Sommes-nous des crétins manipulés par des rumeurs ?
Deux journalistes l’un de France Info, l’autre de France Inter Mattieu Aron et Pierre Cognard ont publié ce printemps un livre (initié sans doute par la mise en cause régulière des médias officiels par l’opinion publique), sur les rumeurs (1). Spécialistes tous les deux des tribunaux et des affaires juridiques, l’on comprend qu’ils soient interpellés par le sujet dont ils ont pu mesurer dans les prétoires tous les ravages.
Il est vrai également qu’internet voit fleurir les plus abracadabrantes hypothèses, relayées par une culture du buzz et de l’immédiateté qui a tellement rétréci le temps qu’elle nous prive de l’espace de silence nécessaire à la réflexion.
S’inquiéter de la véracité d’une information qui circule est un réflexe que nous devons tous avoir, l’autre nom de la rumeur étant la manipulation. Mais pour ces deux journalistes, tout ou presque ce qui dévie de l’information officielle est basé sur des rumeurs. Balayés d’un revers de main les enquêtes de confrères non soumis aux diktats du pouvoir, les témoignages, les analyses de spécialistes et recherches contradictoires. Ce ne sont que des rumeurs venant de gens qui rejettent une « réalité » qu’ils refusent et en se réfugiant dans l’imaginaire, le fantasme.
Les illuminatis, le 9/11, Kennedy, et autres chemtrails pour ne citer que ces quelques éléments de notre obscurité historique, parmi tant d’autres, c’est du pur complotisme, de la rumeur et ce n’est pas négociable.
Je n’ai pas lu le livre, et peut-être, en tout cas je l’espère, est-il plus nuancé que ce que j’ai entendu dans un interview de 5 minutes, ce qui ne laisse guère le temps de faire dans la dentelle… Ce qui m’a interpellé dans ce dialogue sans nuances, c’est que nous avons eu, là encore, la démonstration de l’aveuglement de journalistes imprégnés de leur toute puissance intellectuelle, élite détentrice d’un savoir qui ne saurait tolérer aucune mise en doute. Cela s’appliquait tant à l’interviewé qu’au journaliste qui posait les questions.
Pourtant combien de recherches historiques des années, voire des siècles plus tard, loin de toute émotion et de toute passion (et encore …) sont venues contredire les analyse de l’époque qui passaient pour des vérités incontestables ?
Autre interrogation non négligeable : ces inexactitudes répandues et tenues pour vraies par les pouvoirs financiers, économiques, politiques militaires, scientifiques ou religieux ont-elles été motivées par une nécessité, une volonté de tromper ou un aveuglement ?
Tous les blogs comme le nôtre qui relayent d’autres enquêtes et études que celles publiées par l’AFP ou Reuters sont-ils crédibles ? Serions-nous à notre tour aveuglés et, à notre corps défendant, victimes de rumeurs ? La question se pose en effet. Nous devons prendre en compte le fait que nos idéaux, positions philosophiques, politiques, nous poussent à accroire sans trop d’analyse ou à réfuter aveuglement ce qui nous arrange. Nul n’est à l’abri.
La vérité, idéalement, n’appartient à aucune faction…. La vérité serait l’adéquation entre les faits et le discours … Mais la lecture des faits n’est-elle pas déjà une interprétation ? Ne serait-elle alors qu’une illusion ? La vérité n’est-elle pas toujours la vérité de quelqu’un ? D’où la nécessité de lire, de réfléchir, de croiser les informations, d’être honnête, d’être prudent et nous ne le répéterons jamais assez, d’utiliser son libre-arbitre !
C’est vrai : La rumeur peut-être stupide et dangereuse., elle peut viser et détruire une personne, une famille, une ville, un pouvoir, un mouvement politique, philosophique, un peuple, une religion…Ce seraient les libelles distribués à la population parisienne répandant des rumeurs sur Marie Antoinette qui auraient déclenché le mouvement révolutionnaire. Ce raccourci me dérange. Ces libelles n’ont été crédibles que parce que le terreau révolutionnaire était prêt à les accueillir comme vrais. Il y a ici, je crois, confusion entre l’effet et la cause…
Certaines rumeurs sont totalement gratuites. La plupart du temps cependant on voit bien qu’elles profitent à telle ou telle recherche de bénéfice idéologique ou matériel. Si on a pu définir à peu près celui à qui le « crime » profite, on a déjà un début d’analyse.
La rumeur a aussi un côté salutaire. Elle provoque questionnements, réflexions, doutes, débats. Pour certains potentats, pour la dictature du politiquement correct, c’est inconcevable…. Car, je vous le dis tout net, si nous pensons, si nous réfléchissons, si nous doutons, cela ne peut-être que de travers, parce que nous sommes victimes de rumeurs.
Seuls les médias officiels et leurs journalistes salariés, les spécialistes adoubés par le pouvoir détiennent à la fois le QI nécessaire et la capacité à répandre la vérité.
Qu’on se le dise !
Rappel : La presse française donneuse de leçon n’arrive qu’en 37ème place mondiale (2013) derrière le Ghana, Chypre, la Lituanie ou encore la Namibie ou l’Uruguay….
http://issuu.com/rsf_webmaster/docs/classement2013/23?e=0
Dans cet article sur le sujet, vous verrez que certains se penchent très sérieusement sur des moyens scientifiques pour remonter aux sources des rumeurs: L’intention semble bonne, mais n’est ce pas là encore, un outil supplémentaire de contrôle ?
Galadriel