Réseaux sociaux… Deux exemples édifiant !
Les réseaux sociaux sur lesquels surfent nos enfants, et particulièrement nos ados sont un rasoir dans les mains d’un singe, si il n’y a pas de dialogue et d’éducation à la base. C’est la conclusion que l’on peut tirer de ces deux faits divers (parmi de nombreux autres, hélas !)
Juste une remarque : ces ados seront les adultes de demain.
1) A Nancy, l’agression d’une jeune fille se transforme en lynchage en ligne
Quatre jeunes filles ont été placées en garde à vue, ce week-end à Nancy, dans une affaire d’agression filmée et diffusée sur Internet.
Le 10 septembre, une adolescente, accompagnée de trois autres, invective puis frappe une jeune fille atteinte, selon L’Est républicain, d’un léger handicap mental. L’agression est filmée, puis mise en ligne vendredi 19 septembre.
L’auteure présumée de l’agression, mineure, a été mise en examen dimanche, pour violences aggravées en réunion et sur personne vulnérable. Elle a été remise en liberté sous contrôle éducatif et a été présentée à un juge des enfants. Ses complices présumées ont également été libérées, dès samedi.
La vidéo originale, vue plusieurs milliers de fois, a été rapidement retirée. Mais d’autres exemplaires du film sont encore en ligne, circulant sur les forums et les réseaux sociaux, et certains comptent jusqu’à 180 000 visionnages.
Lynchage en ligne
Cette agression a donné lieu à un vaste mouvement de mobilisation et de violences. De nombreuses pages en soutien à l’adolescente agressée ont également été créées, totalisant près de 200 000 « J’aime ».
Plusieurs dizaines de milliers de tweets ont été postés sur l’affaire en l’espace d’un seul week-end, en faisant un des sujets les plus discutés sur le réseau social.
Après quelques heures d’enquête, l’identité de l’agresseur présumée a été retrouvée et de nombreuses informations personnelles, dont son nom, son adresse, et son numéro de téléphone, ont été rendues publiques. De fausses pages Facebook et Twitter à son nom ont été créées, où alternent rumeurs, photomontages et insultes à son encontre.
Une jeune Américaine homonyme a même dû expliquer qu’elle n’était pas la personne sur ces vidéos : « Je suis américaine et je ne vis pas en France. On me confond avec quelqu’un qui a le même nom là-bas. »
La police appelle au calme
Face à ce déluge de réactions, la police nationale s’est exprimée sur son compte Facebook. Après avoir demandé d’arrêter de partager la vidéo de l’agression, elle a appelé à cesser la création de ces faux comptes :
« Les enquêteurs ont remarqué la création de faux comptes au nom de l’agresseur sur Facebook et Twitter, celle-ci étant actuellement dans nos locaux, il lui est impossible d’interagir sur les réseaux sociaux. Afin de ne pas compliquer le travail d’enquête des policiers de Nancy, nous appelons à l’apaisement et nous vous remercions pour votre vigilance sur le Web. »
Une pratique régulière sur Internet
Il est vrai que ce genre de traque sur Internet peut très mal se terminer. En 2012, après les attentats du marathon de Boston, des membres du site participatif Reddit s’étaient mis en tête d’en retrouver les auteurs. Ils s’étaient trompés, jetant à la vindicte populaire plusieurs noms et photos qui n’avaient absolument rien à avoir avec ces attaques. Sur le blog de la plateforme, Erik Martin, le directeur général, s’était excusé publiquement pour « la chasse aux sorcières et les dangereuses spéculations ».
Quelques mois plus tôt, les internautes américains s’en étaient pris à la mauvaise personne après la tuerie qui s’était déroulée dans l’école primaire de Sandy Hook. Plusieurs médias avaient pointé vers la page Facebook de Ryan Lanza, alors que l’auteur de ces meurtres était Adam Lanza.
Pourtant, certaines traques peuvent aussi bien se terminer. La semaine dernière, le site local Philly.com rapportait ainsi que grâce à l’aide d’internautes sur Twitter, la police de Philadelphie avait réussi à retrouver les agresseurs d’un couple homosexuel.
SOURCE :
2) Vidéo d’un chaton brûlé vif sur Facebook : le trash est devenu un contenu comme un autre
LE PLUS. Depuis plusieurs jours au Royaume-Uni, une vidéo montrant un individu déversant de l’essence sur un chaton avant de l’enflammer fait polémique. Ces deux minutes sont insoutenables. Choqués, les internautes ont réclamé le retrait de cette vidéo, mais pour Facebook, ces images sont conformes au règlement. Une réponse qui ne surprend pas Nicolas Vanderbiest, de reputatiolab.
Édité par Louise Auvitu
Une vidéo montrant la lente agonie d’un chat brulé vif circule sur Facebook. (Capture d’écran)
L’horreur a frappé aux Royaume-Uni : un individu s’est filmé en train de disperser de l’essence sur un chat qu’il place dans un seau avant d’y mettre le feu.
Si le chat arrive à s’extirper du sceau, cela ne signifie en rien son sauvetage puisque l’horreur dure deux minutes. Un second individu intervient par la suite pour asperger l’animal d’un peu d’eau, mais rien n’y fait. L’ensemble a été mis à disposition de tous en vidéo sur Facebook.
