Michèle Delaunay : Les pesticides « ne sont plus cancérigène »

Avec des députés comme ça on est pas sorti de la m…e !

Vous noterez que cette femme de pouvoir, qui vote à l’Assemblée, est députée de Bordeaux, une des capitales viticoles Française. À la rigueur, elle eût été députée du Nord Pas de Calais on pourrait comprendre qu’elle ne soit pas très au fait des problèmes que rencontrent les vignerons.. Mais là ! C’est dramatique ! Avec des politiques aussi bien informés pour nous défendre,  le TAFTA a de beaux jours devant lui…

Alors comme ça, les pesticides « ne sont plus cancérigènes » ?

Répondant à une militante anti-pesticides dont le frère, employé viticole, est décédé d’un cancer, la députée de la Gironde Michèle Delaunay s’est fendue vendredi soir d’un tweet surprenant, niant la toxicité cancérigène des « produits de la culture de la vigne ».

Un cancer dû « au soleil » ?

Pour Michèle Delaunay, un employé viticole peut contracter et éventuellement mourir d’un cancer dû « au soleil ». Et non pas parce qu’il travaille dans un environnement à risque, du fait de l’usage de pesticides dans la vigne.

Un cancer dû « au soleil » ? Au-delà de ce diagnostic étonnant, c’est le déni du caractère cancérigène des pesticides qui surprend le plus dans cette affirmation de Michèle Delaunay :

« Les produits de la culture de la vigne ne sont plus cancérigènes. »

Pour être certain de savoir de quoi elle parlait, je lui ai demandé de préciser ce qu’elle entendait par « produits de la culture de la vigne » :

Une confirmation d’autant plus surprenante que l’ex-ministre et députée de la Gironde est cancérologue de formation.

Elle doit donc savoir que la toxicité des pesticides de synthèse hors de leurs champs d’application – et notamment leur caractère cancérigène – est confirmée par de nombreuses études.

C’est l’Inserm qui le dit

On n’en rappellera qu’une, sans doute la plus importante produite récemment, à savoir le long rapport d’expertise de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) qui, s’appuyant sur 30 années de recherches internationales, a démontré les liens existants entre exposition aux pesticides et pathologies lourdes, dont de nombreux cancers. Les agriculteurs manipulant ces produits étant fatalement les plus exposés.

Ignorance incompréhensible ou œillères volontaires ? On peut s’interroger, sachant que Michèle Delaunay est députée de la Gironde – un département où la vigne est (à juste titre) quasiment sacrée, et où l’usage des pesticides de synthèse concerne encore 92% du vignoble (en 2012, sur les 123 000 hectares de vignes de la Gironde, seuls 11 000 hectares étaient conduits en bio ou en conversion).

Marie-Lys Bibeyran, qui milite contre les pesticides depuis que son frère employé viticole est décédé à 47 ans d’un cancer des voies biliaires, a d’ailleurs répondu plus longuement à la députée, laquelle a alors réagi avec un peu moins d’assurance qu’initialement :

suis très touchée par ce témoignage et vais me renseigner de savoir si un cancer des voies biliaires peut être professionnel

Mise à jour du 22/12 : suite à la polémique suscitée par son tweet, Michèle Delaunay a exercé un droit de réponse sur Rue89 Bordeaux :

« Il faut noter que le mot “pesticides” est devenu un vrai fourre-tout. Je n’aurais peut-être pas dû dire qu’ils ne sont plus cancérigènes, mais que ce sont des cancérigènes faibles et incertains, depuis que l’arsenic a été interdit en 2001. Ce qui m’agace, c’est que les écolos montent en mayonnaise la question des pesticides mais ne disent rien sur le tabac dont il est prouvé qu’il est le facteur n°1 de risque de cancer évitable, devant l’alimentation, l’alcool et le soleil, et loin, très loin devant les facteurs environnementaux qui incluent pollution et pesticides. »

Antonin Iommi-Amunategui

 

SOURCE :  http://blogs.rue89.nouvelobs.com/no-wine-is-innocent/2014/12/20/alors-comme-ca-les-pesticides-ne-sont-plus-cancerigenes-233964