Corrida : On ne règlemente pas la torture, on l’abolit !

Ce titre est de Gérard Charollois, magistrat et président de la Convention Vie et Nature. Supplicier à mort un animal juste pour le divertissement est inconcevable et dégradant. Pourtant, pour certains, cette résurgence révoltante des jeux du cirque est normale. Après des décennies de censure et de mépris, la plupart des grands médias font désormais appel aux association anti-corrida pour apporter la contradiction aux taurins. Sur ce registre, c’est une avancée considérable.

Un peu d’histoire..

La corrida espagnole a été introduite en 1853 pour satisfaire le bon-vouloir d’Eugénie de Montijo, espagnole devenue l’épouse de Napoléon iii. Condamnée par la loi Grammont qui interdit les cruautés envers les animaux, elle va cependant être autorisée en toute illégalité pendant un siècle par des élus séditieux, avant d’ête légalisée par exception dans onze département du sud de la France en 1951. A l’heure actuelle, sept autres pays pratiquent des corridas dans le monde : Espagne, Portugal, Mexique, Colombie, Pérou, Venezuela, et Equateur.

Le 28 juillet 2010, un véritable coup de tonnerre a éclaté en Espagne et dans tout le monde de la tauromachie : La Catalogne a aboli la corrida ! Le pays symbole de la corrida voit l’une de ses provinces abolir cette pratique à la suite d’une initiative législative populaire menée par les opposants catalans à la corrida. Il en est de même dans certaines régions au Mexique et en Equateur.

La corrida espagnole avec spectacle de mise à mort

Les principaux types de corrida sont la corrida espagnole, la corrida portugaise ou les taureaux sont mis à mort hors du regard du public, la corrida de rejon qui se pratique à cheval avec une pique, et la novillada ou des veaux sont mis à mort par des adolescents ou de jeunes adultes.

La corrida espagnole est divisée en trois tercios.

Dans le premier, le picador se sert d’une lance de 2m60 pour sectionner les muscles du cou du taureau, ce qui le force ensuite à garder la tête baissée, non parce qu’il est menaçant mais parce qu’il ne peut plus la tenir droite.

Au second tercio, les banderilleros lui enfoncent dans le dos jusqu’à 6 harpons munis d’une pointe anti-retour en acier, ce qui crée une hémorragie massive.

Quand vient enfin le tout du matador (tueur en espagnol), l’animal suffoque tellement il a perdu de sang et finit par être achevé avec une épée, suivie de plusieurs coups de poignard. Quand bien même il serait gracié, il succomberait dans les heures qui suivent à ses lésions multiples.

Le danger que courent les toreros est très relatif : en deux siècles, 474 on été tués dans le monde contre 250 000 taureaux tués chaque année lors de corridas et surtout d’entraînements. (L’on ne parle pas ici des chevaux qui sont blessés et abattus dans l’exercice de leur fonction et qui n’ont rien demandé à personne)

Cela veut dire que le risque d’être tué est de 1 sur 100 000 pour les toreros, une activité infiniment moins dangereuse que de monter dans sa voiture ! Il faut dire que les toreros sont entraînés pendant de longues années ce qui n’est pas le cas des taureaux qui sortent tout juste de leur pâture..

Les taureaux de corridas sont issus d’élevages spécialisés situés pour la plupart en Espagne. Au bout de deux à cinq ans, ils sont poussés dans un camion où ils restent confinés jusqu’à plus de deux jours, subissant toutes sortes de traumatismes pour les désorienter et les affaiblir. Enfin ils sont relâchés dans l’arène. Ils se ruent alors dans une enceinte dont ils ne sortiront plus vivants, après 20 minutes de tortures épouvantables.

Un lobby qui vise les enfants

Devant la violence de la corrida, le simple bon sens voudrait qu’on préserve les enfants de ce spectacle mortifère.  Ce n’est pas le cas, au contraire.

Le milieu de la tauromachie considère que l’incitation à faire assister les enfants aux corridas, y compris les plus jeunes, est un acte de prosélytisme nécessaire à la perpétuation de la tauromachie avec mise à mort.

Les mesure incitatives sont nombreuses : billets graduit ou tarifs réduits, jeux-concours permettant de gagner des places… Un organisme de lobbying tauromachique  (l’Observatoire National de la Culture Taurine) même tenté de diffuser une liste falsifiée de psychiatres et psychologues favorables à la corrida et à leur accès par les enfants !

Plusieurs collectifs et associations de professionnel de la psychologie et de la psychiatrie ainsi que des spécialistes de la protection de l’enfance ont réagi en prenant très clairement position contre  la présence d’enfants dans les corridas.

Récemment, cette question a été débattue à l’ONU dans le cadre de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. La vice-présidente du comité a déclaré que « la participation d’enfants et d’adolescents (filles et garçon) à toute activité tauromachique constituait une violation grave des articles de la Convention relative aux droits de l’enfants »

La seule justification de la corrida est d’être une tradition. C’est ce que dit le Code Pénal – article 521.1 qui réprime « les sévices graves et actes de cruauté sur des animaux » dont relève la corrida : elle est autorisée par exception en cas de « tradition locale ininterrompue ».

En quoi une tradition peut-elle justifier un acte de torture ? Ne devrait-on pas alors légaliser l’excision en tant que tradition ininterrompue dans les communautés installées en France depuis des décennies ?

La seule solution qui reste est de faire abolir cette exception.

75% des Français sont contre la corrida. Cela devrait être suffisant pour justifier que le parlement se penche sérieusement sur le problème. De très nombreuses pétitions sont signées chaque années pour protester et envoyées aux députés.

Neuf propositions de lois ont été déposées. Pas une n’a jamais été mise à un ordre du jour ! Les catalans ont un esprit plus démocratique que le nôtre…

A savoir également : La tauromachie est subventionnée par des subventions massives qui la soutiennent (plusieurs centaines de millions d’euros entre municipalités, régions, et Europe par le biais de la PAC)  Pendant ce temps, les associations qui recueillent les animaux crèvent la bouche ouverte.

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FLAC (Fédération des luttes pour l’abolition des corridas) http://www.flac-anticorrida.org

CRAC Europe (Comité Radicalement Anti Corrida  http://www.anticorrida.com

D’après Biocontact Juillet/Aout 2014