Apithérapie : les abeilles guérisseuses

Gelée royale, miel, propolis, pollen, venin, les abeilles sont des insectes indispensable pour la nature, en général  mais aussi une source particulière de bienfaits depuis des millénaires pour une humanité incapables de la protéger …

Les abeilles guérisseuses ou la richesse de l’apithérapie

De la gelée royale, sécrétion des glandes pharyngiennes des jeunes abeilles, dites nourricières, prescrite en cas de rachitisme, de neurasthénie, de troubles de la ménopause, d’hypotension, d’inappétence, de grossesse… Du miel de lavande, d’oranger, de romarin ou de tilleul pour soigner l’hypertension; de l’aromiel contre la goutte, le cholestérol ou la cirrhose; du propolis pour vaincre la grippe, les gastrites, les cystites, en cas de déficience immunitaire ou en complément d’un traitement médical dans le cadre d’un cancer; du pollen indiqué en cas de coliques, de bouffées de chaleur, de boulimie ou d’arthrose Pain d’abeilles, teinture de propolis, miel de sapin, propomiel, gelée royale, ou venin d’abeille via l’apipuncture, l’apithérapie sous toutes ses formes, à titre curatif ou préventif, semble couvrir nombre d’indications, jusqu’à la sclérose en plaques, dans une certaine mesure du moins.

«La ruche est un formidable laboratoire au sein duquel les abeilles élaborent depuis la nuit des temps les médicaments indispensables à la santé de l’homme», soutient Roch Domerego, naturopathe, professeur d’université et auteur de «Ces abeilles qui nous guérissent» (1).

DANS L’ANTIQUITÉ DÉJÀ

Loin d’être la dernière invention de la médecine dite douce ou verte, l’apithérapie, ou l’utilisation des abeilles et des produits de la ruche dans un but thérapeutique, remonte à la plus haute Antiquité. Pratiquée depuis des siècles par les Asiatiques, vantée par Hippocrate, Alexandre le Grand ou Charlemagne, l’apithérapie n’est pas une pratique médicale aujourd’hui reconnue, bien qu’elle se soit avérée efficace dans certaines maladies, comme l’arthrite, le rhumatisme ou la sclérose en plaques, pour ne citer que celles-là.

Dans ce dernier cas, «certains défenseurs de l’apithérapie admettent d’ailleurs que le traitement arrive tout au plus à soulager les symptômes, au même titre que les formes de traitement conventionnelles

(NdlR: cette maladie restant toujours incurable), explique Michel Saint-Germain dans le «Guide Ressources«, tout en soulignant que les traitements d’apithérapie permettent au patient de tenir le coup et de mener un train de vie acceptable: d’échapper à l’incontinence, à la surdité partielle, à la fatigue, et dans le cas de l’arthrite, à une douleur insupportable». Sans compter que le venin d’abeille n’entraîne pas les effets secondaires habituellement liés au traitement à la cortisone (troubles gastro-intestinaux, dermatologiques, neurologiques, métaboliques), ce qui permet une administration prolongée.

MYSTÉRIEUX MODE D’ACTION

L’apipuncture consiste à utiliser le venin d’abeilles par piqûre ou micro-piqûre naturelle en vue d’un traitement déterminé en utilisant les points d’acuponcture, dans le cadre d’un protocole curatif ou préventif. Récoltées au sein d’une ruche, le jour même ou la veille du traitement, les abeilles vivantes sont prises une à une entre le pouce et l’index, soit à l’aide d’une petite pince, pour être présentées à l’endroit précis du point d’acupuncture. La piqûre effectuée, on éloigne l’abeille du patient, ce qui entraîne l’ablation de l’appareil vulnérant, l’aiguillon, qui reste dans la peau. Libérées, les glandes à venin des abeilles femelles reines et ouvrières vont continuer à battre deux à cinq minutes durant, par le biais des réactions spasmodiques réflexes.

 

Cela dit, pas plus que le mode d’action de certaines molécules, celui du venin d’abeille ainsi que la dose efficace ne sont encore clairement établis. Les spécialistes avancent qu’il stimule les systèmes immunitaire et endocrinien, de même qu’il désintoxique en augmentant la circulation dans la zone piquée. Toutefois, des analyses de laboratoire ont permis d’identifier des agents anti-inflammatoires jusqu’à cent fois plus puissants que la cortisone et des composants qui stimulent les défenses anti-inflammatoires de l’organisme. En bloquant le transfert de l’influx nerveux, la mellitine, fraction la plus active du venin, semble exercer une forte influence sur le système nerveux.

Aux doses thérapeutiques, le venin, par ailleurs puissant anticoagulant et agent immunologique actif, peut empêcher l’apparition de crampes, abaisser la tension artérielle, entraîner une vaso-dilatation notamment au niveau des capillaires cérébraux, inhiber la réaction inflammatoire et diminuer la perception de douleur, qui sont associées à des pathologies comme l’arthrite, les myalgies, les cicatrices douloureuses, les sciatiques ou encore les névralgies intercostales.

Ces abeilles qui nous guérissent, Roch Domerego, Ed. J. C. Lattès, 205 pp., 773 FB, 19,16 euros

LAURENCE DARDENNE© La Libre Belgique 2001