Qui veut la peau de nos agriculteurs ?
Une cinquantaine de paysans venus de toute la France ont démonté ce matin une partie des installation de la ferme usine des Milles Vaches, en Picardie, pour protester contre la dramatique politique d’industrialisation agricole prônée par l’Europe et soutenue par la France. (1)(2) Cette politique de destruction de la paysannerie traditionnelle est dramatique :
Avec la périurbanisation, de nombreuses habitations voient le jour un peu partout, au détriment de nombreuses terres agricoles. Cela provoque évidemment la colère des agriculteurs qui disposent de moins en moins de surface pour faire leurs cultures, conduisant parfois même à la disparition de certaines exploitations.
De nombreuses statistiques ont été réalisées et ont montré l’importance du phénomène. En l’espace de 50 ans, l’espace agricole en France est passé 35 à 28 millions d’hectare soit une baisse de 20%, dont 2,5 millions ont été consacrés à la construction d’infrastructures due à l’étalement de la ville.
Le nombre d’exploitations agricoles est passé de 2 millions à 490 000 en 2010 : il a donc été divisé par 4 depuis 1960 ; et la part d’exploitant agricole a également connu une forte baisse passant de 10% à moins de 3% à l’heure actuelle.. (3)
Selon un rapport européen sur l’agriculture, 116.000 des petites exploitations françaises (entre 2 et 5 hectares) ont une production standard annuelle inférieure à 8000 euros et 42 000 inférieure à 2000 euros (chiffres 2010) (4)
Pourtant, ce même rapport reconnaît que : «
Les petites exploitations agricoles sont un élément indissociable des zones rurales européennes et fournissent de nombreux biens publics, notamment en contribuant à la préservation de la diversité des paysages, en assurant la subsistance de millions de personnes, principalement dans ce qu’on appelle les nouveaux États membres, et en cultivant depuis des siècles de riches traditions et coutumes populaires rurales. La vie de très nombreuses familles dépend du fonctionnement de ces exploitations, souvent depuis plusieurs générations. Néanmoins, la PAC continue de favoriser les grandes exploitations à caractère commercial, qui bénéficient déjà d’économies d’échelle.
Le revenu moyen des agriculteurs a baissé de 23% en 2013 (5)
Les aides agricoles européennes (environ 7 milliard d’euros) ont été calculées en fonction de la surface des terres exploitées et ont essentiellement profité au industries céréalières (pour 74%) et pour l’ensemble des industriels de l’agriculture 64%. On imagine ce que peut toucher un paysan installé sur moins de 10 hectares… (6)
La mise en place d’une réforme de la PAC ayant pour but d’équilibrer les attributions de ces subventions est en cours. L’Europe à confié au États cette nouvelle répartition des aides et ce n’est pas simple, les agro-industriels n’ayant pas l’intention de laisser faire… (7)
TOUT LES DEUX JOURS, UN PAYSAN SE SUICIDE (8), la première cause de décès étant les cancers.
Voilà donc le triste bilan du métier d’agriculteur dans une petite exploitation familiale.. De ce point de vue, ce n’est plus un métier, c’est une vocation.
L’effondrement de l’industrie française, par délocalisations, rachat et démantèlement d’usines par des patrons financés par des fonds de pension américains qui demandent une rentabilité supérieure à 7, voire 10%, (alors que ces usines dégageaient suffisamment de bénéfices pour tourner et maintenir les emplois) a détruit la classe ouvrière, mais ils ne sont pas les seuls.
Comme je l’ai entendu à la radio, il y a une « sous-France » broyée par le dogme de la rentabilité à tout prix, sous-France de la classe ouvrière mais aussi d’une classe paysanne, désespérée, en plein naufrage, qui ne sait plus à qui s’adresser pour réussir à simplement survivre, et qui choisit de mourir.
Galadriel
(2) http://www.reporterre.net/spip.php?article5929
(3) http://villeetnature.canalblog.com/archives/2014/03/04/29357552.html
(5) http://blog.lefigaro.fr/agriculture/2013/12/le-revenu-moyen-des-agriculteu.html