Cette vidéo, que l’on peut qualifier d’insoutenable, a bien entendu choquée des milliers de personnes qui se sont empressées de reporter la vidéo comme abusive auprès de Facebook. Le réseau social a déclaré que le contenu ne contrevenait pas à son règlement. Une situation atypique ? Pas vraiment.
Toujours pas de seins sur Facebook
En effet, Facebook a toujours eu une politique de censure que l’on pourrait qualifier de « bizarre » depuis notre vieux continent
Si le réseau social est intransigeant sur tout ce qui est « sexuel », allant même jusqu’à censurer « L’Origine du monde » de Courbet, les contenus offensants, racistes, et obscènes peuvent, quant à eux, proliférer sans aucune censure. Ce paradoxe a même mené cet été à la fronde des faux seins, baptisé Bikini Breast.
KILLIN’ it at the #beach …#thetatatop #beachwear #bikinitop #toplessillusion #desensitize #desexualize #equality pic.twitter.com/DS0OD46HE9
— The TaTa Top (@TheTaTaTop) 10 Septembre 2014
De même, lorsque de nombreuses plaintes sont lancées contre Boris Le Lay et ses paroles antisémites, celles-ci sont refusées comme l’explique le blogueur Olivier Cimelière.
Le règlement Facebook est un chaos constant
Et pour cause, si des règles existent, elles sont relativement floues pour l’incitation à la haine puisque Facebook écrit en guise d’introduction : « nous encourageons aux débats et à la discussion des idées, idéologies, événements ou pratiques » ce qui lui permet de botter en touche la plupart des plaintes.
Concernant la violence, aucune image violente n’est exclue et la seule violence bannie est celle qui occasionne : « un risque de blessures ou une menace directe pour la sécurité du public ».
Facebook dira plus loin « toutefois, des images graphiques partagées par sadisme ou pour glorifier la violence n’ont pas leur place sur notre site. »
Alors que nous sommes dans un cas pur et dur de sadisme, Facebook indique cependant que la vidéo respecte son règlement. Cela nous montre à quel point le règlement de Facebook est un chaos constant qui ressemble à une cour des miracles dont il est le seul maître.
La liberté d’expression est reine… mais sans phallus
En réalité si le web est un endroit que l’on pourrait qualifier de « mondialisé », l’influence culturelle y est prépondérante :
– lorsque le scandale du girafon euthanasiée du zoo de Copenhague survient, son histoire nous glace le sang alors qu’au Danemark, tout est considéré comme « normal », y compris par les associations de protection des animaux du pays.
– lorsque Renault lance une publicité outrageusement sexiste, la partie flamande de la Belgique n’y voit aucun souci alors que la partie francophone poussée par les réactions françaises ne manque pas d’exprimer son indignation.
Or, sur Facebook, la culture qui domine est la culture américaine où la liberté d’expression est reine à condition qu’un phallus ou des nichons n’apparaissent pas. Voici donc bien la seule règle pour laquelle vous pouvez être certain de la part du réseau social.
Le trash, un contenu comme un autre
Finalement, ce cas n’a rien de nouveau dans le paysage de l’internet. Ce qui l’est plus, c’est le fait que le trash soit de plus en plus utilisé partout et qu’il soit devenu un contenu acceptable dans un web où le metric est roi, et où ce qui compte n’est pas l’acclamation positive générale de l’opinion, mais le clic, les impressions et l’engagement.
Dans ce contexte, l’important est de créer un bruit autour du contenu et pour cela rien ne vaut le trash : Rihanna qui pose nue, la vidéo d’un motard durant son accident mortel, les dernières frasques de Miley Cyrus, etc.
Au détour d’un temps de cerveau disponible, on clique sur cette chose que tout le monde a vue et que tout le monde commente. L’ensemble est résumé par ce témoignage en rapport avec la vidéo et cité par Metronews : « j’ai vu passer cette vidéo, j’ai décidé de cliquer pour voir. »
L’opposé de l’effet Streisand
Une fois que l’attention est captée, qu’importe la réaction (positive ou négative) pourvu que cela fasse du bruit.
À cet effet, nous pouvons observer l’antithèse de l’effet Streisand. Ce dernier est un phénomène sur internet d’accroissement de la visibilité d’un contenu que l’on souhaite cacher par la censure. Dans notre cas, nous avons affaire à un phénomène de plus en plus habituel où ce n’est plus le désir de mettre fin à une visibilité qui suscite l’indignation, mais la visibilité en elle-même.
On crée donc une situation paradoxale : les gens créent de la visibilité à un contenu en exprimant un désir de censure pour limiter la visibilité de celui-ci.
On assiste alors à une situation de boucle sans fin où le créateur désirant de la visibilité pour son contenu va chercher à indigner le récepteur qui, en voulant mettre fin à cette visibilité, participe en réalité à celle-ci.
Facebook ne changera pas
La faute à un conditionnement pavlovien où durant des années, on a mis dans la tête des gens que plus ils gueulaient et enchaînaient les tweets sur les réseaux sociaux, plus leur parole serait entendue.
Ce conditionnement est désormais utilisé par des marques et touche même les médias lorsque ceux-ci font le jeu d’IRIS en diffusant leurs décapitations.
Jusqu’à quand cette situation va-t-elle durer ?
Difficile à dire mais une chose est sûre : il ne faudra pas compter sur Facebook pour changer le son de cloche.
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