Pas de « révolution du gaz de schiste » en Europe ?
Les scientifiques enterrent les « espoirs » d’une « révolution du gaz de schiste » en Europe
« Bien que certains considèrent qu’il n’y a pas de raisons scientifiques pour interdire la fracturation hydraulique, le gaz de schiste n’est pas une solution face aux problème de « sécurité de l’approvisionnement en énergie » de l’Union Européenne. » C’est la conclusion d’un nouveau rapport publié par le Conseil consultatif des académies des sciences européennes (EASAC).
A l’image de l’académie des sciences en France, l’EASAC n’est pourtant pas réputé être opposé à l’extraction des hydrocarbures de roche mère par la fracturation hydraulique puisque qu’il affirme que les meilleures pratiques ont « considérablement réduit l’empreinte environnementale de la fracturation du gaz de schiste », et que « les risques peuvent être gérés de façon appropriée ». Ce que nous pouvons nous permettre de remettre en cause au regard des constats faits au États-Unis sur les impacts sanitaires et environnementaux.
L’EASAC justifie sa position par le fait que « les systèmes réglementaires [seraient] déjà en place dans la plupart des pays pour minimiser l’impact sur la santé, la sécurité et l’environnement ». Ce qui, selon le représentant de l’ONG les Amis de la Terre à Bruxelles, est faux puisque « l’analyse juridique de la Commission européenne conclut invariablement que le cadre juridique actuel ne répond pas adéquatement aux impacts spécifiques, cumulatifs et destructifs de l’industrie de la fracturation hydraulique ». Ont sait également que nos États n’ont pas la capacité de surveiller ce genre d’opérations à grande échelle.
Pourtant, EASAC étant constitué de la réunion des académies nationales des sciences des 28 États membres de l’UE, ce rapport pourrait avoir une certaine autorité auprès des décideurs.
Du gaz de schiste exploitable en Europe, un mirage qui s’éloigne
Le potentiel de l’extraction de gaz de schiste dans l’UE est «incertain» en raison de données géologiques limitées sur l’accessibilité au gaz, ajoute le rapport, freinant « l’espoir » que le gaz de schiste puissent un jour être exploité à grande échelle sur le continent.
Au sujet des réserves, rien de nouveau que les affirmations de l’Agence Américaine de l’Énergie (dont on peut fortement douter comme ceci a été démontré tout récemment par le Post Carbon Insitute). Les plus grandes réserves « seraient situées en Pologne et en France, avec 4,19 et 3,88 trillions de mètres cubes respectivement », selon la US Energy Information Administration (EIA). Ceci « en comparaison des soit disant 16tcm des États-Unis ».
Mais toujours selon le rapport, la géologie européenne est « plus compliquée » que celle des États-Unis, avec des formations rocheuses plus anciennes et « plus fracturées » ce qui a « des implications pour la viabilité technique et économique de l’extraction de gaz ». Cela signifie « qu’une fraction » des réserves sont considérées économiquement récupérables en Pologne, tandis que la présence supposée de gaz dans le bassin parisien n’est tout simplement pas confirmée par les dernières études géologiques. Nous ajouterons toutefois ici que la présence de pétrole de schiste a été démontrée aiguisant l’appétit des chercheurs d’or noir.
Le recours au gaz de schiste n’est pas une solution face au réchauffement climatique
En outre, le rapport EASAC remet en cause la théorie soutenue par les promoteurs de l’utilisation du méthane selon laquelle le gaz de schiste peut aider à atténuer le réchauffement climatique. Le rapport questionne la qualité du processus d’extraction et notamment « l’intégrité des puits« .
Acceptation sociale
L’EASAC suggère ensuite que le gaz de schiste « pourrait offrir une alternative intéressante aux importations de gaz russe dans le contexte géopolitique tendu actuel » ce qui est invraisemblable lorsque l’on sait, du dire même des industriels, que l’exploitation, si elle était techniquement et économiquement viable, ne pourrait pas intervenir avant plusieurs années. Laissant par là même le temps aux relations internationales d’évoluer. Le rapport note ensuite l’existence de nouvelles techniques de forage horizontal qui pourraient avoir un impact plus limité concernant l’empreinte au sol des forages avec des puits horizontaux ayant une portée de 12 km sont possibles. Toutefois ces techniques seraient à l’heure actuelle non rentables. Le rapport affirme qu’avec des grappes de seulement 3 km de rayon, il deviendrait viable de produire du gaz non conventionnel dans les zones fortement peuplées! Pour finir l’EASAC indique que l’acceptation des populations est essentielle en évoquant la nécessite la transparence sur les « additifs utilisés » dans le processus de fracturation. Et d’ajouter que « les résultats de la surveillance afin de détecter toute contamination de l’eau ou des fuites de gaz avant, pendant et après l’exploitation du gaz de schiste», doit être transmis aux organismes de réglementation et rendues accessibles à la communauté.
En d’autres termes, la technique est sûre mais elle n’est pas sûre !
L’acceptation sociale, c’est bien à ça que les industriels travaillent.