Le sujet est brûlant à la veille de la consultation qui demandera aux citoyens européens de voter pour les députés de l’assemblée européenne. La réponse est « oui » pour François Ruffin, auteur du livre éponyme présenté ici :
Enquête au cœur de l’Euroland
Il commence par une anecdote extrêmement révélatrice, l’existence, au parlement européen, d’une plaque «
gravant dans le marbre l’amitié entre les lobbies et les députés ». Il poursuit en dénonçant la réforme de la finance, pilotée par un comité tellement lié aux grandes banques
que les Etats-Unis craignaient une concurrence déloyale ! Suit une analyse des politiques antisociales promues par Jacques Delors. Il dénonce ensuite l’illusion de la montée en gamme en prenant l’exemple du textile belge, qui a perdu deux tiers de ses salariés en 30 ans… Enfin,
il fait le parallèle entre la hausse des échanges et celle du chômage.
Oui, il faut faire sauter l’UE
L’auteur souligne la dimension antisociale de l’UE, citant le « Pacte euro plus » de 2011, qui proposait de suivre l’évolution du coût de la main d’œuvre et demandait que « les états veillent à ce que les accords salariaux dans le secteur public viennent soutenir les efforts de compétitivité consentis dans le secteur privé », bref « que la régression soit uniforme ». En clair, l’UE pousse à la baisse des salaires, au nom de la concurrence dans le cadre de la mondialisation. Il note que la Commission félicite les syndicats de contribuer à la modération salariale, pour souligner leur mollesse. Il cite la critique de Pierre Mendès France de la CEE, étonnamment actuelle : « tout relèvement de salaire ou octroi de nouveaux avantages sociaux n’est-il pas dès lors, et pour longtemps, exclu pour les ouvriers français ? ».
Tout ceci rejoint la citation d’Alain Touraine : «
en France, le mot libéralisme était imprononçable, alors on en a trouvé un autre : Europe ». Mais l’auteur souligne alors tous les problèmes démocratiques qu’il y a dans l’UE, avec la concentration des pouvoirs dans les mains de technocrates irresponsables,
le poids des lobbys, plus important que les peuples, dont la voix, exprimée lors des référendums, est totalement ignorée. L’auteur parle d’une «
panne de la sociale-démocratie »,
qui fait parfois les bons constats mais qui est incapable de proposer de vraies réformes. Enfin, pour lui, les grands médias «
n’informent pas, ils ont mené campagne » en 2005, 73% du temps de parole étant pour le « oui » avec le soutien des grands patrons, tel Alain Duhamel, qualifiant les opposants de maoïstes.
Par quelques exemples concrets, ce livre démontre magistralement qu’il n’y a rien à espérer de l’UE et qu’il faudra la faire sauter tant les institutions actuelles sont « vérolées jusqu’au trognon ». Un message radical mais qui semble gagner de plus en plus de soutiens dès qu’ils se penchent sur les faits…
« Faut-il faire sauter Bruxelles ? », François Ruffin
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Source : http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/faut-il-faire-sauter-bruxelles-150446