Société en délire : des amendes aux personnes obèses qui n’arrivent pas à perdre du poids
Ou comment pénaliser les victimes d’une situation que l’on crée.
Comme vous le lirez dans le second article, l’obésité frappe essentiellement les couches populaires, c’est à dire celles qui se nourrissent des produits alimentaires bourrées de produits douteux, de mauvaises graisses et de sucres fournis par l’agro-alimentaire. Celles aussi qui se tournent vers la nourriture pour compenser des situations quotidiennes de stress …
T’as pas les moyens, tu bouffes de la merde et tu sera puni deux fois : une première fois parce que tu seras obèse, mal intégré dans une société qui te regardera comme un(e) paria et malade, et une deuxième parce tu seras taxé pour être devenu obèse et malade.
Et si on s’attaquait d’abord à la cause du problème ? Par exemple, exiger en premier lieu des fabricants qu’ils garnissent les rayons de supermarché avec produits sains, contrôlés et qui respectent vraiment les règles de la diététique, pas en fourguant à coup de pubs mensongères des machins enrichis de ceci ou cela qui sont prétendument bons pour la santé. On pourrait aussi interdire les pubs pour les chips, les charcuteries, les biscuits apéritifs, les sodas, les sucreries style Mars ou Lion, les céréales (OGM) noyées dans le sucre, ou le chocolat… La liste est infinie.
Vous dites ?… Ça coûterait plus cher et réduirait la marge bénéficiaire de l’agro-alimentaire ? Ah oui ! Vous avez raison, dans notre système, c’est impensable….
NOUS VIVONS UNE ÉPOQUE FORMIDABLE !
Frapper les personnes obèses au portefeuille, une mesure envisagée en Grande-Bretagne et à Puerto Rico
Infliger des amendes aux personnes obèses qui n’arrivent pas à perdre du poids. L’idée peut sembler brutale. Elle gagne pourtant du terrain dans le monde. Illustration avec deux exemples, venus des deux côtés de l’Atlantique.
À Puerto Rico tout d’abord, le sénateur Gilberto Rodríguez Valle a déposé début février un projet de loi visant tout particulièrement les plus jeunes. Il propose tout simplement de pénaliser financièrement les parents d’enfants obèses.
Si le texte est adopté, ce sont les professeurs qui seront chargés de détecter les cas d’obésité. Des professionnels de santé détermineront alors si la situation est due à une mauvaise hygiène de vie, ou à une maladie. Dans ce deuxième cas, ils mettront en place un programme d’activité physique et de modification des habitudes alimentaire. En cas d’échec au bout d’un an, les parents pourraient avoir à payer jusqu’à 800 dollars (environ 703 euros).
Les allocations dans le collimateur de David Cameron
Plus proche de nous, au Royaume-Uni, le Premier Ministre David Cameron a demandé le 14 février dernier à des experts du ministère de la santé d’étudier une autre proposition détonante : retirer les allocations aux personnes obèses qui refuseraient les secours de la médecine. Certaines personnes « ont des problèmes de poids qu’il serait possible de résoudre, mais préfèrent vivre d’allocations plutôt que de travailler », a critiqué le dirigeant britannique, cité par la BBC. Cette mesure concernerait une allocation baptisée Employment and Support Allowance, qui pourrait aller jusqu’à 108 livres (environ 254 euros) par semaine. Environ 100 000 personnes, écartées du marché du travail pour raison de santé, en bénéficient.
Indignation
Dans l’ensemble, les réactions à ces deux propositions ont été très négatives. L’initiative portoricaine faisait par exemple sortir de ses gonds sur le site ABC News le Dr Nikhil Dhurandhar, qui dirige le département de nutrition à la Texas Tech University : « Quelle est la prochaine étape ?, demandait-il. Va-t-on pénaliser les parents d’enfants souffrant d’autres maladies ? Peut-être le diabète ? Ou le cancer ? »
Quant à Susannah Gilbert, de l’association de soutien aux personnes obèses Big Matters, elle critique ouvertement l’idée de David Cameron : « Je pense qu’il est naïf de penser que les gens ne veulent pas changer de vie », explique-t-elle sur le site de la BBC. Penser qu’ils ne veulent pas d’aide n’est pas vrai. »
Même tonalité côté français. « Ces mesures sont choquantes car discriminantes et totalement inutiles ! », s’indigne le Pr Serge Hercberg, président du Programme national Nutrition Santé (PNNS) contacté par « le Quotidien ». Ce spécialiste de la nutrition tente de rassurer : « Je n’imagine pas que l’on voie ce type de mesures populistes en France, où au contraire le PNNS essaye de mettre en place des moyens de lutter contre toutes les formes de discrimination à l’encontre des obèses. »
Adrien Renaud
VIA :
A RAPPROCHER DE CET ARTICLE DE L’OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS
Deux fois plus d’adultes obèses chez les artisans, commerçants, agriculteurs, ouvriers et employés que chez les cadres supérieurs. L’obésité ne touche pas de la même façon les catégories sociales.
http://www.inegalites.fr/spip.php?article1761