« Relancer la croissance » : Est-ce ce que nous voulons vivre ?
Pour comprendre ce qui nous attend si nous restons dans l’apathie. « Il faut relancer la croissance ». Cette injonction martelée comme une incantation dans ces médias (tenus par les grands patrons du CAC) tente de nous implanter l’idée qu’il n’y a pas d’alternative. C’est facile de prôner l’austérité pour les autres lorsqu’on est un bobo installé dans les coulisses du pouvoir…
Voici trois articles :
Un pour bien saisir l’aveuglement du système et ce vers quoi il veut nous emmener, et deux autres pour en mesurer les conséquences si nous laissons faire… Tout est là. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il n’y a aucune raison pour que nous y échappions. Les espagnols n’ont sans doute pas cru qu’ils rejoindraient la grecs dans la misère, et pourtant….
A nous de savoir ce que nous choisissons de vivre ou de faire vivre à nos enfants.
Après avoir écouté les péroraisons de ce valet du système et ses préconisations, en voici les résultats :
C’est ainsi que les Grecs (sur)vivent…
Après cinq années de crise financière et économique, la Grèce meurt de faim. Le Secours Populaire Français a organisé, il y a quelques semaines, une vaste opération pour apporter 120 tonnes de nourriture.
À l’entrée du stade Glaukos de Patras, des dizaines de Grecs attendent. Derrière l’imposante porte d’entrée du gymnase, la toile de fond est sombre : une friche industrielle. Les mots qui fusent de l’attroupement sonnent clair : « Dites aux Français que nous avons faim ! Que si nous sommes ici, c’est parce que nous avons le ventre vide. Et dites leur merci, aussi ! » 2014… un jour de novembre en Grèce. Pas comme les autres.
Si ces dizaines de Grecs attendent, c’est parce qu’ils ont été sélectionnés par Solidarité populaire, l’association grecque partenaire du Secours populaire français (SPF), pour recevoir des colis de nourriture.
Au total, le SPF a dépêché 5 camions, et 120 tonnes de nourriture pour venir en aide à la population qui crie famine. « La situation de nos amis grecs nous inquiète beaucoup, explique Julien Lauprêtre, le Président du SPF. Ici, je vois la misère, la pauvreté gagner du terrain ».
Que ce soit à Patras, où le SPF passe la troisième journée de sa mission, ou à Athènes, les deux jours précédents, les images se ressemblent : magasins fermés le long des rues, maisons « à vendre » à perte de vue, mendiants aux entrées des métros…
La crise pour tous
« Avant la crise, nous pouvions survivre. Je travaillais dans les champs… Maintenant il n’y a plus de boulot pour nous », témoigne Nikos Cherasiotis. À 44 ans, il n’a pas eu entre ses mains un seul outil depuis 2011. Il vit avec sa femme et leurs quatre filles dans un logement social, mais ne perçoit aucune indemnité chômage – qui n’est versée que pendant une année après la perte d’un emploi salarié.
Alors, il « reste à la maison. La situation est de pire en pire. Ma femme et moi sommes obligés de faire l’aumône », poursuit-il. « Vous savez, il n’y a même plus de travail sur le port », affirme ce natif de Patras qui se rappelle de l’heure où la ville était un centre de transit important.
Des témoignages comme celui de Nikos se multiplient. Panayotis Panayotopoulos, 39 ans, travaillait lui aussi dans les champs avant de se retrouver au chômage comme sa femme, Catherina Kokoni, âgée de 33 ans. « Est-ce que nous sommes des citoyens de seconde zone ? » demande-t-elle.
No future
Panayotis et Catherina ont sept enfants : « Nous ne pouvons même plus les nourrir ». Le sourire perce sur leurs visages quand l’enseignante de l’un de leurs enfants, bénévole pour l’association Solidarité populaire, affirme : « votre fille est une très bonne élève, studieuse et agréable ». Il est de courte durée. « Mais trouvera-t-elle un travail ? », interroge le père.
Cette question taraude tous les esprits dans ce pays de 10,8 millions d’habitants où le chômage atteint des records. En juillet 2014, 26,4 % des actifs étaient sans emploi selon Elstat, l’office grec des statistiques. Ce taux s’élevait à 9,6 % en juillet 2009. Aujourd’hui, 50,7 % des 18 — 25 ans sont au chômage alors qu’il se chiffrait à 26,3 % en décembre 2008, lorsqu’a éclaté la révolte des jeunes, à Athènes.
Dans le pays, il n’est plus de famille dont un des membres, au moins, ne soit sans emploi. Et ceux qui ont encore un travail connaissent une diminution singulière de leurs revenus. Politis Evangelos est professeur de géographie humaine à l’Institut technologique de Patras. Sur son temps libre, il est venu aider à la distribution des précieux sacs de nourriture.
