Vous pouvez faire émerger d’autres possibles…

 

Il ne suffit pas d’observer avec impatience et agacement les tergiversations d’une élite politique aux abois. Il ne suffit pas de regarder le journal de 20h en râlant contre les injustices de ce monde. Il ne suffit pas de mettre un bulletin de vote dans l’urne. Il ne suffit pas de manifester sa colère. Non, cela ne peut décidément pas suffire.

La multiplication des grands projets inutiles et de la violence policière associée m’indigne tout particulièrement et je soutiens les zadistes, qu’il s’agisse de Notre-Dame-Des-Landes, du Testet et d’ailleurs. Mais si l’insatisfaction et l’indignation sont des sentiments nécessaires, ils ne sont pas suffisants.  Il est généralement plus « facile » de contester, que de proposer et construire. On le voit bien avec le gouvernement actuel, dont l’incapacité à proposer un projet pour notre pays le conduit à montrer sa détermination dans la destruction de l’autre, s’impliquant, dès que possible, dans un conflit armé.

Le gouvernement sort les armes pour donner l’impression qu’il maîtrise encore quelque chose, mais nous, citoyens, quel est notre rôle pendant ce temps ? Devons-nous attendre 2017 et l’élection d’un sauveur pour réfléchir à notre avenir ?

La transition, remède contre la morosité

Des dizaines de milliers de personnes en France, ont désormais dépassé leur colère et décidé de passer à l’action, de proposer des alternatives dont les gouvernants ignorent tout, car ces nouveaux possibles sont intimement liés à l’histoire de chaque territoire, à ses habitants, à sa culture, à son milieu naturel, à son activité économique.

Le changement est long et lent, alors si vous n’avez pas encore fait ce pas de côté, si vous n’avez pas encore appuyé sur « pause » pour réfléchir au sens de votre vie et de vos interactions avec voisins et familles, n’attendez pas plus longtemps.

Certes, il est terriblement frustrant de constater les échecs de ceux qui sont sensés nous représenter, mais il n’en est que plus excitant de choisir l’émancipation et de reprendre en main sa propre vie, de refaire société avec les habitants de son quartier ou de son village.

Ma transition, lente mais déterminée

Je peux décrire ici mon propre cheminement personnel (après tout, c’est mon blog !) pour montrer que, même si cela prend du temps, la transition n’est pas une utopie.

2002: salarié dans l’aéronautique, je prends conscience des grands enjeux de l’environnement

2003: découverte du pic pétrolier et premier acte de rébellion (pas bien!). Je mets de l’huile de friture usagée pour remplacer le gazole dans le réservoir de ma voiture, ce qui est interdit, mais évite à l’époque que l’huile soit jetée dans le caniveau, limite ma consommation de pétrole (beurk) et réduit mon budget carburant (youpi).

2006: je travaille aux essais en vol pour l’A380 mais je me rends bien compte que tout cela ne va pas durer et qu’il vaut mieux changer de carrière. Je décide de reprendre les études et de devenir ingénieur des Mines, spécialisé dans l’énergie. A l’époque, je fais mes courses au supermarché, je ne fais presque pas de vélo et j’ai une télé à la maison.

Journée nationale de la transition citoyenne: faire émerger d'autres possibles !

2009: je suis ingénieur, je passe plusieurs mois dans un éco-village du Québec qui sera un véritable catalyseur, je regarde des heures de vidéos de J.M. Jancovici et Pierre Rabhi (beau mélange non ?), je découvre le mouvement des villes en transition et la notion de résilience m’apparaît comme essentielle.

2010: première conférence au Québec, puis je reviens en France où je quitte définitivement l’aéronautique. En même temps que je bosse dans le photovoltaïque, je crée la conférence « un avenir sans pétrole? » avec l’objectif de lancer la transition sur Orléans. En fait, il ne s’est rien passé à Orléans … mais j’ai présenté cette conférence 120 fois dans toute la France ! 2010 est aussi l’année de la création de ce blog et le début de la co-écriture d’un livre.

2012: Yves Cochet, Député Européen me confie la réalisation du rapport « L’Europe face au pic pétrolier » que je présente devant le Parlement. Chez moi, à Châteauneuf sur Loire, la municipalité m’invite à faire une conférence devant des citoyens et ce sera le début d’un mouvement local de transition. Je commence à en avoir marre de faire mes courses au supermarché et j’ai toujours une télé que je ne regarde presque plus.

2014: Deuxième étude commandée par Yves Cochet pour le Parlement Européen, sur la résilience territoriale. Je travaille sur le scénario Virage Energie pour la Région Centre (0 fossile et 0 nucléaire en 2050) et je co-écrit un livre depuis 3 ans (il est temps que ça se termine). Je ne mets quasiment plus les pieds au supermarché, je n’ai plus de télé, je suis membre d’une AMAP et de l’Institut Momentum, j’ai planté une forêt comestible, installé un chauffe-eau solaire et isolé ma maison, je fais presque tous mes trajets à vélo et en train, je commence le potager, j’apprends les techniques de conservation des aliments, je me soigne avec des plantes, je m’implique dans les incroyables comestibles, mon compte bancaire est à la NEF, mon électricité est fournie par Enercoop.

Il a donc fallut 12 ans pour enfin me sentir dans une certaine cohérence entre mes idées et mon mode de vie.

Journée nationale de la transition citoyenne: faire émerger d'autres possibles !

Alors, je participe avec enthousiasme à l’organisation de cette formidable journée de la transition citoyenne ! Car c’est l’occasion de montrer à tous le plaisir que l’on peut ressentir à prendre les choses en main, ensemble, dans la convivialité, le respect et l’intelligence collective.

Journée de la transition citoyenne à Châteauneuf-sur-Loire

Voilà trois ans maintenant que la transition est en marche dans notre petite ville de 8000 habitants, à 30km d’Orléans dans le Loiret. Trois années de sensibilisation, d’actions, de créations autour de thèmes aussi variés que l’alimentation, les transports, la santé, l’habitat, l’énergie, etc.

Benoît Thévard

NDLR : Ce billet a été écrit en septembre dernier pour la journée nationale de la transition. Il m’a semblé que c’était un bel encouragement à la mobilisation, à l’espoir, et à la créativité.

SOURCE : http://www.avenir-sans-petrole.org/2014/09/journee-nationale-de-la-transition-citoyenne.html