Big brother : trollage et manipulation
Nous sommes dans une guerre sans merci et quasiment mondiale de la communication. Soyons sans illusions, cette guerre qui ne dit pas son nom s’étend non seulement dans le domaine politique, mais aussi financier, sociétal et commercial. Ça va devenir de plus en plus difficile de démêler le vrai du faux. Les attaques seront calculées, subtiles et sournoises. Ne pensons pas qu’il sera facile de les repérer. Certaines, peut-être pour planter quelques arbres qui cacheront la forêt. Considérons que nous avons ici affaire à des pros. Pas au petits blogueurs lambda. L’étau se resserre, implacablement…
L’armée américaine dépense des millions pour étudier la manipulation des réseaux sociaux
Global Research – 10 juillet 2014
Nombreux liens en anglais dans l’article source ( Ciel Voilé )
Les activités des utilisateurs de Twitter et d’autres réseaux sociaux ont été enregistrées et analysées dans le cadre d’un grand projet financé par l’armée américaine, dans un programme similaire à l’expérience controversée de Facebook sur la façon de contrôler les émotions en manipulant le cours des informations.
La recherche financée directement ou indirectement par le Département de recherche militaire de la Défense, connu sous le nom de Darpa, a impliqué les utilisateurs de certaines des plus grandes destinations de l’Internet, y compris Facebook, Twitter, Pinterest et Kickstarter, pour étudier les relations sur ces réseaux sociaux et la manière dont les messages sont diffusés.
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Plusieurs des études financées sont allées plus loin que la simple surveillance de ce que les utilisateurs communiquaient, en envoyant des messages à des participants involontaires pour suivre et étudier la façon dont ils y répondaient.
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La liste de projets comprend une étude sur la façon dont les militants du mouvement Occupy utilisent Twitter ainsi que d’une gamme de recherches pour contrôler les messages en ligne et comprendre comment l’influence du comportement (aimer, suivre, partager) se manifeste sur une gamme de plates-formes populaires de médias sociaux comme Pinterest, Twitter, Kickstarter, Digg et Reddit.
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Dévoilé en 2011, le programme SMISC [les réseaux sociaux dans la communication stratégique] a été considéré comme une tentative de l’armée américaine d’améliorer à la fois la détection et la réalisation de campagnes de propagande sur les médias sociaux.
« Grâce à ce programme, la DARPA cherche à développer des outils pour soutenir les efforts des opérateurs humains pour contrer les campagnes de désinformation ou de tromperie par des informations véridiques». [« véridiques » voulant dire approuvées par le gouvernement ? ]
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Parmi les études financées par l’armée, menées par IBM, l’une qui s’intitulait « Modélisation de l’attitude de l’utilisateur à l’égard de sujets controversés dans les réseaux sociaux en ligne », analysait les opinions des utilisateurs de Twitter sur la fracturation hydraulique.
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Comme autre exemple, lorsque des messages anti-gouvernementaux sont diffusés dans les médias sociaux, le gouvernement voudrait diffuser des contre-messages pour arrêter cette propagation et donc identifier les personnes les plus susceptibles de propager ces contre-messages en fonction de leurs opinions. »
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Une étude à Georgia Tech … a conclu: « Les dépêches et les événements du monde – par exemple, le printemps arabe – sont fortement représentés dans les médias sociaux, et donc sensibles aux tentatives de tromperie ». [ Nous ne pouvons pas dire si les chercheurs étaient pro ou anti-tromperie; mais étant donné que les États-Unis et la Grande-Bretagne ont utilisé Twitter pour répandre intentionnellement des mensonges dans d’autres pays, nous pouvons supposer qu’ils étaient pour.]
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L’une des multiples études portant sur la façon de diffuser des messages sur les réseaux, intitulée : « Qui va Retweeter ceci ? » a identifié automatiquement et engager des étrangers sur Twitter pour diffuser de l’information.
Les chercheurs ont expliqué: « Puisque n’importe qui peut influencer les médias sociaux et diffuser des informations, notre travail vise à identifier et engager les bonnes personnes au bon moment sur les réseaux sociaux pour aider à propager l’information en cas de besoin ».
Pour comprendre réellement cette histoire, un peu de contexte :
* Nous avons constaté, il y a 6 ans, que le Pentagone utilisait des programmes d’intelligence artificielle pour essayer de prévoir comment les gens réagiraient à la propagande.
* Nous avons enregistré pendant 5 ans que le ministère de la Défense utilisait la désinformation et la perturbation sur internet pour discréditer les militants et manipuler l’opinion publique, tout comme il épinglait les journalistes de la télévision et les reporters qui remettent trop en cause le gouvernement.
* Nous avons depuis longtemps signalé que le gouvernement censure et manipule les médias sociaux. Plus de preuve ici.
* Edward Snowden a révélé des documents de la NSA qui montrent que le gouvernement américain tente de contrôler, d’infiltrer, de manipuler et de déformer le discours en ligne, et que les agences d’espionnage manipulent et nuisent aux discussions en ligne pour promouvoir la propagande et discréditer les critiques du gouvernement.
Post-scriptum: Nous avons expliqué l’un des aspects de cette histoire – l’importance de contrôler les informations qui ont trop de succès – Février :
Le gouvernement consacre beaucoup de main-d’œuvre et d’argent à contrôler quelles informations, quels messages et quels mouvements sociaux atteignent une diffusion telle qu’ils deviennent en fait une menace pour le statu-quo. Par exemple, la Réserve Fédérale, le Pentagone, le Département de la Sécurité intérieure, et d’autres organismes surveillent tous les réseaux sociaux pour détecter les articles qui les critiquent eux, ou le gouvernement en général. D’autres gouvernements – et des entreprises privées – font la même chose.
Pourquoi?
Parce qu’une information dont la diffusion explose, occupe un rang élevé sur les sites des réseaux sociaux. Donc, elle a une forte probabilité de se répandre dans la conscience populaire, de violer le secret qui permet la corruption, et de devenir un véritable défi pour les pouvoirs en place.
Un concept proche est la « preuve sociale ». La « preuve sociale » est le principe bien connu selon lequel le public va croire quelque chose si la plupart des gens y croient. En d’autres termes, la plupart des gens ont l’instinct grégaire : si une information a du succès, davantage de gens sont enclins à la croire et à être influencés par elle.
C’est pourquoi les pouvoirs vont très loin – en utilisant la puissance de l’informatique et des ressources humaines – pour contrôler la dynamique des réseaux sociaux. Si une information qui critique le pouvoir, gagne du terrain, ils iront très loin pour tuer sa dynamique, et détruire la preuve sociale, qui augmente beaucoup avec les votes,les appréciations favorables et les recommandations sur ces réseaux.
Ils peuvent choisir d’inonder les réseaux sociaux de commentaires favorables au pouvoir, en utilisant des armées de marionnettes, c’est-à-dire de fausses identités dans ces médias..
SOURCE : ICI