Réduction de salaires
« Tout le monde est touché par la crise et les politiques menées, explique-t-il. Mon salaire a été baissé de 30 % depuis 2010. Avec les hausses de taxes et l’introduction de nouveaux impôts, j’estime que mon revenu annuel a diminué de 50 %. » « C’est une thérapie de choc qu’a subie le pays », analyse Christos Triantafillou.
Pour ce chercheur à l’Institut du Travail, « la crise de la dette a servi de prétexte pour imposer des politiques drastiques d’austérité budgétaire et de dévaluation interne, insistant exclusivement sur des politiques de l’offre, en sous-estimant le rôle de la demande, de la répartition des revenus et de la justice sociale. »
Dans le cadre des mémorandums signés, depuis 2010, entre les gouvernements grecs, le FMI et l’Union européenne, en échange de prêts pour éviter à la Grèce la faillite, le pays applique des mesures d’ajustement structurel. Le droit du travail a été considérablement assoupli, les licenciements facilités.
Le salaire minimum national a été réduit, passant de 751 euros bruts à 580 euros bruts, et à 510 euros pour les moins de 25 ans. Les revenus réels ont diminué de 30 % depuis 2010. La demande s’est tarie. Une spirale infernale s’est installée. Les taxes et impôts, qui ont augmenté, ne rentrent pas dans les caisses de l’État.
Christos Kossonis en sait quelque chose. Il a 65 ans, est jeune père – sa fille a 5 ans – et sa femme n’a plus de travail. « Avant, j’étais électricien ; en 2010, j’ai été licencié. Depuis, je ne trouve plus rien. Si je n’étais pas propriétaire de ma maison, nous serions à la rue », déclare-t-il en sortant du gymnase, tenant bien en main ses deux sacs remplis de boîtes de conserve, biscuits et autres denrées.
Il ajoute : « mais avec l’Enfia, le nouvel impôt foncier à payer, je me demande tous les jours comment nous allons faire. Je ne sais pas comment nous tenons… » Tenir, garder la tête hors de l’eau, faire face… Ces mots et expressions reviennent sans cesse dans la bouche d’une population au bord d’un collapse national.
Dépression
Selon une étude réalisée par l’Institut universitaire de recherche en santé mentale, une vague de dépression profonde a frappé 12,3 % de la population en 2013 ; ce taux était de 3 % en 2008.
Si en 2009, les personnes à haut risque étaient essentiellement celles ayant des difficultés financières, d’autres facteurs de risque sont venus s’ajouter au fur et à mesure que le pays subissait l’austérité : être âgés de 18 à 25 ans ou être mariés… alors que le mariage est normalement protecteur.
Pourquoi ? « Le taux de chômage des jeunes est extrêmement élevé. La perte de confiance en l’avenir est extrêmement importante. En outre, dans les couples, les conflits se sont multipliés, activés aussi par la peur de ne pouvoir satisfaire ses obligations professionnelles, ou au sein de la famille », explique Lily Peppou, la chercheuse qui a coordonné l’étude.
Zones rurales
De surcroît, « le phénomène de dépression s’est étendu dans toute la Grèce, y compris les zones rurales qui semblaient épargnées », précise-t-elle. Avant de signaler : « Au début, la population pensait qu’il s’agissait d’une crise financière ; maintenant, personne ne sait où elle va s’arrêter. Ainsi, la crise est devenue un facteur de dépression. » Poussant parfois à l’irrémédiable.
Début avril 2012, le suicide d’un retraité de 77 ans sur la place Syntagma, devant le Parlement grec, a suscité une vague d’indignation dans tout le pays. Cet ancien pharmacien avait laissé une lettre expliquant qu’il ne voulait pas en être réduit à faire les poubelles pour se nourrir, qu’il avait encore sa dignité à défendre.
Ce cas est loin d’être isolé. Selon Elstat, le taux de suicide en Grèce a augmenté de 26 % en 2011, avec 477 morts comptabilisées. En avril 2014, les chercheurs de l’université de Portsmouth, au Royaume-Uni, indiquaient que chaque réduction de 1 % des dépenses publiques en Grèce provoquait une augmentation du taux de suicide de 0,43 % chez les hommes.
Garder espoir
Même si le tableau est morose, bien que la pauvreté absolue ait été multipliée par deux entre 2009 et 2011, le nombre de chômeurs de longue durée par cinq entre 2009 et 2013, certains veulent garder espoir.
« Il faut un changement politique. La Grèce n’est pas une exception, ni dans le système européen ni dans le système mondial. Le changement politique devrait permettre de viser le bonheur de l’homme et non celui des marchés financiers », affirme Politis Evangelos.
