Bel exemple pour nos enfants : La ministre responsable des facs triche sur son diplôme

Un ministre de l’agriculture qui prétend avoir un diplôme en art-déco qu’il n’aurait pas, c’est une tricherie minable, c’est désolant mais il y a juste matière à s’en moquer. Mais que Geneviève Fioraso, Secrétaire d’État à l’Enseignement Supérieur et à la Recherche s’invente un diplôme fantôme, de mon point de vue,  c’est beaucoup plus grave. Vous apprécierez le cynisme de la réponse de son cabinet :

« Geneviève Fioraso a autre chose à faire que de lire sa notice du Who’s Who », répond son cabinet. « Par ailleurs, elle a 60 ans et ne met vraiment pas en avant ses diplômes mais son long parcours professionnel », nous précise-t-on.

Conclusion : Nos enfants sont donc gérés par une tricheuse qui a d’autres chats à fouetter que d’être honnête.

Il serait grand temps d’organiser un « politic-wahing ». Il y a vraiment quelque chose de pourri dans le royaume de France.

Le diplôme fantôme de la ministre des universités

La secrétaire d’État à l’enseignement supérieur et à la recherche, Geneviève Fioraso, s’est inventé une maîtrise d’économie qu’elle n’a en réalité jamais obtenue. Elle n’a même jamais suivi aucun cursus dans cette matière, contrairement à tout ce que racontent ses biographies officielles qu’elle n’a jamais pris soin de corriger. 

Certains l’avaient surnommé « le gouvernement des agrégés ». À l’arrivée du premier gouvernement Ayrault, la presse avait beaucoup glosé sur la composition d’une équipe faisant, aux côtés des habituels énarques, la part belle aux agrégés et aux docteurs. Alors inconnue du grand public, Geneviève Fioraso, la nouvelle ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, dans cette équipe de surdiplômés, n’avait pas, et de loin, le CV le plus rempli. La plupart des portraits qui lui ont été consacrés depuis son entrée en fonctions à la tête de ce difficile ministère ont d’ailleurs insisté sur ce qui pouvait constituer un handicap, dans un monde universitaire très sensible aux diplômes.

« Son CV n’affiche « que » deux maîtrises (anglais et économie) alors que la plupart de ses copains du PS sortent des grandes écoles de la République », rappelait par exemple Le Monde. Dans un registre plus psychologique, Libération décrivait ainsi son parcours : « Étudiante normale : une hypokhâgne, puis double maîtrise en anglais et économie qui a pu sembler bien maigre à ses deux parents passés par l’École normale supérieure. » Un portrait qui visiblement plaît à celle qui est encore ministre (depuis le remaniement, elle est devenue secrétaire d’État au sein du grand ministère de l’éducation nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche), puisqu’elle le met sur son site personnel.

Geneviève FiorasoGeneviève Fioraso © LD

Si contrairement à la plupart de ses collègues du gouvernement, sa biographie publiée sur le site de Matignon ne mentionne pas ses diplômes, précisant juste qu’elle a été « professeur d’anglais et d’économie », les sites Wikipédia, Acteurs publics, les biographies.com… font tous état des deux maîtrises de la secrétaire d’État.

Or, comme l’a découvert Mediapart, Geneviève Fioraso n’a jamais eu de maîtrise d’économie et n’a même jamais suivi aucun cursus dans cette matière. Après nous avoir affirmé la veille que « Geneviève Fioraso a évidemment ses deux maîtrises », et promis de nous envoyer les détails précis desdits diplômes, son cabinet a reconnu ce vendredi qu’elle « n’a pas de maîtrise d’économie. C’est une erreur du Who’s Who que nous allons faire corriger. La confusion est peut-être venue du fait qu’elle a eu une maîtrise d’anglais à l’université de Metz avec une option économie ». Entretemps, nous avions effectivement obtenu des précisions des universités concernées qui ne trouvaient trace d’aucun cursus d’économie.

