Contrairement à ce qui a été dit, les pôles magnétiques terrestres peuvent s’inverser brutalement
Nous avions publié un article en Août dernier dans lequel un scientifique expliquait que la bascule des pôles magnétiques s’effectuait sur une centaine d’années, et que par conséquent, dormez braves gens, tout allait bien….
Et bien, il semble que ce soit erroné.
Fin juin, l’Agence spatiale européenne (ESA) présentait les premiers résultats de sa mission Swarm, une constellation de trois petits satellites lancés en novembre 2013, qui étudie en détail le champ magnétique terrestre. Les mesures effectuées par ces engins montraient que ledit champ magnétique, qui protège notre planète des particules chargées émises par le Soleil, était en train de s’affaiblir rapidement, perdant 5 % de son intensité en une décennie, soit une baisse dix fois plus rapide que ce qui était envisagé auparavant. Ce résultat a ravivé l’hypothèse selon laquelle nous ne serions pas loin d’une inversion des pôles magnétiques, ce qui a provoqué ce commentaire de la part du responsable de Swarm, le Norvégien Rune Floberghagen : « Un tel renversement n’est pas instantané. Il prendrait plusieurs centaines d’années si ce n’est quelques millénaires. » Trois mois après, Rune Floberghagen peut apporter un important correctif à sa déclaration. En effet, selon une étude internationale publiée dans le numéro de novembre du Geophysical Journal International, le renversement des pôles magnétiques terrestres, un événement susceptible d’avoir de graves répercussions sur notre civilisation technologique, peut se produire en moins de temps qu’il n’en faut à un homme pour vivre et mourir.
Comme me l’a expliqué l’un des auteurs de l’étude, Sébastien Nomade, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE, CEA-CNRS-Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, cette découverte a une histoire peu banale qui commence par une catastrophe, le tremblement de terre meurtrier de 2009 à l’Aquila, en Italie : « Suite à ce drame, l’Etat italien a demandé aux géologues de l’IGAG de cartographier les bassins des Apennins qui sont extrêmement actifs du point de vue tectonique. Dans certains d’entre eux, qui étaient autrefois remplis par des lacs, on a trouvé des dépôts de plusieurs kilomètres d’épaisseur : les sédiments s’y sont accumulés à une rapidité sans aucune mesure avec ce que l’on trouve ailleurs et ont gardé au passage la trace de plusieurs dizaines d’éruptions volcaniques. » Cela n’a l’air de rien, mais ces dépôts sédimentaires dotés de niveaux volcaniques pouvant servir de repères chronologiques constituent une mine d’or pour qui veut reconstituer les variations passées de l’orientation du champ magnétique terrestre, le paléomagnétisme. Et la mine d’or se transforme en mine de diamant quand dans la couche étudiée se trouve la mémoire de la dernière inversion des pôles magnétiques, l’inversion Matuyama-Brunhes, qui s’est produite il y a environ 780 000 ans.
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