Du côté des sondeurs, Syriza, le parti de gauche, a le vent en poupe. Mais arrivera-t-il au pouvoir ? Et dans ce cas, pourra-t-il mettre en place son programme ? Antonis Samaras, le premier ministre de droite (Nouvelle Démocratie), n’a pas dit son dernier mot, comme l’explique la socialiste Louka Katseli, proche de Syriza.
En Grèce, Syriza semble représenter un espoir auprès de la population qui, en cinq ans, a vu à la fois ses conditions de vie fondamentalement bouleversées, son paysage politique profondément transformé et son avenir sensiblement raboté.
Fabien Perrier pour :
http://www.hexagones.fr/#!/article/2014/11/28/cest-ainsi-que-les-grecs-survivent/1
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Espagne : Du pain et un toit !
Des milliers de personnes sont descendues samedi dans les rues de Madrid, Barcelone et d’autres villes en Espagne contre l’austérité et la misère dont ils accusent la classe politique « corrompue », ont constaté des journalistes de l’AFP.
« Du pain, un toit, un travail », lisait-on sur une grande banderole déployée par des manifestants près de la gare d’Atocha à Madrid d’où ils devaient rejoindre la place de la Puerta del Sol, dans le centre. « Si se puede, si se puede ! » (Oui, c’est possible !), scandaient-ils, en écho au « Yes we can » de Barack Obama en 2008.
« C’est quoi cet oiseau ? » demandait une fillette en montrant du doigt un grand volatile fabriqué avec des sacs en plastique. « Un, corbeau, non, un vautour », répondait la mère. « Comme les politiques ? », interrogeait la petite.
Le vautour, c’est Agustin Carretero qui le porte. À 41 ans, il a la chance d’avoir un travail au sein d’un service d’assistance clients. Pour lui, ce qui cloche, c’est plutôt le toit. Car pour beaucoup décrocher la trilogie « pain, travail et toit » reste compliqué.
Agustin Carretero, petit homme que tout le monde veut photographier avec son grand vautour planant au-dessus des manifestants, vit dans un appartement d’environ 50 mètres carrés avec deux enfants de six et huit ans.
Il paye un loyer d’environ 500 euros. Son logement, de type HLM, a été vendu à un promoteur et en 2018 il n’aura plus le choix : soit il l’achète 140 000 euros, soit il s’en va, raconte-t-il. Ils sont plus de 2 300 dans son cas.
Près de 24% des Espagnols sont encore au chômage, même si la croissance devrait atteindre 1,3% en 2014, « la plus forte croissance de la zone euro », selon le gouvernement.
« Ce que raconte le gouvernement c’est de la propagande. La crise se poursuit. On continue à imposer des coupes claires dans la santé, l’éducation (…) à privatiser l’enseignement », explique Carlos un autre manifestant de 48 ans. Pour cet administratif au chômage depuis un an et demi, en fin de droits dans cinq mois, les journées s’écoulent « entre CV et CV, dans le combat ».
Pour les salariés, un tiers touche au maximum 645 euros par mois. Sur 46,5 millions d’habitants plus de cinq million ont été assistés par la Croix-Rouge, qui estime que 84% sont menacés par la pauvreté.
Source http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/2136497/2014/11/29/Des-milliers-d-Espagnols-manifestent-pour-du-pain-un-travail-un-toit.dhtml
VIA : http://echelledejacob.blogspot.fr/2014/11/espagne-du-pain-et-un-toit.html
Et si il vous reste 30 secondes, un petit coup de gueule :
Austérité économique: Quand les capitalistes se font subventionner leurs propres Crimes.
De la plus précise des définitions, l’austérité est la nocuité aveugle du capitalisme dans son agression des peuples, selon la toxicité parasitaire des classes du pouvoir économique assouvissant leur insatiable vénalité.
Austérité, crime de dédain politique des gouvernements larbins malsains et félons à la solde de quelques-uns, contre les peuples qui les ont élus. Aberration criminelle qui fait payer à la société globale, les excès avaricieux des quelques bouffis de l’oligarchie financière des États, trop arrogants et trop « surhumains » pour daigner assumer leur propres abominations de séquestreurs d’État, selon leur statut autorisé de prédateurs économiques légaux des nations…
Pathologie parasitaire du capitalisme qui préfère toujours infecter tout le corps social de ses maux en accusant tous, plutôt que de se résorber et d’accepter sa nocuité, son dysfonctionnement, l’austérité tend à restaurer le temps du travailleur esclave et du serf au cœur de l’actuel moyen-âge néolibéral de l’économie.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
http://www.oulala.info/2012/10/austerite-economique-quand-les-capitalistes-se-font-subventionner-leurs-propres-crimes/