Bio-informatique : Ce disque dur à base d’ADN stocke des données durant 1 million d’années
Crédits : Philipp Stössel/ETH Zurich
Les scientifiques savent depuis longtemps que l’ADN est un support de stockage idéal. En théorie, à peine un gramme d’ADN peut permettre de stocker pas moins d’un milliard de gigabits. De quoi y stocker largement les données de tous les utilisateurs de Facebook…
Quant à la façon de procéder, elle a été également imaginée depuis plusieurs années déjà : il « suffit » d’affecter la valeur « 0 » ou « 1 » aux quatre célèbres bases azotées qui composent l’ADN : l’adénine, la thymine, la cytosine et la guanine. Par exemple, en affectant la valeur « 0 » à l’adénine et la cytosine, et la valeur « 1 » à la thymine et à la guanine.
Mais la question est de savoiir comment préserver durablement ces informations ainsi stockées dans le fragment d’ADN. En effet, sans protection, un fragment d’ADN peut facilement être déterioré si les conditions environnementales ne sont pas adéquates.
Pour résoudre ce problème de la conservation des données, des chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH) ont encodé dans un fragment d’ADN la Charte Fédérale Suisse de 1921, ainsi que la Méthode des théorèmes mécaniques d’Archimède. Soit un volume de données représentant au total 83 kilobits.
Une fois ces données encodées, les scientifiques suisses ont encapsulé ce fragment d’ADN dans une sphère de verre de 150 nanomètres de diamètre. La sphère a ensuite été exposée à une température de 60 à 70°C, afin de simuler les attaques environnementales qu’un tel objet subirait au cours de plusieurs centaines d’années.
Résultat : malgré ce processus de vieillissement accéléré, les auteurs de ces travaux se sont aperçus que les données ainsi stockées pouvaient être parfaitement lues.
Fort de ce résultat, les scientifiques suisses ont calculé que des données stockées de cette manière, et conservées à une température de -18°C, pourraient être parfaitement préservées durant un million d’années.
Ces travaux ont été publiés le 4 février 2015 dans la revue Angewandte Chemie, sous le titre « Robust Chemical Preservation of Digital Information on DNA in Silica with Error-Correcting Codes ».
Patricia Courand pour :