Génération consommation : « Notre société est psycho-toxique »
C’est plus grave que ça en a l’air.. Si cela ne vous concerne pas, alors, faites circuler !
« Après Halloween, nous allons devoir nous farcir le pathétique Black Friday… »
Je l’ai déjà exprimé à plusieurs reprises dans ces colonnes. Je pense que nous devons lutter contre la réduction de l’homme à la simple et à l’unique consommation. Les raisons sont multiples. D’abord, l’être humain dispose d’une dimension spirituelle fondamentale. Il cherche du sens et la consommation de biens matériels n’a, en soi, aucun sens, de même que leur accumulation. Au-delà, réduire l’homme à son rôle unique de consommateur c’est nier sa dimension politique. C’est donc par extension la négation de la démocratie et de la liberté.
Après des années, en réalité des décennies de lavage de cerveau, d’organisation de l’inculture des masses, de bourrage de crâne publicitaire et marketing, l’homo-sapiens est devenu non pas « l’homo-economicus », titre d’un ouvrage, mais plus simplement, ce qui qui est d’ailleurs encore plus effrayant, « l’homo-consomicus ». Plus nous consommons, plus nous croulons sous les biens matériels, plus – et toutes les courbes ou statistiques le montrent sans ambiguïté – les suicides, la violence, la dépression augmentent significativement. Personne n’a cherché de lien entre les deux, sauf peut-être le psychiatre de Sainte-Anne, Christophe André, dont je vous propose de visionner la vidéo ci-dessous.
Si je vous parle de ce sujet, c’est évidemment parce que les grandes multinationales ont décidé – je ne sais pas pourquoi cette année, elles ont dû toutes y penser en même temps sans évidemment se concerter – de nous lancer un nouveau machin du nom de Black Friday, le jour où les Américains qui sont déjà de bons consommateurs lobotomisés consomment encore plus. Alors imaginez un peu si le monde entier consommait comme ces « zAméricains » ? Imaginez un peu les profits si l’ensemble des masses crétinisées et biberonnées depuis leur plus jeune âge au rabâchage publicitaire pouvait se ruer dans les magasins en même temps à travers la planète, les profits seraient colossaux, énormes, phénoménaux… Et c’est désormais la seule chose qui compte. Tout est étalonné à l’aune du profit et de l’argent.
On encense la diversité, et pourtant plus on encense la diversité, plus les faits montrent qu’en réalité on cherche à créer partout l’unicité.
États-Unis : les soldes du « Black Friday » battent leur plein
C’est une dépêche AFP du jour qui nous en apprend long, très long sur la réalité de ce que notre pauvre monde est devenu. Peut-on encore parler de « civilisation » lorsque l’on voit les comportements de masse dans ces temples de la consommation ? Peut-on parler encore de « civilisation » lorsque vous visionnerez cette autre vidéo courte d’ailleurs qui compare les images entre le « Black Friday » de 1983 et celui de 2014 ? Image d’une réalité cruelle. Autoportrait saisissant de nos propres sociétés.
Mais avant de voir ces images, revenons à notre dépêche AFP.
« Le « Black Friday » qui voit les consommateurs américains se précipiter sur les magasins offrant des soldes monstres après la fête de Thanksgiving, n’a plus de vendredi que le nom puisqu’il commence désormais dès les jours précédents. »
« La tradition de ce « vendredi noir » veut que les Américains profitent du pont de la Thanksgiving, qui tombe le dernier jeudi de novembre, pour se livrer à une orgie d’achats dans les magasins qui cassent les prix pour l’occasion. Au premier rang des marchandises convoitées figurent l’électronique et l’habillement. »
La tradition de l’orgie d’achats… Voilà une bien belle définition de la réalité de ce phénomène face auquel même le journaliste de l’AFP laisse poindre une certaine forme d’écœurement.
« Alors que l’économie américaine se porte plutôt bien, surtout comparée à ses concurrentes européenne et japonaise, la baisse des prix du pétrole est un nouveau facteur qui laisse espérer de bonnes ventes s’étendant du « Black Friday » aux Fêtes de fin d’année. »
Nous apprenons au détour de cette phrase, et dans un élan de sincérité rare, qu’effectivement aux USA, l’économie se porte mieux, mieux que là où elle va très mal, comme en Europe ou au Japon. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois…
Enfin, toujours à propos de la forte reprise américaine, si 47 % de la population américaine va participer à cette grand-messe répugnante d’avilissement de l’homme et de ce qui fait notre humanité, tout de même 53 % n’ont pas « d’intentions d’achats »… Terminologie pudique et de novlangue signifiant plus simplement que 53 % des Américains n’ont pas un rond pour verser leur obole aux dieux des centres commerciaux. Triste revers de la fausse croissance US qui transparaît ici par inadvertance.
« Selon un sondage de Consumer Reports, 53 % des personnes interrogées n’ont pas d’intentions d’achats sur la période de cinq jours couvrant « Black Friday » et « Cyber Monday ». Et sur les 47 % qui ont l’intention de le faire, 38 % disent qu’ils le feront exclusivement en ligne et 30 % exclusivement dans des magasins en dur. »
Je vous laisse donc en image, sur cette vidéo montage que l’un de nos camarades contrariens m’a fait suivre ce week-end. Merci à lui.
Charles Sannat :