La fin du Dalaï Lama et autres réflexions
Tenzin Giatzo a annoncé qu’il serait le dernier Dalaï Lama. (1) Chef spirituel et politique du petit mais mythique Tibet, ce personnage connu dans le monde entier est soit vénéré, soit traîné dans la boue, notamment sur les blogs alternatifs qui l’accusent, entre autre, d’avoir eu des liens d’amitié étroit avec un allemand engagé dans le mouvement nazi, ou d’être un agent de la CIA. je n’évoquerai pas les autres accusations – dont celle d’être le diable en personne – fanatiques, troubles et ésotériques, non vérifiables, et qui de mon point de vue ne reposent que sur le fantasme ou la haine.
ESSAI D’UNE ANALYSE SANS PASSION
Une première remarque s’impose. Peut-on penser raisonnablement que ce personnage honni de Pékin a pu échapper à une campagne constante jusqu’à ces jours (2) de dénigrement orchestrée par le gouvernement Chinois ?
Mentez ou manipulez les faits, il y aura toujours des gens pour relayer et répéter l’information jusqu’à ce qu’ils apparaissent comme des certitudes. C’est un fait reconnu et expérimenté jusque dans nos vies quotidiennes et le Dalaï Lama n’y a pas échappé.
Les liens du Dalaï Lama avec un ex-nazi
On lui reproche ses lien d’amitié avec Heinrich Harrer, ex nazi. La lecture de la biographie de ce dernier sur Wikipédia éclaire la personnalité de ce dernier. Notez bien les dates.
« Heinrich Harrer (6 juillet 1912 – 7 janvier 2006) est un alpiniste, sportif, explorateur, géographe et écrivain autrichien.
Membre de l’équipe qui réalisa la première ascension de la face nord de l’Eiger dans les Alpes suisses en 1938, Harrer en tira une notoriété qui lui permit de participer à l’expédition de reconnaissance allemande au Nanga Parbat (dans l’Himalaya) de 1939. Interné en Inde par les Britanniques au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il s’échappa en 1944 et gagna le Tibet avec son compagnon Peter Aufschnaiter. Il y séjourna jusqu’en 1951, travaillant notamment comme traducteur, photographe et enseignant, et se liant d’amitié avec le jeune dalaï-lama. De 1953 à 1986, il dirigea de nombreuses explorations en Afrique, Asie et Amérique, avec notamment la première ascension de la Pyramide Carstensz, plus haute montagne d’Océanie.
Écrivain, il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, dont Sept ans d’aventures au Tibet qui connut un succès planétaire et popularisa le Tibet ainsi que La Face nord de l’Eiger relatant deux décennies de tentatives et ascensions victorieuses.
Son passé nazi, dans les années 1930, révélé seulement neuf ans avant sa mort, l’a contraint à se justifier à la fin de sa vie. Il déclara qu’il s’agissait d’une erreur de jeunesse à une époque où il n’avait pas encore appris à penser par lui-même et condamna les crimes de l’époque nazie.
Un musée est consacré à Heinrich Harrer et à son œuvre près de son village natal. » (3)
Remarque à propos « d’ex-nazis ». Ce qui suit va peut-être en choquer certains. Pourtant, ce n’est que du bon sens.
Le mot « nazi » à juste titre fait l’objet d’une véritable répulsion. De ce fait, tout lampiste, y compris ceux qui se sont (ou ont été) engagés dans ce mouvement qui se présentait comme le sauveur d’une Allemagne en déconfiture, quelques soient les faits et leur implication dans le drame, sont considérés comme des monstres, non susceptibles de prise de conscience, et surtout pas de pardon.
Il y a eu des justes, à l’intérieur même de la machine nazi.(4) Mais il y a eu aussi des membres nazis « passifs ». Des jeunes gens, sans doute ignorants et/ou manipulés par une énorme propagande, qui n’ont pas analysé ce dans quoi ils s’engageaient et qui l’ont regretté. Il faut tenter de se remettre dans le contexte de cette période troublée. Ces anonymes plus lâches que pervers , qui n’ont pas osé s’opposer mais qui ont choisi de rester à la marge, ont sombré dans le magma de cette l’histoire de l’horreur, mais il y en a eu. N’en doutons pas.
Que ceux qui n’ont jamais fait aucune erreur de jugement par ignorance ou inconscience ne se sont jamais laissé embarquer, leur jettent la première pierre.
Ses liens avec la CIA
Une première remarque qui vient à l’esprit est que l’obsession américaine du danger communiste a fait du Dalaï Lama un collaborateur de choix. Rien d’étonnant à ce que la CIA ait choisi d’aider celui-ci à fuir (5), puis à s’installer en Inde où il forme un gouvernement Tibétain dissident. Il est probable que sans l’aide logistique et tactique des États-Unis, cette opération aurait été beaucoup plus compliquée, voire impossible. Ses liens étroits avec cet État ont depuis été constants.
Cela en fait-il pour autant, un « agent » de la CIA ? Il est probable que le Dalaï Lama a des relations constantes avec des Tibétains occupés, peut-être même installés en Chine. Qu’il serve d’informateur aux services de renseignement américains est une hypothèse crédible.
Et alors ? Que font d’autres tous les jours, les États alliés de l’OTAN, par exemple ?
Hors de ses campagnes pour un Tibet libéré de l’occupant Chinois dont les exactions dans ce pays ne sont plus à décrire, le pouvoir et l’influence du Dalaï Lama s’est surtout exercé en Occident dans le domaine spirituel. Sa personnalité y a largement influencé l’implantation du bouddhisme.
L’on peut comprendre qu’un tel personnage, chef d’état et chef spirituel de l’ensemble du bouddhisme tibétain de surcroît, soit la cible non seulement des Chinois, des autres lignées bouddhistes tibétaines concurrentes, mais encore la bête noire préférée des rationalistes, des obsédés de laïcité et anti-cléricaux de tous bords. Il y a une notion qui pourrait bien échapper à ces derniers, d’autant qu’elle n’est pas simple, même pour ceux qui cherchent à l’appliquer : La notion de non-jugement de la philosophie bouddhiste…
Enfin, considérons que le Dalaï-Lama tout sage qu’il soit n’échappe pas au fait qu’il est également un homme et donc susceptible d’erreurs..
Article source via l’Échelle de Jacob
Good-bye, Dalaï-lama ?
http://french.peopledaily.com.cn/Chine/7858351.html
(4) Des Allemands qui furent des « Justes »
http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/justes_allemands.htm
(5) 31 mars 1959. Pour protéger sa fuite de Lhassa, le dalaï-lama préfère la CIA au Bouddha.
Pour conclure : Cet article est un point de vue qui tente une réflexion dénuée d’à priori émotionnels. Il n’est pas plus que d’autres susceptible d’erreurs de jugement. Vous avez un libre arbitre. Exercez-le en toute liberté.
Galadriel
POUR’ CEUX QUE ÇA INTÉRESSE : La sagesse bouddhiste en 110 citations
http://www.evolution-101.com/citations-de-bouddha/