L’Europe et le FMI paieront pour l’Ukraine
Voilà qui doit faire sourire Poutine….
Il n’y a pas que François Hollande qui a perdu le contrôle. La navigation de la Commission Juncker commence également dans la même mer pleine d’écueils et dans l’épais brouillard qui ont empêché l’équipage Barroso de mettre le cap vers des cieux plus cléments.
Côté Est, le piège ukrainien se dresse comme une sinistre épave sur la route de la nouvelle Commission. Quand, en avril, les Européens ont commencé à desserrer les cordons de la bourse pour soutenir un gouvernement proeuropéen, les augures du Fonds, en piètres politologues, considéraient comme le pire scénario celui d’une fin des hostilités dans l’est du pays à l’automne. Depuis, la guerre s’est installée et, avec elle, un jeu pervers.
La classe politique ukrainienne prend le prétexte de la guerre pour se détourner des réformes et maintenir en place un système qui a permis l’immense enrichissement d’une poignée d’oligarques.
L’Ukraine ne dispose toujours pas de l’infrastructure de base pour le comptage des flux de gaz sur son territoire (pas plus que de thermostat dans les habitations où l’on régule la température… en ouvrant les fenêtres). Elle continue de « ponctionner » les livraisons destinées à l’Europe. Les conditions de la poursuite de ce système mafieux, où le flou sur les chiffres justifie toutes les tractations, restent réunies. Il y aura d’autres contentieux gaziers ukraino-russes… parce que les deux parties y ont intérêt.
L’« européanisation » de l’Ukraine
Les Européens ont payé jusqu’à présent au nom des aspirations démocratiques du peuple ukrainien.
Ils le feront à l’avenir au nom de sa propre sécurité. L’« européanisation » de l’Ukraine s’opère au prix d’un conflit gelé dans l’est du pays dont ils sont désormais, autant que le peuple ukrainien, les otages. Pour bien rappeler qu’il leur en coûtera d’avoir osé mordre sur l’empire russe, Vladimir Poutine multiplie les manifestations de force. Hier, un mystérieux sous-marin repéré dans les eaux suédoises, au large de Kaliningrad, cette enclave russe en Pologne qui abrite une partie importante de la flotte de la Fédération. Aujourd’hui, des colonnes de chars qui entrent sur le territoire ukrainien. Dans les semaines ou mois à venir, Kiev demandera probablement 15 à 17 milliards de dollars supplémentaires pour faire face à ses engagements. À Washington comme à Bruxelles, on sait déjà qu’il faudra payer… quoi qu’il arrive.
La crise ukrainienne pourrait se résumer de la façon suivante : les contribuables européens (et le FMI), en aidant Kiev à rembourser ses dettes, alimentent les comptes d’oligarques… placés dans les banques chypriotes et autrichiennes. Et plus la menace perçue sur la sécurité du continent augmente, plus la capacité de Kiev et Moscou à faire monter les enchères s’accroît. C’est ce qui s’appelle être pris au piège.
D’épais nuages s’accumulent également côté Sud
À la fin de l’année, les Grecs comptent bien se débarrasser de la tutelle honnie de la Commission européenne et du Fonds monétaire international. Mais depuis les salles de marché, devenues les salles de commande de l’économie mondiale, les investisseurs envoient des avertissements qui n’ont rien à envier aux traces laissées par un sous-marin sur les radars suédois.
Les ministres des finances des 27 autres pays de la zone euro doivent trancher quelle « aide » ils entendent continuer à accorder à la Grèce. Là encore, leur souveraineté est limitée. À court terme, les besoins de financement grecs sont « gérables », selon une source européenne. Mais à moyen terme, personne n’ignore qu’Athènes ne pourra pas faire face au remboursement de cette dette de 170 % de PIB. Il faudra desserrer les cordons de la bourse. Cette fois-ci, ce ne sont pas les chars russes, mais l’armada des marchés – nantie de cette arme de destruction massive que sont les Credit Default Swaps -, qui menace.
Crédit image : Reuters.com