Hausse des cancers hormonaux dépendants en France

Alors que la ministre de la Santé Marisol Touraine présentera le 19 juin les grandes lignes du projet de loi de santé publique, le Réseau Environnement Santé (RES) alerte ce mardi 17 juin sur la croissance en France du taux d’incidence des cancers « hormono-dépendants (sein et prostate) et des cancers masculins ».

« La France est aujourd’hui, selon les données du Centre international de recherche contre le cancer, le premier pays au monde pour l’incidence (de ces cancers, ndlr). Cela lui donne une responsabilité particulière pour mener une politique de lutte contre le cancer et plus largement contre les maladies chroniques (maladies cardio-vasculaires ou respiratoires, cancers, diabète…) », prévient le RES. Le taux de dépistage pour le cancer du sein serait de 52% en France contre 80% pour la Suède. Pour le cancer de la prostate, le dépistage « ne peut expliquer un rapport de 1 à 4 entre la Réunion et la Martinique ou de 1 à 2,4 entre la Réunion et la métropole », ajoute-t-il.

Les perturbateurs endocriniens (PE) (1) sont « l’hypothèse la plus vraisemblable » pour expliquer l’origine des cancers hormono-dépendants, indique le RES. « La croissance des maladies chroniques ne peut s’expliquer par les seuls facteurs classiques du vieillissement, du dépistage et du mode de vie. Notre environnement est en cause », affirme-t-il.

Mais « la réalité de cette crise sanitaire est encore largement niée » : la Stratégie nationale de santé – dont le projet de feuille de route a été présenté en septembre 2013 par Mme Touraine – « n’est pas définie par rapport à cette épidémie ». Tandis que les perturbateurs endocriniens, « principale hypothèse explicative », ne sont « mentionnés que marginalement » dans le plan Cancer, déplore-t-il.

Le RES appelle l’Etat à définir le plan national santé environnement 3 (PNSE3) et les plans régionaux santé environnement (PRSE) « à partir de la croissance des maladies chroniques en prenant appui sur des indicateurs de santé comme la croissance des ALD (affections de longue durée, nldr) au niveau national et régional ».

La stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, adoptée le 29 avril dernier, prévoit d’inscrire la thématique des PE comme « un axe essentiel de la recherche en santé environnementale ». Le RES demande également que les acteurs de la santé environnementale « soient réintroduits dans le Conseil national de la transition écologique«  (CNTE).

Exemples de familles de molécules à effet perturbateur endocrinien et leurs sources potentielles
Famille chimique Sources potentielles Exemples
Phtalates  Plastiques, cosmétiques  Dibutyl phtalate
Alkylphénols  Détergents, plastiques, pesticides  Nonylphenol
Hydrocarbures aromatiques polycycliques  Sources de combustion: fumée de cigarette, émission des moteurs diesels, incendies  Benzo(a)pyrène
Polychlorobiphényles  Transformateurs électriques  PCB, Arochlor
Anciens pesticides  Résiduels de stockage, pollution rémanente  DDT, Dieldrine, Chlordane
Autres pesticides  Agriculture, nettoyages urbains, jardins particuliers  Atrazine, Ethylène thiourée, Heptachlor, Lindane, Malathion
Retardateurs de flamme  Mousses pour les mobiliers, tapis, équipements électroniques  Polybromodiphényles (PBDE)
Dérivés phénoliques Désinfectants, plastiques, cosmétiques  Bisphénols A, Parabens, Halogéno-phénols

Source : Expertise collective AFSSET INSERM, 2008: Cancer et environnement.

Source : http://www.cancer-environnement.fr/274-Perturbateurs-endocriniens.ce.aspx