Activité solaire : l’étrange comportement du soleil
Météo : L’astronome Pierre Bourge inquiet de l’évolution de l’activité solaire
Considéré comme l’un des pères de l’astronomie amateur, vulgarisateur scientifique, auteur de nombreux ouvrages, il se dit très préoccupé de l’activité solaire actuelle.
A l’aube de ses quatre-vingt douze printemps, l’astronome percheron Pierre Bourge peste certes après une santé devenue fragile et une audition qui lui fait désormais défaut mais son esprit et son regard scientifiques, eux, sont en activité permanentes ! Et l’avènement des nouvelles technologies lui a apporté un regain d’énergie pour échanger avec des passionnés du monde entier comme il a pu nous le confier dans une interview exclusive :
“Internet est un outil vraiment fabuleux pour ça. Sans ces échanges je ne pourrais plus me tenir au courant des dernières actualités, des dernières découvertes. Là, je peux partager mon expérience”.
Une expérience de plus de soixante-dix années au service de plusieurs de ses passions mais en premier lieu de l’astronomie. Il n’a eu de cesse de faire partager au plus grand nombre ses connaissances sur l’univers en général, sur l’activité solaire en particulier puisqu’il est à l’origine de la création d’appareils spécialisés dans la photographie et la cinématographie astronomique avec une capture des explosions solaires en automatique par exemple au sein de son observatoire de Saint-Aubin-de-Courteraie.
L’impact de l’activité solaire sur la vie terrestre
Aujourd’hui, Pierre Bourge suit de très près notre météorologie “détraquée” et s’intéresse à la baisse de 4°C de nos températures :
“Tout ce qui se passe actuellement va dans le sens de ce que je pense depuis longtemps : l’activité solaire a des répercussions sur la vie terrestre. Tous les onze ans on peut constater que le soleil passe par des pics très forts et des pics faibles. Nous sommes en ce moment dans une situation plutôt étrange puisque nous entrons dans un pic fort. Nous avons connu de tels pics dans les années quatre-vingts, quatre-vingt dix, j’en avais d’ailleurs profité pour filmer les grandes flammes du soleil.”
Le dernier grand pic d’activité a duré cinq ans, il n’y avait que peu de tâches solaires donc moins de déversement d’énergie en direction de la Terre, une énergie qui se manifeste par les vents solaires, les éruptions chromosphériques :
“Quand il y a un plat sur les courbes d’activité, on reçoit moins d’énergie et l’homme n’y peut rien, tout se passe à 150 millions de kilomètres d’ici ! En revanche, nous subissons, c’est certain. Il y a peu de tâches aujourd’hui mais nous sommes en train de remonter une pente sauf qu’elle n’atteindra vraisemblablement pas les niveaux précédents”.
Les spécialistes s’accordent à dire que trois courbes de croissance sont possibles avec une hypothèse haute, moyenne et basse. Si les deux premières ne présagent pas franchement une hausse des températures, la troisième en revanche est celle qui est la plus inquiétante :
“Ce sera assurément la plus catastrophique. Si la température continue de se maintenir avec 4°C de moins, nous n’en avons pas terminé avec les répercussions sur notre climat ! Dans des cycles qui peuvent prendre onze, vingt-deux ou trente-trois ans, on peut déboucher sur un sérieux refroidissement de notre planète, certains n’hésitent pas à dire que Cherbourg et Brest pourraient être pris dans les glaces !”
Dans les deux, trois années à venir les spécialistes vont voir plus précisément l’orientation de ce phénomène :
“Un tel refroidissement, s’il se confirme, va avoir un impact considérable sur l’agriculture. Faire sécher les graines sera très problématique, il y aura dérèglement des semences, des mûrissements, des récoltes… Et que dire du tourisme qui fuira ces régions devenues froides”.
Le calme avant la tempête ?
“Je ne sais pas si l’on peut dire cela mais ce qui est sûr c’est que nous assistons déjà à un dérèglement général du fait des activités humaines qui s’empilent les unes sur les autres. Là, c’est un phénomène pour lequel nous ne pouvons malheureusement rien mais il faut en être informé, ne pas accuser n’importe quoi ou n’importe qui…”
Au-delà de l’impact sur la production agricole et le tourisme, cette météorologie détraquée a aussi plus subjectivement, un impact sur le moral des humains qui ont besoin de leur dose de soleil pour se sentir bien :
“Oui, mais une petite dose, cinq, dix minutes par jour. Pour l’avoir tant observé, je peux vous dire que ce soleil si indispensable est aussi tellement dangereux. Je peux vous dire que je n’oserai pas m’étaler plusieurs heures sur une plage ! L’énergie qu’il nous apporte est vitale sur le plan physique et psychique mais avec modération”.
Indignés : réagissez !
Dans quelques mois, Pierre Bourge devrait sortir son dernier ouvrage. Un ouvrage mêlant ses connaissances scientifiques à son approche philosophique de la vie, à l’image de son Lumières sur le réel invisible qu’il a publié l’année dernière.
Sauf que cette fois il souhaite répondre au best-seller de Stéphane Hessel : Indignez-vous ! en publiant Indignés : réagissez !
“Si deux millions de personnes vont dans la rue pour réagir, ça se voit. Si quarante millions sont indignées chez elles, on s’en moque ! Ce sera le point de vue de quelqu’un d’apolitique, libre, qui veut respecter son environnement, la nature… l’essentiel de ce qui fait l’humanité”.
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