Un méga projet minier menace la Grande Barrière de Corail
Le projet vise l’extraction annuelle de plus de 60 millions de tonnes de charbon !
La grande barrière de corail, c’est ça : (4’06)
Si vous disposez d’un peu plus de temps (26’56)
L’Australie vient de donner le feu vert définitif à ce qui pourrait devenir la plus importante mine de charbon au monde, un projet qui produira des quantités massives de gaz à effet de serre et qui aura aussi des impacts négatifs durables sur la Grande Barrière de corail.
Le projet Carmichael Coal Mine, de la multinationale indienne Adani, pourra donc voir le jour en plein coeur du Queensland, dans le nord-est du pays. Plus de 60 millions de tonnes de charbon doivent être tirées du sol chaque année, et ce, sur une période de près d’un siècle.
Le conglomérat Adani estime que la seule extraction produira trois milliards de tonnes de gaz à effet de serre au cours de la durée de vie de la mine. Sa combustion entraînera aussi l’émission de 130 millions de tonnes de gaz à effet de serre chaque année — l’équivalent du cinquième des émissions canadiennes —, selon Greenpeace.
Ce mégaprojet minier va de pair avec la construction d’un chemin de fer qui doit permettre de transporter le minerai jusqu’au port en eau profonde Abbot Point, situé dans le nord-est du pays. Le projet du groupe Adani augmentera d’ailleurs de 70 % les exportations de charbon de ce port.
Critiques de l’UNESCO
Le projet risque toutefois d’avoir des impacts irréversibles sur la Grande Barrière de corail. Il faudra en effet agrandir significativement les installations du port. Pour ce faire, quelque cinq millions de tonnes de sols des fonds marins devront être draguées et larguées tout près du parc marin protégeant en théorie la Grande Barrière des risques de dommages environnementaux.
Ces millions de tonnes de sédiments pourraient bien étouffer les coraux. L’UNESCO a d’ailleurs critiqué le mois dernier l’intention du gouvernement australien d’autoriser l’agrandissement du port Abbot Point. Exprimant ses « regrets » quant au feu vert donné par l’État au promoteur du projet, l’UNESCO a jugé insuffisantes les études concernant des « alternatives » qui auraient permis de réduire l’impact environnemental du futur port.
Malgré la pression intensive exercée par l’Australie, le Comité du patrimoine mondial a réitéré qu’il pourrait inscrire la Grande Barrière de corail sur la liste du patrimoine en péril dès 2015.
Coraux en péril
L’état de santé de la Grande Barrière ne cesse en effet de se détériorer. Selon les résultats d’une étude américaine publiée l’automne dernier, elle a perdu la moitié de ses coraux en à peine trois décennies.
Les écosystèmes du récif présentent « une tendance à la dégradation de leur état en raison d’une qualité de l’eau qui reste mauvaise et des effets cumulatifs du changement climatique et d’une augmentation, en fréquence et en intensité, des événements [météorologiques] extrêmes », selon un rapport publié l’an dernier par Canberra.
D’autres menaces risquent fort de nuire au retour des coraux. Toute la zone maritime souffre de plus en plus des impacts de l’acidification des océans, un phénomène directement lié à l’accroissement constant des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Une situation que le charbon contribue d’ailleurs à aggraver.
La Grande Barrière abrite une très grande biodiversité. Celle-ci couvre une superficie de 348 000 kilomètres carrés, au nord-est de la côte australienne. Inscrite sur la liste du patrimoine mondial en 1981, elle abrite 400 espèces de coraux, 1500 espèces de poissons et 4000 espèces de mollusques.
Alexandre Shields pour :