Cinq chose à savoir sur les morses coincés en Alaska

En Alaska, 35 000 morses se réfugient sur une plage faute de banquise

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« Terra eco » vous livre les clés pour mieux comprendre cette photo qui a fait le tour du monde.

Pas moins de 35 000 morses, échoués sur une plage en Alaska, près de Pointe Lay. Vous avez probablement vu cette photo qui a fait le tour du monde – depuis sa diffusion lundi par l’Agence nationale océanique et atmosphérique américaine (NOAA) – d’une part parce qu’elle est impressionnante mais aussi parce qu’elle permet, pour une fois, d’illustrer la violence du changement climatique. Voilà cinq choses à savoir pour mieux la comprendre.

  • Ces morses sont là à cause du changement climatique

Il faut savoir que, contrairement aux otaries ou aux phoques, les morses ne peuvent nager sur de grandes distances. Ils se servent normalement des blocs de glace à la dérive pour se reposer, en petits groupes, entre deux plongées. Comme l’explique la journaliste Audrey Garric sur son blog ce mercredi, la glace manque cette année et le seul refuge disponible est la terre ferme.

« Les morses vont devoir rester là et attendre la formation de la glace dans les semaines qui viennent pour regagner la mer et redescendre progressivement vers le Sud », précise Isabelle Charrier, chargée de recherche au Centre de neurosciences Paris-Sud (CNPS) et spécialiste du morse.

  • Rester serrés est dans leur nature

Comme beaucoup d’autres espèces, le morse est grégaire. Il aime rester en groupe pour décourager les prédateurs et pour se tenir chaud. Il aime aussi rester non loin de l’eau pour fuir plus facilement. Ce regroupement est donc classique par sa forme. Ce qui est exceptionnel, c’est le nombre d’individus : « Ils se regroupent normalement par quelques dizaines ou quelques centaines au maximum, là ils sont beaucoup plus nombreux », confirme Isabelle Charrier.

  • Ces morses sont presque tous des femelles et des petits

Et ce n’est pas la seule nouveauté dans ce regroupement. Plus étonnant encore, il n’y a sur cette photo que très peu de mâles. « Il y a une ségrégation des sexes très forte chez les morses. Ils se regroupent dans la mer de Béring entre février et avril pour la saison des amours. Ensuite il y a une scission, la majorité des femelles partent plus au Nord, en mer des Tchouktches (qui borde l’Arctique, ndlr), pour donner naissance et nourrir leurs petits. Elles ont donc particulièrement besoin à la fois d’une nourriture abondante, ce qui est le cas dans cette mer qui est en plus assez peu profonde, mais aussi de glaces flottantes pour se reposer », explique la chercheuse. Par le passé, d’autres regroupements massifs de morses avaient déjà été constatés. Mais il s’agissait de mâles dans les eaux plus chaudes du Sud. Ces groupes de femelles dans les eaux normalement plus froides du Nord constituent une nouveauté – que l’on constate depuis six à huit ans selon la chercheuse – et prennent de l’ampleur.

  • Ces morses et leurs petits auront peut-être du mal à passer l’hiver

Le fait d’être bloqués dans un groupe très nombreux sur la terre ferme complique sérieusement les recherches de nourriture de ces morses. Qui doivent dépenser plus d’énergie pour reconstituer leur stock de graisse et nourrir les plus jeunes, au risque de ne pas être aptes à affronter l’hiver. « C’est très difficile de les étudier l’hiver, ce sont des zones de froid extrême, on n’a pas assez de recul pour mesurer l’impact sur la mortalité des morses », regrette toutefois la spécialiste. « L’autre risque, ce sont les phénomènes de panique et d’écrasement des petits morses dans des mouvements de foule. On a déjà trouvé des cadavres d’animaux. » Déjà, les autorités américaines ont demandé aux avions et hélicoptères de ne pas survoler la zone à trop basse altitude pour éviter d’effrayer les animaux.

  • Il est impossible de connaître l’avenir de cette espèce

Qu’est-ce que ces séjours forcés sur la terre ferme vont changer, à long terme, pour les morses ? Interrogée par le Guardian, Kit Kovacs, l’experte de la question à l’Institut polaire norvégien, indique que les bêtes qui passent trop de temps sur le sol ont déjà le corps marqué de nombreuses plaies. Ceci – ajouté à la grande proximité des individus – va faciliter et accélérer la diffusion des maladies. Surtout, elle s’inquiète pour l’avenir des ressources alimentaires des morses. Autant de raison de s’attendre à un déclin important des populations selon elle. Difficile de savoir pour autant si le morse est plus ou moins menacé qu’une autre espèce, estime Isabelle Charrier : « Il y a énormément de choses qui entrent en compte, la zone géographique, la température de l’air et de l’eau, l’évolution des prédateurs et des proies… Dans cette zone, il y a aussi le fait que la fonte des glaces augmente l’activité humaine avec des passages maritimes plus précoces et la prospection pétrolière, cela occasionne des pollutions et du bruit. » En clair, le péril du morse est simplement plus visible que celui d’autres espèces. Et c’est la seule bonne nouvelle que nous apporte cette photo.

Rédacteur Thibaut Schepman

Article source  :  http://www.terraeco.net/Cinq-choses-a-savoir-sur-les,56794.html

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