Ces plantes qui nous soignent : Le frêne, l’arbre cosmique
Le frêne commun (fraxinus excelsior) est un arbre magnifique, susceptible de vivre jusqu’à 200 ans (1) au bois précieux, présent partout sur le territoire français métropolitain, jusqu’en Corse ainsi qu’en Amérique du Nord et en Asie
Dans la mythologie grecque, Poséidon était le dieu du frêne. En Scandinavie, Yggdrasil, l’arbre qui permettait à la terre d’être reliée et tenue au ciel, était aussi un frêne. Partout dans le monde, là où il existe, le frêne fut l’arbre incarnant la puissance et celui qui soignait les hommes. (2)
Dans les traditions nordiques, Odin fut pendu à Yggdrasil, l’Arbre du Monde, pendant neuf jours et neuf nuits pour que la sagesse lui soit accordée. Yggdrasil était un frêne, et depuis l’épreuve d’Odin, le frêne fut souvent été associée à la divination et la connaissance. Dans certaines légendes celtes, il est considéré comme un arbre sacré pour le dieu Lugh, qui est célébré à Lughnasad. De part son étroite relation avec le divin, mais aussi avec la connaissance, le frêne peut être associé à n’importe quel sort et rituel.
Certaines traditions magiques utilisent la feuille de frêne pour apporter la bonne fortune. Portez-en une dans votre poche – ceux qui portent quelques branches sur eux sont particulièrement chanceux. (3)
Les anciens Germains lui attribuaient des pouvoirs magiques; convaincus qu’un de ses spécimens géants soutenait le toit du Monde, ils l’avaient dédié au dieu Thor et c’est à son ombre que leurs prêtres sorciers accomplissaient les sacrifices humains destinés à leurs nombreuses divinités; ils utilisaient son bois pour fabriquer des lances qui devaient les rendre invincibles (il est curieux de noter que, selon Homère, le javelot d’Achille était aussi en frêne).
Ailleurs, il passait pour l’antiserpent par excellence. On affirmait que si l’on en portait une feuille sur soi ou si l’on en suspendait des branches dans les étables, aucun reptile ne pourrait vous mordre ou s’attaquer au bétail. Matthiole dit qu’il sert de contrepoison aux morsures de serpents, desquels il est tant ennemi que, ni le matin ni le soir, jamais le serpent n’approchera son ombre, en quoi Nature se montre bien mère, car avant que les serpents sortent de terre, elle fait fleurir le frêne et lui maintient les feuilles jusqu’à ce que le froid renvoie les serpents manger de la terre en leurs trous, croyance qui est certainement à l’origine d’un remède populaire encore en vigueur en certaines régions contre une morsure de vipère : boire une infusion de 250 g de feuilles de frêne et appliquer leur marc sur la plaie… On déclarait aussi – Dioscoride ayant été le premier à le signaler – que « ses feuilles pilées en vin amaigrissent peu à peu ceux qui sont trop gras » et que sa semence provoque à la luxure ou rend l’homme plus vaillant envers les dames. |
ETUDE CHIMIQUE :
L’étude chimique de la composition chimique révèle le présence d’un flavonoïde, le rutoside, aux propriétés anti-inflammatoires. L’activité diurétique est due au mannitol et aux sels de potassium présents dans la feuille. Les mucilages, quant à eux, ont un effet laxatif mécanique très doux. La combinaison de ces deux actions permet de stimuler les fonctions d’élimination de l’organisme. Les feuilles de frêne, anti-inflammatoires et diurétiques sont donc toute indiquées pour soigner les rhumatismes, l’arthrose, la goutte, les problèmes de rétention d’eau et d’œdème. On a découvert récemment que le mannitol présent est un capteur de radicaux libres et que les polyphénols sont antioxydants. Cette propriété permettrait d’utiliser ces substances comme protecteur tissulaire des articulations, évitant ainsi leur vieillissement. (4)
ACTIONS :
Anti-oxydant
Anti-inflammatoire
Diurétique
Fébrifuge
Laxatif
INDICATIONS :
Son action anti-inflammatoire et anti-douleur lui permet de traiter l’arthrose, les rhumatismes, l’arthrite, la goutte
Son action diurétique lutte efficacement contre la rétention d’eau et est une bonne aide pour éliminer dans le cas d’un régime amaigrissant,
On peut également l’utiliser pour faire tomber la fièvre ou atténuer une migraine
En plus de son action rénale, il a également une fonction régulatrice sur les intestins en favorisant les selles
UTILISATION :
Les feuilles de frêne se cueillent de préférence au printemps lorsqu’elles sont jeunes. Séchées, elles se consomment sous forme de tisane.
