mutuelle.

« Quelqu’un d’ubuntu est ouvert et disponible pour les autres, dévoué aux autres, ne se sent pas menacé parce que les autres sont capables et bons car il ou elle possède sa propre estime de soi — qui vient de la connaissance qu’il ou elle a d’appartenir à quelque chose de plus grand — et qu’il ou elle est diminué quand les autres sont diminués ou humiliés, quand les autres sont torturés ou opprimés. » Desmond TUTU

source:http://blogs.mediapart.fr/blog

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