Tribune : St Gattaz part en croisade contre la précarité et… le SMIC

Si vous suivez le blog, vous savez que nous suivons de près les manoeuvres et déclarations de Pierre Gattaz le saint patron des patrons. La dernière en date soutient la proposition de Pascal Lamy (membre du Bilderberg) d’un sous-smic. Nous relayons ici la tribune d’un rédacteur des moutons enragés dont j’approuve l’anlyse et qui mérite réflexion.

Il y a un peu plus d’un mois, Pascal Lamy  relançait  l’idée d’un SMIC au rabais, chère à Edouard Balladur sous la forme du CIP (mais qui lui coûta probablement sa carrière politique et la présidentielle…), idée qui fut ensuite reprise sous la forme d’un  « contrat première embauche », par Dominique de Villepin sans qu’aucun des gouvernements n’arrive à l’imposer, la faute à la mobilisation de la jeunesse hostile à l’idée (et avec raison !) de démarrer sa carrière avec un « SMIC au rabais ».

Cela fait donc vingt ans que la droite tente sans succès d’imposer des salaires de misère à la jeunesse de ce pays. Cet état de fait semble aujourd’hui insupportable à une partie des leaders « socialistes », comme l’ancien directeur de l’OMC Pascal Lamy ou encore l’ex ministre des affaires étrangères Hubert Védrine qui s’était positionné pour « des petits boulots payés en dessous du SMIC ».

Ces derniers jours, c’est Pierre Gattaz, le patron du MEDEF, qui relance l’offensive avec comme cibles prioritaires les chômeurs de longue durée et les jeunes sans formation, ce qui constituera pour ces catégories de personnes une double peine et l’assurance de ne jamais pouvoir sortir de la pauvreté, même en travaillant…

On retrouve là le vieux réflexe patronal de criminalisation des populations précaires ainsi que sa volonté congénitale de profiter de la situation de faiblesse de ces populations pour accentuer leur exploitation et faire en sorte de les maintenir captives, s’assurant ainsi une main d’oeuvre soumise et bon marché.

Bien sûr, et comme toujours, cet esclavagisme moderne se présente sous des traits  philanthropiques,

Saint Gattaz se dit en effet : « désespéré de voir d’abord 150 000 décrocheurs de l’Éducation nationale ».

Mais ce n’est pas tout, car Saint Pierre repousse sans cesse les limites de l’empathie, et il se trouve également « désespéré par le nombre de gens qui sont très loin, écartés de l’emploi, écartés du travail, écartés de l’entreprise ».

Car pour Saint Gattaz, il y a là évidemment un gisement de main d’oeuvre en situation précaire à exploiter. Et c’est cela qui est vraiment désespérant, sous le discours philanthropique, toute cette main d’oeuvre précaire pour ainsi dire sans défense, ces jeunes « sans formation » et donc corvéables à merci puisqu’ils ne peuvent prétendre à aucun emploi qualifié, ces gens « écartés de l’entreprise » alors qu’on pourrait les exploiter jusqu’au trognon.

D’où finalement la question lancinante de Saint Gattaz : « qu’est-ce qu’on fait des 3.3 millions de chômeurs ? ». Car il en a quasiment la bave aux lèvres, Pierre : 3.3 millions de chômeurs, donc des gens à la merci du patronat, un gisement quasi inépuisable de main d’oeuvre qui demeure « écarté de l’entreprise », la faute à un SMIC trop cher… C’est sûr, on comprend mieux maintenant pourquoi le patron du MEDEF est « désespéré »…

Auteur : Ender pour : http://lesmoutonsenrages.fr/2014/05/15/saint-gattaz-part-en-croisade-contre-le-smic-et-la-precarite/#comments

Image à la une : gattaz – les guignols de l’info – Canal +