Fondée sur les déclarations de l’intéressée, la fiche de Geneviève Fioraso dans le Who’s Who stipule qu’elle a bien deux maîtrises « d’anglais et d’économie ». Actualisée chaque année, et soumise aux personnes concernées, ces fiches font l’objet de corrections si nécessaire.

Fiche du Who's WhoFiche du Who’s Who © LD

Le Who’s Who précise même que les « diplômes (sont) vérifiés auprès des grandes écoles », mais renseignement pris, la publication ne vérifie pas les cursus universitaires, surtout au niveau maîtrise, nous explique-t-on. Première surprise, à aucun moment Geneviève Fioraso n’a donc fait corriger cette erreur, laissant prospérer à longueur de portraits l’idée qu’elle possédait un double cursus. Contactée, la rédaction du Who’s Who nous indique même que la secrétaire d’État a récemment demandé, le 7 août dernier, par un courriel de son secrétariat, de petites modifications concernant une date de fin de poste ou un intitulé de commission parlementaire, mais n’a strictement rien dit des diplômes qui lui étaient faussement attribués.

« Geneviève Fioraso a autre chose à faire que de lire sa notice du Who’s Who », répond son cabinet. « Par ailleurs, elle a 60 ans et ne met vraiment pas en avant ses diplômes mais son long parcours professionnel », nous précise-t-on.

L’alerte de l’université d’Amiens

Il n’est heureusement nul besoin d’avoir fait des études pour être ministre, mais il n’est pas non plus nécessaire de mentir sur son CV. En 2007, alors qu’elle vient d’être élue députée de l’Isère, Le Guide du pouvoir sur les députés, sorte de trombinoscope des élus, précise lui aussi qu’elle est titulaire d’une maîtrise d’anglais et d’une autre d’économie. À la rédaction du guide, Benoît Bidoret nous précise, après avoir consulté leurs archives – qui ne sont pas publiques – détenir un CV envoyé par l’intéressée et faisant état de ses deux diplômes.

Guide du pouvoir, les députés. fiche de Geneviève FiorasoGuide du pouvoir, les députés. fiche de Geneviève Fioraso © LD

 

Dans le milieu universitaire, les interrogations sur le cursus suivi par Geneviève Fioraso ont commencé à se faire jour il y a plusieurs mois. À la nomination de Najat Vallaud-Belkacem à la tête du grand ministère regroupant éducation nationale, enseignement supérieur et recherche, l’université d’Amiens aurait souhaité communiquer sur le fait que les deux ministres en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche étaient issues de ses rangs, puisque la jeune ministre a fait une partie de ses études à Amiens. Pourtant, après vérification, l’université ne peut que constater que Geneviève Fioraso n’a pas obtenu ses maîtrises à Amiens et renonce donc à ce petit coup de pub.

Intrigués, certains universitaires d’Amiens décident d’interroger le cabinet de la secrétaire d’État sur le détail de son cursus universitaire dès le mois de septembre, jugeant étonnant son cursus en sciences économiques. Un membre éminent de son cabinet leur répond que la ministre a bien les diplômes en question, mais qu’elle les a obtenus « au terme d’un parcours compliqué entre Amiens, Reims et Metz ».

Ils n’obtiendront jamais plus de détails et leurs courriels demandant plus de précisions resteront sans réponse. Alerté, Mediapart avait également interrogé par écrit le cabinet à ce sujet fin septembre, avant qu’oralement un conseiller nous fasse vertement comprendre qu’il y avait sans doute des sujets plus importants à traiter et qu’il n’y avait d’ailleurs aucune zone d’ombre dans son parcours.

Selon nos informations, la secrétaire d’État devrait, pour des raisons de santé, quitter le gouvernement dans les semaines à venir. Sans doute au lendemain des départementales, comme le lui a demandé François Hollande. Ce nouveau mensonge d’un membre du gouvernement, qui surgit quelques semaines après nos révélations concernant son incroyable conflit d’intérêts dans le domaine des nanotechnologies, pourrait néanmoins contrarier ce calendrier.

http://www.mediapart.fr/journal/france/200215/le-diplome-fantome-de-la-ministre-des-universites