Le terrorisme des médias, et la politique du Talion
Cet article a été rédigé avant l’attentat de Charlie Hebdo, il n’en est que plus frappant ! Ce que nous voyons et entendons en ce moment vient confirmer cette analyse que je vous recommande.
Lâchons nos peurs, nos à-priori, nos pré-supposés, ouvrons nos esprits, réfléchissons. En comprenant les mécanismes dans lesquels nous sommes enfermés, nous gagnerons en liberté, en justice, et in fine, en humanité.
« Un policier blanc tue un jeune noir. Les premiers sont innocentés, les médias en font un symbole, qui s’auto-alimente. Puis un autre policier blanc tue un autre noir, encore plus jeune, qui jouait dans un parc avec un faux pistolet. En France, un fou agresse des policiers, un autre fonce dans les gens, en représailles qui aux enfants palestiniens, qui aux islamophobes… enfin on le suppose. Les médias répercutent l’info, et l’autre soir on apprenait un autre drame, d’un autre fou qui lui aussi a foncé sur la foule…
C’est à croire que les médias servent les idées toutes prêtes à tous les fous qui le sont rendus par la vue quotidienne d’autres fous. Demain un policier ira tirer sur un musulman, et puis un musulman ira ensuite faire de même sur un juif, qui s’en prendra à un noir qui se vengera sur un policier… jusqu’à quand ? Ce phénomène de diffusion de la folie peut apparaître comme une conséquence de la « fameuse » Loi du Talion (oeil pour oeil, dent pour dent). Et avec une telle philosophie on peut décimer la moitié de la population rapidement.
Mais ce phénomène serait-il le même si les médias ne jouaient pas le rôle d’amplificateur de faits divers ? Car c’est pourtant bien de faits divers dont il s’agit. A chaque fait divers on évoque le terrorisme comme première hypothèse, ou le fait racial, alors qu’en réalité il s’avère la plupart du temps qu’il n’en est rien : Les flics tirent trop vite parce qu’ils ont peur (ils regardent eux-aussi la télé), et les fous sont conditionnés par les nouvelles qu’ils apprennent chaque jour, que ce soit les amalgames concernant les musulmans ou ceux concernant la police. La preuve en est que celui dont on disait qu’il avait crié « Allah est grand » ou un truc du genre n’était pas le meurtrier mais un témoin qui, d’après ce que j’en ai compris, a lancé cette phrase comme un autre aurait dit « A la grâce de Dieu » ou quelque chose comme ça… En réalité c’est comme ces clowns qui ont effrayé la population en quelques jours, après que les médias aient tous relayé la même info sur « ces clowns qui font peur » : ils ont disparu aussitôt qu’on n’en a plus parlé.
C’est ensuite, et toujours par l’intermédiaire des médias, que les politiques font le boulot, avec leurs « experts » et leurs « analyses », les médias avec leurs titres « choc » : doit-on craindre une vague terroriste en France ?
« Cela rend possible des vagues de meurtres à répétition. Les forces de l’ordre deviennent des cibles, on peut craindre des enlèvements », évoque un ex-conseiller au ministère de l’intérieur, avant d’ajouter plus loin : « La question est celle de l’internement préventif des individus dangereux. Sommes-nous prêts à renoncer à une partie de nos libertés individuelles pour assurer l’ordre public? Ce sera tout le débat des années à venir. »
Dorénavant tout le monde va avoir peur, doit avoir peur : les policiers et les citoyens de tous les barbus qu’ils croisent, et tous les barbus (musulmans ou pas!) de tous les autres. Un peu comme cela se produit avec les roms dans les lieux publics parisiens : les gens s’accrochent à leur sac dès qu’ils aperçoivent une ou deux jeunes filles qui « ont l’air » de roms, ou la haine leur vient lorsqu’ils croisent un femme en burqa, comme si elle était prête à tout faire exploser en se baladant dans la rue.
