ALLO le 115

Le nombre de SDF en France a explosé en dix ans

10 millions de personnes sont aujourd‘hui touchées, de près ou de loin, par la crise du logement

ET il y a presque trois fois plus de logements vides que de sdf en europe.

C’est une première dans le département. Les travailleurs sociaux du 115 de Seine-Saint-Denis, chargés de répondre aux sans-abri, étaient en grève jeudi 12 février afin de dénoncer le manque de places d’hébergement d’urgence et de moyens alloués à leur mission. Cette grève prendra fin à 17 heures. « Nous répondrons aux demandes des personnes à la rue. Le but, ça n’est pas de les pénaliser », souligne Philippe Martel, président de l’association Interlogement 93, qui gère le 115 dans le département.

« L’objectif du mouvement est avant tout symbolique », ajoute-t-il. Les salariés d’Interlogement 93 entendent dénoncer « le peu de solutions disponibles face à l’affluence des demandes », ainsi que « les conditions dans lesquelles il est demandé aux professionnels du social d’intervenir ». « La masse des personnes dépourvues d’hébergement et de logement ne fait qu’augmenter depuis plusieurs années, rappelle l’association dans un communiqué. La conjonction de tous ces facteurs génère des tensions entre les professionnels qui de part et d’autre cristallisent les incohérences d’un système à bout de souffle. »

« POINT DE SATURATION »

Selon Interlogement 93, le 115 de Seine-Saint-Denis recevait en moyenne 3 400 appels par jour pour 14 écoutants en 2013. En 2014, il en recevait en moyenne 6 800 pour 15 écoutants et la durée d’attente pour avoir un interlocuteur pouvait dépasser trois heures. « Beaucoup se découragent, de nombreux appels ne peuvent pas être décrochés, témoigne Philippe Martel. On est arrivés à un point de saturation. C’est insupportable pour tout le monde. » Sur la journée du 2 février, le 115-93 a ainsi reçu 18 933 appels de 760 numéros différents. Seuls 485 appels ont pu être décrochés, précise l’association.

Cette grève intervient « en continuité et en soutien » avec la « nuit solidaire pour le logement », organisée dans la nuit de jeudi à vendredi à Paris, par 33 associations qui viennent en aide aux sans-abri. Cette mobilisation se tiendra de 18 heures à 6 heures, sur la place de la République, où auront lieu des concerts, des interventions de personnalités et des témoignages de personnes confrontées au mal-logement. Un espace de matelas sera installé pour les personnes qui souhaiteront dormir sur place la nuit en solidarité avec les personnes à la rue, et une grande soupe populaire et un petit déjeuner le lendemain seront offerts.

Le nombre de sans-abri laissés sans solution d’hébergement par le 115 a « explosé » en novembre, avec plus de 9.000 personnes laissées à la rue
Le nombre de sans-abri laissés sans solution d’hébergement par le 115 a « explosé » en novembre, avec plus de 9.000 personnes laissées à la rue, a annoncé lundi la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars).

En un an, de novembre 2013 à novembre 2014, le nombre de personnes qui ont appelé le 115 mais qui se sont retrouvées sans solution d’hébergement a doublé, précise la Fnars, qui publie son baromètre mensuel de l’hébergement d’urgence, à partir des données issues de 37 départements.

En novembre, sur les plus de 17.000 personnes qui ont appelé le 115 dans ces 37 départements, plus de 9.000 sont restées sans solution (52% des demandes), ce qui représente 4.500 personnes en famille, près de 1.000 femmes seules et plus de 3.000 hommes isolés.

A Paris, les demandes non pourvues ont progressé de 43% en un an.

Au total, 18 des 37 départements du baromètre 115 ont enregistré en novembre des taux de non attribution de places compris entre 60% et 96%: Plus de 3.000 SDF étaient ainsi sans solution d’hébergement dans le Rhône, entre 500 à 700 en Haute-Savoie, dans le Val-d’Oise et la Loire, entre 255 et 450 en Indre-et-Loire, Ille-et-Vilaine, dans la Marne, les Bouches-du-Rhône, la Loire-Atlantique et les Yvelines.

Cette explosion du nombre de personnes sans solution est notamment liée à l’augmentation des demandes: les deux tiers des départements du baromètre ont enregistré une hausse du nombre de personnes qui les sollicitent.

Les sollicitations des familles restent les plus nombreuses (7.900 personnes en famille), devant celles des hommes seuls (6.500). Les femmes seules représentent 10% des demandes, soit près de 1.800 personnes.

Mais paradoxalement, le nombre d’attributions de places a lui aussi augmenté: sur les 73.229 demandes d’hébergement faites en novembre, 24.872 ont donné lieu à une solution d’hébergement, ce qui représente un taux d’attribution de places de 44%, en progression de 14% par rapport à novembre 2013, notamment grâce à l’ouverture de places hivernales et l’augmentation du recours à des hôtels.

L’ouverture de places hivernales « n’est pas suffisante pour répondre à l’ensemble des demandes », souligne la Fnars, qui déplore un recours à l’hôtel « de plus en plus mobilisé », alors que ces solutions sont « insuffisantes en nombre, coûteuses et inadaptées qualitativement pour sortir durablement les personnes de l’urgence ».

 

L’Union européenne estime à 4,1 millions le nombre de sans-abris en Europe. Mais la faute n’incombe pas au manque de logements: plus de 11 millions seraient vides sur notre continent, estime The Guardian dans un article publié dimanche soir. Soit près de trois fois le nombre de SDF.

L’Espagne (3,4 millions de logements vacants), la France (2,4 millions), l’Italie (entre 2 et 2,7 millions), l’Allemagne (1,8 million), le Royaume-Uni (700 000), le Portugal (735 000)… Aucun pays n’est épargné pas ces « logements fantômes ».

Nombre de ces habitations vides ont été achetées par des gens qui n’ont jamais vraiment eu l’intention d’y vivre, note le quotidien.

Les militants pour le droit au logement s’indignent de ces « incroyables chiffres » et dénoncent « un gaspillage choquant ». « Les maisons sont faites pour que les gens y vivent. Si elles ne sont pas occupées c’est que le marché du logement est dans l’erreur », indique notamment au quotidien britannique David Ireland, directeur de l’association Empty Homes.

Sans surprise, les sans-domicile disposent de ressources mensuelles très faibles: 80% ont moins de 900 euros par mois, et 30% n’atteignent pas 300 euros. Plus des trois quarts sont inactifs ou au chômage et, plus inattendu, 24% travaillent, mais occupent souvent des emplois à temps partiel, peu qualifiés et précaires. Ils sont majoritairement employés ou ouvriers, et 22% n’ont aucun contrat de travail. Plus de 4 SDF sur 10 n’a jamais vécu dans un logement personnel indépendant. Et pour ceux qui en ont déjà eu un, 35% l’ont perdu à cause de difficultés familiales (séparation, décès du conjoint, violences conjugales), 30% en raison de problèmes financiers (perte d’emploi, loyers trop élevés, expulsions, etc.).

En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/societe/il-y-a-presque-trois-fois-plus-de-logements-vides-que-de-sdf-en-europe_1494601.html#IRVWJxurKDRpOUwt.99

http://www.fondation-abbe-pierre.fr/19e-reml

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