Dans un litre d’eau bouillante jeter trois pincées de feuilles. Laisser infuser 10 minutes. Boire au moins trois tasses par jour.
Si vous vivez en ville, on trouve des feuilles de frêne séchées dans les magasins bio.
Le frêne est également vendu en gélules plus pratiques quand on travaille pour des cures longues.
RECETTE DE LA FRENETTE
La réussite de la freinette tient essentiellement en trois points :
- La qualité des feuilles :
Récoltez de préférence les feuilles desquelles suinte une substance gommeuse, collante, translucide à blanchâtre. Cet exsudat du frêne résulte de la piqûre du puceron Gossyparia ulmi : c’est la manne de frêne, suc douceâtre naturel, très fréquent chez le frêne à fleurs, occasionnel chez les autres espèces.
En l’absence de feuilles à manne, ne récoltez que des feuilles vertes loin des routes, pour éviter les poussières liées aux passages des véhicules et aux gaz d’échappement.
- La qualité des composants et ingrédients :
En l’absence de manne, achetez-en en pharmacie (nom commercial : « manne de Sicile ») à raison de 250 g de manne pour 2 kg de feuilles.
Sinon, utilisez du pur sucre de canne. La frênette est alcoolisée entre 2°5 et 6°. 45 g de sucre par litre donnent 2,5 degrés et 108 g par litre donnent 6 degrés.
Utilisez la vraie levure boulangère fraîche. Demandez-la à un boulanger traditionnel.
Prenez de la chicorée de bonne qualité, en gros grains.
N’utilisez que de l’eau non chlorée.
- La nature du contenant :
Le tonneau traditionnel de chêne est le meilleur. Sinon, une grande jarre en grès ou une dame-jeanne (bonbonne en verre à col large, habillée de paille, osier ou plastique), se fermant avec une bonde en liège, conviennent aussi.
Recette de la frênette traditionnelle fermière avec feuilles sans manne
Ingrédients : 1000 à 1200 feuilles, 120 g de chicorée torréfiée, 70 g d’acide tartrique, 75 g de levure, 5 kg de sucre (taux d’alcool 3° environ), 100 l d’eau .
- Placez les feuilles dans un grand récipient, sur le feu et couvrez d’eau. Portez à ébullition pendant 40 minutes.
- Faites bouillir 12 minutes la chicorée dans 2 litres d’eau. Filtrez-la à la passoire.
- Prélevez une tasse de jus chaud, dissolvez-y l’acide tartrique.
- Après léger refroidissement, filtrez l’infusion des feuilles au travers d’un sac à filtrer.
- Prenez deux litres du liquide pour dissoudre le sucre et un litre pour dissoudre la levure.
- Mélangez tous les liquides, versez-les dans le tonneau, complétez avec l’eau restante. L’ajout de sels nutritifs est un non sens pour une frênette de qualité !
- Laissez fermenter dans un local sombre, ventilé, bonde du tonneau ouverte.
- Une écume sort par la bonde dés le lendemain. Ôtez-la chaque jour.
- Complétez d’eau à niveau après 10 jours.
- La fermentation dure 15 à 60 jours suivant conditions. L’arrêt des mouvements de bulles en marque la fin. Si vous avez un densimètre, cessez la fermentation à 1008 ou 1009 et soutirez immédiatement.
- Gardez-en un peu à boire de suite, mettez le reste en bouteille. Conservez-la encore deux semaines pour terminer la maturation.
Ne remuez pas les bouteilles pour servir, vous laisserez le fond avec le dépôt de levure.
Servez frais, comme un champagne : à boire sans modération à toute heure de la journée (5)
sources :
(1)
(2)
(3)
http://www.lepetitpeuple.fr/index.php?post/2011/07/21/Lughnasadh%3A-la-magie-du-fr%C3%AAne
(4)
http://larodz.chez-alice.fr/plantes/frene.html
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