Et du coup, cela permet de justifier l’internement préventif des individus dangereux ! imaginez ce que cela signifie. Va-t-on mettre les musulmans dans des camps, et peut-être aussi les opposants politiques, au cas où ? renoncer à une partie de nos libertés individuelles pour assurer l’ordre public, alors que quelques lignes plus haut ce même monsieur disait bien lui-même que l’islam était un prétexte et qu’il était impossible de prévoir de tels actes qui sont le fruit de déséquilibrés fragiles ?
Et on va nous parler de Zemmour, de Le Pen ou de je ne sais qui … Mais quand va-ton comprendre enfin que nos dirigeants n’attendent que ça qu’on se divise et se batte , ce qu’ils veulent c’est supprimer suffisamment de libertés pour enfin pouvoir laisser la bulle économique crever sans risquer de voir les mouvements sociaux emporter l’Etat et leurs sièges avec.
Et puis il y a eu la Suède et une bombe dans une mosquée, ou la réponse « du berger à la bergère » avec la Corée du nord et le film « The interview » ; et demain ce sera quoi ? Tous les faits divers, tous les fous du monde se trouvent désormais assimilés a priori à des terroristes en puissance.
Le fait d’évoquer cette piste comme première hypothèse immisce dans l’esprit de ceux qui s’informent un doute perpétuel quant à tous ces événements : un bateau en flammes en Grèce -pourquoi pas un acte de terrorisme ?, un avion qui disparaît au dessus de l’océan -pourquoi pas un acte terroriste ?… Le racisme étant le socle de violence sur lequel s’appuient les gouvernants du monde entier pour justifier le contrôle et la surveillance généralisée des citoyens (afin qu’ils n’aient pas le pouvoir de se rassembler pour lutter contre ceux qui les appauvrissent, ou qui se préparent à les appauvrir encore), il est tout à fait bénéfique aux gouvernants de laisser cette « ambiance » de peur et de haine s’installer… la Loi du Talion fera le reste. Et même si on apprend plus tard que tous ces fous n’ont pas besoin de Dieu pour l’être, qui cela intéressera-t-il? Que croyez-vous qu’on retiendra ?
Alors qu’autrefois les faits divers macabres mettaient plusieurs mois à traverser l’Atlantique ils mettent désormais moins d’une heure à parcourir la planète. Tout comme les idées révolutionnaires… et c’est bien contre cela que nos gouvernants se prémunissent… Combien de temps allons-nous encore nous faire berner ? »
Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr
De mon point de vue, elle l’a toujours été. Pensons à l’histoire et aux foules qui assistaient aux supplices publics. Le sang attire les hyènes… Sauf que maintenant, la violence est devenue virtuelle, banale, et possiblement partagée par la planète toute entière. On a pas à assumer par sa présence ce qui se joue sous nos yeux. Le roi Buzz impose sa loi et normalise ceux qui exhibent sans retenue comme ceux qui regardent… Là encore la question se pose de la responsabilité des médias.
‘La violence est devenue un spectacle’
Un technicien a filmé les terroristes en train d’abattre un policier alors qu’ils venaient juste de commettre le massacre de l’équipe de rédaction du journal satirique Charlie Hebdo, puis il a mis cette vidéo en en ligne, avant de regretter son acte. Peut-être a-t-il réalisé que l’homme qui a été assassiné sous ses yeux avait aussi une famille. Ou peut-être qu’il pensait qu’il jouait à un jeu virtuel sur la Playstation? Le journal grec Phileleftheros s’inquiète de cette dérive de nos sociétés :
« Il y a 2 ou 3 ans, la première réaction de ces personnes aurait été d’appeler la police, ou de descendre pour voir ce qui se passait, ou de se cacher de peur de mettre leur propre vie en danger. Aujourd’hui, elles n’utilisent plus le téléphone pour appeler à l’aide, mais pour filmer le massacre et en faire un spectacle pour elles-mêmes et le reste du monde, qui digère ces images de violence mécaniquement, sans trop y réfléchir, ou s’en soucier. Et si elles avaient été les victimes, elles auraient fait de même : les otages dans le supermarché casher à Paris ont pris des selfies tandis qu’ils se cachaient dans le réfrigérateur (…) Notre familiarité avec la violence est épouvantable ».
http://www.express.be/joker/fr/platdujour/la-violence-est-devenue-un-spectacle/210630.htm